«En apprenant ma convocation, j'ai pensé à mon père.» C'est fait ! Michaël Fabre a enfin mis les pieds en Algérie, pays d'origine de son père. Il l'a fait, de surcroît, dans un cadre particulier : défendre les couleurs algériennes à travers sa participation au stage de la sélection nationale de football. La journée du 3 octobre 2011 était donc particulière pour Mohamed Belgacem, le papa du joueur. Eh oui ! Le père de Michaël est bel et bien algérien, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire. D'ailleurs, il a tenu hier à accompagner son fils dans ce premier voyage vers la terre de ses aïeux. Yebda l'a reconnu et a discuté avec lui C'est par le vol Marseille-Alger, le même que celui pris par Mehdi Mostefa, que Fabre est arrivé. Comme le vol en provenance de Paris était arrivé un petit quart d'heure auparavant, il a reconnu Hassan Yebda, avec qui il avait été champion du monde des U18 avec la France en 2001, dans la salle de récupération des bagages. Il s'est directement dirigé vers lui et lui a donné l'accolade. Les deux hommes ont discuté un moment, heureux de se retrouver après leur brève rencontre au stage de Marcoussis (Fabre n'était arrivé que lors du dernier jour du stage). Carl Medjani et Kamel Ghilas, arrivés dans le même vol que celui de Yebda, l'ont salué à leur tour. Ils le connaissaient à force de le croiser dans les matches de la Ligue 2. Seul Foued Kadir, présent lui aussi sur place, ne le connaissait pas et s'est contenté de lui serrer la main avec courtoisie. Son père : «C'est le plus beau jour de ma vie» Même s'il affichait beaucoup de sérénité, Michaël Fabre était visiblement ému par cette première. Il a dû se poser beaucoup de questions durant le vol, se faire mille scénarios sur ce qu'il allait découvrir en Algérie. Son père, lui, est catégorique : «Il n'a pas d'appréhensions particulières. C'est juste que ça lui fait forcément quelque chose de venir ici. Moi, je suis habitué à venir en Algérie, plus précisément à Oran dont je suis originaire, mais c'est aujourd'hui le plus beau jour de ma vie. C'est pour ça que j'ai tenu à l'accompagner afin d'immortaliser avec lui ce moment particulier», nous a déclaré Mohamed Belgacem, très ému. «Sa mère aussi aurait voulu être du voyage» Il a ajouté qu'il n'est pas le seul à ressentir une émotion particulière par rapport à cet événement. «Même sa mère aurait voulu être là, mais elle n'a pas pu se déplacer», nous a-t-il confié. Il est vrai que cela fait plus d'un an que la famille attendait ce jour, plus précisément depuis que Michaël était pressenti pour participer à la Coupe du monde en Afrique du Sud avec l'Algérie. «Il a été très déçu de ne pas avoir été retenu pour le Mondial, mais c'est à présent oublié. L'essentiel pour lui est qu'il soit à présent en sélection nationale d'Algérie. Son défi à présent est d'y rester et de gagner une place de titulaire. Je sais qu'il est motivé pour réussir», a révélé son père. ----------------------------------------------- «En apprenant ma convocation, j'ai pensé à mon père» Content pour votre première sélection parmi les Verts ? Oui, je suis content. Cela fait déjà quelque temps que j'attendais ça. De plus, c'est la première fois que je viens en Algérie. C'est donc une première spéciale pour moi. Ajoutez à cela que mon père est venu pour quelques jours. A qui ou à quoi avez-vous pensé en apprenant votre convocation ? A mon père, naturellement ! D'ailleurs, je l'ai appelé dès que j'ai su la nouvelle. Il était fou de joie car cela faisait longtemps qu'il attendait ce moment-là. Avez-vous commencé à penser au match face à la République centrafricaine ? Non, pas encore. On vient juste d'arriver. Cela dit, chaque joueur qui vient en sélection prétend à jouer, c'est tout à fait normal. Je vais essayer de faire une bonne semaine, prendre mes repères dans le groupe, puis on verra. Vous aviez déclaré en début de saison que vous n'étiez pas prêt à venir en sélection parce que vous étiez engagé avec