"Concernant le fait que des gens vivant en France aient voté pour eux, je n'ai pas les compétences pour analyser cela." L'arrivée du parti islamiste Ennahda au gouvernement tunisien l'inquiète, sa sélection parmi les joueurs les plus sexy de Ligue1 l'amuse et le championnat de France l'intrigue : avec ou sans barbe, Fahid Ben Khalfallah a un avis sur tout. Vous avez refusé de vous exprimer à propos de votre barbe que vous auriez rasée pour protester contre l'élection d'Ennahda en Tunisie... Non, ça c'était pour rigoler. J'avais dit qu'à partir du moment où Ennahda était passé, je ne voulais pas que certains pensent que... Déjà, je ne suis pas croyant. J'avais sorti cela en rigolant lorsque quelqu'un m'avait demandé si je portais la barbe comme un signe religieux. Je lui avais répondu que je la portais parce que j'avais la chance d'exercer un métier dans lequel je ne suis pas obligé de me raser, c'est tout. Après, je ne sais pas comment cela s'est retrouvé dans la presse. Concernant Ennahda, n'étant pas croyant, je ne comprends pas comment on peut baser un parti politique sur la religion. J'avoue que j'ai été déçu qu'un tel parti soit élu, même si cela s'est fait démocratiquement. Même chose lorsque je vois ce qu'il se passe au Maroc, j'ai du mal à comprendre. Tout le monde sait comment cela va se passer petit à petit. On espère une démocratie, mais voilà... Même si Ennahda se définit comme un parti islamiste modéré ? C'est toujours ce qu'on dit pour se faire élire. Il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé en Egypte : tout le monde était content du départ de Moubarak, et maintenant on voit que les militaires ne veulent pas lâcher le pouvoir. On se dit modéré pour se faire élire et, ensuite, petit à petit, on fait passer ses idées. Je ne suis pas croyant mais mes parents le sont et je respecte cela. Mais, encore une fois, je ne comprends pas qu'on puisse baser un parti politique sur des fondements religieux. Je trouve cela un peu bizarre. Vous êtes donc attaché aux principes de laïcité présents en Tunisie depuis l'indépendance ? Oui, parce que c'est un pays ouvert. Il y a beaucoup d'étrangers en Tunisie, dont beaucoup de Français qui sont catholiques ou des trucs comme ça, qui y vivent tout à fait normalement. Maintenant, que vont penser ces gens-là ? Il n'y a qu'à voir en Egypte les guerres qu'il y a eues entre musulmans et catholiques, c'est allé loin. C'est allé loin à cause de la religion. Donc voilà, j'espère qu'au niveau de la laïcité cela va rester comme avant mais j'ai des doutes parce qu'à partir du moment où l'on introduit la religion en politique cela devient compliqué. Mais je répète que je respecte les gens qui sont croyants, comme mon père qui est pratiquant, même si je ne le suis pas. Vos parents vivent en France ? Oui. Justement, qu'avez-vous pensé de la polémique à propos des Tunisiens de France qui ont voté pour Ennahda ? Les gens qui doutent se raccrochent à la religion. Le peuple a voté, on ne peut pas y faire grand-chose, il pense qu'Ennahda est le parti le plus à même de remettre la Tunisie sur pied. Il faut dire également que les gens avaient tellement de choix, il y avait tellement de partis, qu'ils ont choisi le mieux organisé, à savoir Ennahda. J'observe qu'au Maroc les islamistes sont également passés, qu'en Algérie on commence à se poser des questions... Concernant le fait que des gens vivant en France aient voté pour eux, je n'ai pas les compétences pour analyser cela.