«C'est un entraîneur sévère qui connaît toutefois son travail» «Il me laissait sur le banc et je l'acceptais» L'attaquant ivoirien d'Al Sadd, club de première division qatarie, s'exprime, en exclusivité, sur les colonnes du Buteur. Cet attaquant redoutable, les Algériens ne sont pas près de l'oublier, lui qui a secoué les filets de Faouzi Chaouchi, à l'ultime minute du match Algérie-Côte d'Ivoire en quarts de finale de la dernière CAN en Angola, alors que le score était de un but partout. Un but qui avait assommé le peuple algérien, avant que Madjid Bougherra n'égalise dans le temps additionnel. Il s'agit bien entendu d'Abdulkader Keïta qui nous a aimablement accordé une interview à Doha. Le sélectionneur algérien Vahid Halilhodzic a déjà coaché la sélection de la Côte d'Ivoire. Pouvez-vous nous parler brièvement de cet entraîneur ? C'est un excellent entraîneur qui a des principes. Ce qui le caractérisait aussi, c'est qu'il n'aimait que gagner. Il veut tout le temps jouer les premiers rôles, et c'est cela qui fait de lui quelqu'un de très exigent. Je dois aussi dire que même lorsqu'il ne me faisait pas jouer, je l'acceptais en toute sportivité. On comprend par là que la Fédération algérienne de football a fait le bon choix… Oui, je pense que la Fédération algérienne a fait le bon choix en choisissant Vahid Halilhodzic. Même si avec nous, il n'a pas réussi à atteindre ses objectifs, je reste persuadé qu'il réalisera des résultats positifs avec l'équipe d'Algérie. Avouez que ne pas jouer souvent vous a certainement porté un coup au moral… Je n'étais pas un joueur titulaire, mais j'avais privilégié l'esprit de groupe et l'intérêt de l'équipe nationale de mon pays. Pour moi, le plus important était que la sélection réussisse de bons résultats. En tant que joueur professionnel, il faut respecter les décisions du coach. Mais à chaque fois que j'ai eu la chance de jouer, j'essayais de donner le meilleur de moi-même. Pourtant, lorsqu'un coach ne fait pas confiance à son joueur, on le vit très intérieurement… Non, pas du tout. Je dois vous dire que je ne m'étais jamais fâché contre l'entraîneur. Je n'ai jamais contesté ses choix. Pour ce qui est d'Halilhodzic, il avait vu que je pouvais être utile en tant que joker et j'ai respecté cela. En plus, il ne faut pas oublier aussi que la Côte d'Ivoire possède de nombreux joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs européens. Donc, il est très difficile pour n'importe quel entraîneur de composer son onze, même si Halilhodzic a déjà entraîné de grands clubs comme le Paris Saint-Germain et Lilles. Beaucoup pensent que le rôle de joker vous a porté chance en sélection… Oui, je pense que j'ai apporté un plus à la sélection de mon pays. A chaque fois que je rentrais, j'essayais de me donner à fond pour contribuer aux succès de la Côte d'Ivoire. C'est ma philosophie. Il ne faut jamais contester les choix de son entraîneur. Chacun est libre de décider comme il le veut. Il faut que chacun prenne en considération l'intérêt de son équipe ou de la sélection nationale.
Ceux qui connaissent Halilhodzic disent qu'il est caractériel et qu'il n'est pas facile à convaincre, qu'en dites-vous ? Non, je ne suis pas du tout de cet avis. Il a une forte personnalité. C'est un personnage qui veut toujours réaliser les meilleurs résultats. Il y a des joueurs qui n'aiment pas travailler avec ce type d'entraîneur. Je dis que c'est une erreur de leur part. Ils sont tout le temps en train de faire des déclarations à la presse pour détourner les lecteurs par rapport à leur faible rendement. C'est normal qu'un entraîneur soit de forte personnalité, pour que la discipline soit bien instaurée et à partir de là, arriver à de bons résultats. Un coach de la trempe d'Halilhodzic, qui a une renommée mondiale, n'aime pas les échecs et ce, pour deux raisons. La première, c'est parce qu'il aime préserver son image de marque, et la seconde, c'est pour atteindre les objectifs tracés avec les responsables du pays qui l'ont engagé. Tout cela va dans l'intérêt de votre pays. Les joueurs doivent tenir compte de ces paramètres pour atteindre leurs objectifs. Vous est-il arrivé d'avoir des divergences avec cet entraîneur ? En toute franchise, oui. Mais on s'asseyait autour d'une table en compagnie du coach, et tenant compte de l'expérience des joueurs, il nous écoutait. Mais à la fin, il prenait une décision dans l'intérêt de tout le monde. Votre coéquipier à Al Saad, Nadir Belhadj, a été écarté de la liste des joueurs qui ont joué contre la RCA, comment interprétez-vous la décision du sélectionneur ? Oui, j'ai pris connaissance de la décision du coach et il faut la respecter. Ce n'est pas aux joueurs de demander des comptes, mais aux responsables du football algérien de le faire. Les joueurs sont appelés à se donner à fond sur les terrains jusqu'au coup de sifflet final de la partie. On n'a pas à discuter les choix de l'entraîneur. Quand on arrive en sélection, on applique à la lettre les instructions de l'entraîneur. Pensez-vous qu'Halilhodzic est en mesure de réussir à lui seul des résultats avec la sélection algérienne ? Il est vrai que le coach est le seul responsable du volet technique, mais les joueurs ont la plus grosse part de responsabilité. Le joueur pénètre sur le terrain pour mouiller son maillot et donner le maximum pour gagner. Cela m'amène à vous raconter une histoire que ne suis pas près d'oublier. On vous écoute… Je me rappellerai toujours de ce match contre l'Algérie et de la réaction de Madjid Bougherra, quand il a marqué le but de l'égalisation. On venait tout juste de marquer le 2e but, dans le temps additionnel. On n'avait pas encore repris nos esprits que tout s'écroula d'un coup. On se croyait déjà qualifiés. C'est cela l'exemple du joueur qui mouille son maillot et qui se donne à fond pour les couleurs de son pays. Je pense que l'Algérie a fourni sa meilleure prestation contre la Côte d'Ivoire lors de la CAN-2010. Je pense même que c'était sa meilleure prestation depuis de nombreuses années. Vous savez, je n'arrive pas à comprendre, qu'après avoir réalisé de grosses performances en Angola puis lors du Mondial face à l'Angleterre et aux Etats-Unis, l'Algérie se fasse battre par la Tanzanie. Les joueurs doivent se remettre en cause. Je vous donne l'exemple de la Côte d'Ivoire qui renferme des joueurs qui jouent dans les plus grands clubs européens. Mais nous n'avons jamais remporté la Coupe d'Afrique des nations. Pire, il n'est pas facile pour les joueurs que nous sommes de circuler en tout quiétude dans les villes de mon pays. On nous a menacés de mort. Maintenant en ce qui concerne les joueurs algériens, je dois dire qu'ils ne doivent pas trop compter sur le coach, parce que le jour du match, ce n'est pas lui qui joue sur le terrain. Gagner un match n'est toujours pas facile, mais il faut avoir une âme de guerrier et donner le maximum pour y arriver. Un mot pour conclure ? Je souhaite beaucoup de succès à l'Algérie. C'est un grand pays du football qui mérite de participer aux grandes compétitions internationales.