le RC Lens et cela a été mal interprété. Pouvez-vous expliciter votre propos ? C'était surtout par rapport à la CAN-2012. Lorsque Lens m'a pris, c'était à la base pour pallier le départ de Kasraoui à la Coupe d'Afrique des nations s'il était amené à jouer avec la Tunisie. Comme je m'étais engagé à rester au club s'il allait à la CAN, c'est sûr que je n'aurais pas pu venir sur la promesse que j'ai faite, même si c'était un accord verbal. Maintenant que ce sera très compliqué pour l'Algérie de se qualifier à cette compétition, il n'y a donc plus de soucis par rapport aux dates. Le club vous a donc libéré pour ce stage sans aucun problème ? Oui, sans problème aucun. En tout cas, ça marche bien pour vous dans votre club puisque vous avez été élu par votre public meilleur joueur lensois du match pour la troisième fois consécutive… Cette marque de reconnaissance des supporters me touche vraiment et me motive à travailler encore davantage. J'espère pouvoir enchaîner les bonnes prestations afin d'être toujours à la hauteur des attentes. Votre sentiment en arrivant en Algérie pour la première fois… Il y a de l'émotion. D'ailleurs, mon père est venu avec moi. Ça fait plaisir. C'est une grande fierté pour lui de voir son fils porter le maillot de l'équipe d'Algérie. Cela vous touche qu'il vous ait accompagné ? Oui, cela me fait chaud au cœur. De plus, il passera toute la semaine à Alger, puis il viendra voir le match dimanche. Avez-vous digéré votre déception de ne pas avoir été au Mondial ? La déception est passée. Il faut à présent rebondir. Il y a un coach qui fait des choix et je suis content qu'il m'ait pris. Content aussi de retrouver Hassan Yebda ? Evidemment ! Nous avons remporté la Coupe du monde des U18 ensemble et il y avait Mourad Meghni qui était avec nous également. Dommage que Mourad soit blessé ! Sinon, je l'aurais retrouvé lui aussi avec plaisir. ------------------------------------------------------------ Le papa pour la première fois à Alger Si Mohamed Belgacem est habitué à venir en Algérie depuis des années, c'était quand même une première pour lui hier : il s'agissait de la première fois qu'il venait à Alger. «Je connais très bien Oran, mais pas Alger. Là, j'ai l'occasion de découvrir et visiter la capitale», nous a-t-il confié. Appelez-le Djamel ! Le prénom officiel de Fabre est Michaël, comme porté sur les registres français de l'état civil. Cependant, il a un prénom algérien par lequel ses parents l'appellent à la maison : Djamel. D'ailleurs, c'est par ce prénom que son papa s'adressait à lui hier à l'aéroport d'Alger. Pour la petite histoire, il a même un troisième prénom : Julien. Une semaine dans la capitale Mohamed Belgacem, père de Michaël Fabre, passera une semaine à Alger. Il essaiera de joindre l'utile à l'agréable : découvrir la ville et assister au match de dimanche prochain face à la République centrafricaine en espérant que son fils y prendra part. Il essayera même d'assister à quelques entraînements, quoique ça sera difficile avec les nouvelles règles édictées par Vahid Halilhodzic. Impatient de découvrir l'ambiance du 5-Juillet Même s'il n'était jamais venu en Algérie, Michaël Fabre est au parfum de ce qui s'y passe sur le plan footballistique, notamment ce qui a trait à la sélection nationale. Ainsi, il a beaucoup entendu parler du stade du 5-Juillet et de l'incroyable ambiance que les supporters y créent lorsqu'il est plein à craquer. Il se dit impatient de découvrir cette ambiance. Son frère Nicolas a monté une sélection algérienne de… rugby Michaël Fabre a un frère versé lui aussi dans le domaine du sport. En effet, Nicolas est un ancien joueur professionnel de rugby. D'ailleurs, il est en train de monter une sélection… algérienne ! Celle-ci a déjà disputé un match amical contre la Tunisie. Son père n'a pas caché l'émotion que l'initiative de son fils lui a procurée : «Je suis très fier que mes deux fils rendent service à l'Algérie, l'un en football et l'autre en rugby.»