Aucun homme politique, aucune personnalité n'a fait le déplacement au Bourget pour le congrès annuel de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF ). Pourtant, le thème central de cette année se voulait de proximité : « Vivre sa religion au quotidien ». Une odeur de soufre poursuit cette organisation, jugée proche des Frères musulmans. Ce n'est pas l'invitation de Hani Ramadan, dirigeant du Centre islamique de Genève, frère de Tariq Ramadan et petit-fils du fondateur des Frères musulmans égyptiens Hassan Al Banna, qui adoucira leur image. En 2002, Hani Ramadan avait fait scandale en défendant l'application de la charia et la lapidation des femmes adultères. Le président de l'UOIF, Lhaj Thami Breze, écarte toute autocritique et accuse les pouvoirs publics français de ne pas aider suffisamment l'Islam en France, notamment à cause de la loi sur la laïcité. « Les embûches sont multiples. Mais nous nous réjouissons des avancées faites grâce aux mairies, aux pouvoirs publics qui protègent mieux le culte musulman, aux efforts des musulmans. Mais l'environnement n'est pas adapté à l'Islam, deuxième religion de France, et les lois, comme celle de 1905, ont été conçues pour d'autres. Pour venir à la prière du vendredi, pour célébrer leurs fêtes, les musulmans rencontrent maints obstacles. Nombre de chefs d'établissement interprètent abusivement la loi de mars 2004 sur les signes ostensibles à l'école, pour aggraver la souffrance des filles musulmanes. » Revenant sur l'image déplorable des manifestations contre la publication des caricatures de Mahomet, plusieurs intervenants tentent de trouver un équilibre entre la liberté d'expression et l'exercice de la foi. « Il est parfaitement citoyen de demander la liberté d'expression, de religion, et aussi de nous insurger contre des caricatures qui dénigrent notre prophète », note Bachir Boukhzer, sans autre explication. Dans le personnel politique, seule la députée Christine Boutin, catholique fervente et connue pour ses positions contre le mariage homosexuel, a fait le déplacement. « Je suis une catholique pratiquante. Je suis une femme de paix, de réconciliation, une responsable politique qui croit en Dieu comme vous », dit-elle à l'assistance. Tout en rappelant qu'elle n'a pas voté la loi de 2004 sur la laïcité, elle a défendu la « République laïque ». « La liberté religieuse permet à chacun de croire ou de ne pas croire, d'adhérer à la religion de son choix, d'afficher publiquement ses croyances. » Autre personnalité à se rendre au congrès : l'humoriste Dieudonné. « Je suis athée, né chrétien, mais je suis avec ces gens en particulier de l'UOIF qui m'ont soutenu dans mes épreuves dans un combat commun pour l'égalité. Il y a un destin commun (entre les musulmans et les Africains ) dans l'injustice, la discrimination à l'embauche et au logement », note le candidat déclaré à la présidentielle, qui doute de ses chances pour réunir les 500 signatures obligatoires d'élus pour pouvoir se présenter.