«Ce qui est arrivé à Saïb est mesquin» «Oui, j'ai déposé ma candidature pour les A'» «Certains joueurs n'ont plus rien à donner à la sélection, autant s'en passer» Mahmoud Guendouz ne sait pas dire les choses à demi mot. Lorsqu'il s'agit de dire ses vérités, l'ancien capitaine des Verts ne met jamais de gants et va droit au but ! Cette franchise à fleur de peau ne plait pas à tout le monde, mais Guendouz n'en a cure, du moment que, pour lui, «cacher des vérités, c'est contribuer à la déliquescence du football national». C'est donc un homme fidèle à lui-même qui a accepté de nous livrer son avis de technicien au lendemain de ce Tanzanie-Algérie (1-1). Vous constaterez que le personnage n'a rien perdu de son franc-parler. Entretien. Avez-vous suivi le match Tanzanie–Algérie ? Oui, je l'ai vu. J'ai suivi aussi Tunisie–Malawi. Quelle analyse faites-vous de ce match ? Je ne suis pas fou pour analyser ce match. Je laisse ça aux illuminés du football national. Ceux-là même qu'on désigne à la tête de grands clubs et qui contribuent de manière active à la déliquescence de notre football. Avez-vous aimé au moins la production des joueurs samedi ? Moi je vous parle des illuminés du football et vous me parlez de la production des joueurs. Les choses sont encore plus graves qu'elles ne l'étaient avant. Avez-vous écouté ce qu'ont dit les illuminés de notre football ? Non, quoi ? Ils ont dit que nous avons livré un gros match en Tanzanie et que le niveau de l'équipe s'est nettement amélioré et qu'on sera encore meilleur lors du prochain match. On se fiche de qui, là ? La sélection vient de se faire éliminer de la CAN et qu'est-ce qu'on raconte ? On a été bons face à un adversaire classé 151e mondialement. D'aucuns ont parlé de la touche d'Halilhodzic, l'avez-vous perçue ? De quelle touche parlez-vous ? La sélection m'est parue en réanimation. Ouvrez les yeux ! on a affronté une petite équipe de Tanzanie. Si les choses tournaient comme elles le devraient, on les aurait battus en aller- retour. Alors, de grâce, n'essayez pas de me convaincre que les choses sont devenues meilleures qu'elles l'étaient avec Saâdane ou Benchikha. Pourtant, les gens sont unanimes à dire que le niveau de la sélection est monté d'un cran en seconde mi-temps, vous n'êtes pas d'accord ? Je reconnais qu'il y a eu un léger mieux. Mais encore une fois, je dois vous rappeler que nous avons affronté une petite équipe de Tanzanie qui n'a aucune histoire avec le football. Et encore ! on a eu de la chance dans ce match. Allez-y, revoyez le match et vous constaterez le nombre d'occasions que l'adversaire a ratées. On est passé à côté d'une défaite certaine. Vous avez pourtant reconnu par le passé que Vahid Halilhodzic est bien placé pour entraîner l'Algérie compte tenu de son vécu en tant que joueur et entraîneur, avez-vous changé d'avis ? Non ! Non ! Halilhodzic reste Halilhodzic. Un entraîneur qui s'est fait un nom respectable dans le milieu. Seulement, je ne cherche pas à plaire à Halilhodzic pour m'amuser à dire que le niveau est meilleur et que l'EN reviendra en force sous sa coupe. Il est encore trop tôt pour juger Halilhodzic. Il vient à peine de s'installer, alors laissons-lui le temps de faire son boulot. Le problème, c'est les loups qui se cachent derrière, distillent des analyses à tort et à travers, alors qu'ils sont connus en championnat pour arranger les matches. Autre chose… Allez-y… Aujourd'hui, l'EN est importée ! De l'entraîneur aux joueurs, en passant par le staff médical, tous nous viennent de là-bas. Cela fait une décennie que nous bricolons avec cette politique qui ne nous a menés nulle part. Pourquoi s'entêter alors à continuer dans cette voie ? Vahid Halilhodzic dit ne penser ni à la Tanzanie ni à la République centrafricaine présentement, et que son objectif reste le Mondial 2014… Il a tout à fait raison. Seulement, s'il compte faire appel aux mêmes joueurs qui ont affronté la Tanzanie, qu'il revoie ses papiers dès à présent. Comment ça ? Il faudra qu'il fasse un tri et ne garder qu'une petite minorité des joueurs encore valables. Il est temps de faire le ménage dans cette équipe. Il y a aujourd'hui des « noms » et non des joueurs en sélection. On n'en veut pas. Ceux-ci sont devenus un boulet pour le groupe. Ils freinent l'équipe dans sa progression. Il faudrait qu'il injecte du sang neuf. Rajeunir progressivement est primordial. Car si l'on pense continuer avec les mêmes joueurs, on ne fera que perdre notre temps. Vous voulez dire que la génération qui a qualifié l'Algérie au Mondial 2010 est finie et qu'il faudra qu'elle cède la place à une autre ? (Rires.) Et vous pensez que c'est cette génération qui a qualifié l'Algérie au Mondial ? C'est l'engouement, la pression, la passion et tout le brouhaha des supporters qui nous ont qualifiés au Mondial. Techniquement et tactiquement, l'Egypte nous dépassait d'une guerre. Sinon, on serait aujourd'hui dans un bien meilleur classement. Comme tout ça est bâti sur du sable, tout s'est effondré comme un château de cartes en un rien de temps. Convenez-vous que ces joueurs dont vous parlez ont réalisé des exploits face à de grandes nations ? De quel grand match s'agit-il ? Ces joueurs dont vous parlez ont été humiliés lors de la dernière CAN. Ce sont eux qui ont pris trois buts face au Malawi et quatre face à l'Egypte, non ? C'est une création de la presse ! Vous avez trop exagéré les choses. Cette situation a servi les intérêts d'une minorité d'individus, c'est tout. Beaucoup d'entraîneurs locaux ont contribué à cette catastrophe. Si l'on continue comme ça, notre football continuera dans l'amateurisme qui le caractérise depuis des années. Abdelhak Benchikha vient d'être nommé à la tête du MCA, qu'en pensez-vous ? Je lui souhaite toute la réussite du monde. Benchikha est un technicien algérien formé au pays. C'est dans l'ordre des choses. Je suis désolé que son expérience en sélection ait tourné court. Il n'avait pas encore l'étoffe pour assumer une telle responsabilité, mais il n'empêche que cela doit être une bonne expérience pour lui. Des entraîneurs moins calés que lui se sont succédé à la tête de la sélection, pourquoi pas lui ? Comme je l'ai dit, je ne lui souhaite que du bien. J'espère que c'est réciproque ! (Rires.) Allez-vous reprendre du service ? Pas dans l'immédiat. J'ai décidé de prendre un peu de recul et de me consacrer à ma famille. Cela fait deux ans que je suis absent et je voudrais rattraper un peu le temps perdu. Je songe aussi à rentrer au pays et retrouver mes anciens camarades. Il faudrait qu'on s'organise un peu plus et faire entendre notre voix. Je ne cautionne pas qu'un entraîneur comme Moussa Saïb, dont le vécu sportif est connu de tous, se fasse traiter de la sorte. On le limoge pour insuffisance de résultats alors que tout le monde sait que la Coupe de la CAF n'a jamais été un objectif. Idem pour Chérif-El Ouazzani dont on s'est débarrassé après tout ce qu'il a donné au MCO. Tant que des aventuriers continuent de diriger nos clubs, ça continuera ainsi. Le plus malheureux dans tout ça c'est qu'on fait venir des entraîneurs dont certains n'ont rien à voir avec le football. J'ai moi-même fait des recherches sur certains et je ne vous cache pas que je suis choqué par ce que j'ai découvert. De qui parlez–vous ? Une fois, j'avais lancé des investigations sur un entraîneur dont on n'a pas cessé de louer les aptitudes. Grande fut ma surprise en constatant qu'il était entraîneur de 9e division chez lui. Vous rendez-vous compte ? On fait venir ceux-là et on laisse de côté les Menad, Saïb et Chérif-El Ouazzani qui ont tout donné pour le football. Du n'importe quoi ! Seriez-vous toujours disposé à retravailler en Algérie ? Prendre par exemple la sélection olympique ? Pourquoi pas ? Je pense avoir les diplômes et les aptitudes pour travailler dans mon pays. Les gens de la fédération savent ce que je vaux. Je ne suis plus à présenter. Pourquoi hésite-t-on à vous nommer à un poste, alors ? Je sais que ma sincérité dérange. Je suis du genre à dire les choses en face et cela ne plaît pas à tout le monde. C'est ce qui fait que je ne suis pas un premier choix pour la fédération. Mais cela ne va pas m'empêcher de continuer à défendre les intérêts de la sélection et de mes amis techniciens. C'est une question de principe avant tout. Comment sont vos rapports avec Mohamed Raouraoua ? Très bons. J'ai eu une discussion avec lui récemment. Je lui ai fait part de mon souhait de prendre les A'. Je pense qu'il est de mon droit de revendiquer ce poste. Après, je ne suis pas là pour cirer les pompes… Si je suis nommé ce sera pour mes compétences et rien d'autre. Car je ne suis pas du genre à caresser dans le sens du poil pour obtenir des avantages. Est-il convaincu par votre candidature ? Certainement. Il sait très bien ce que je veux. Le problème est qu'à la FAF, ma sincérité ne plaît pas à tout le monde. J'ai tous les diplômes et les aptitudes pour prendre la sélection. Mon vécu plaide en ma faveur.