Smuda : «Mes joueurs n'ont pas géré la pression .» Santos : «Il a fallu qu'on nous marque pour nous libérer.» L'Euro-2012 s'est officiellement ouvert, hier à Varsovie, capitale de la Pologne, désignée pour abriter le match d'ouverture alors que Kiev, capitale de l'Ukraine, aura le privilège d'abriter la finale, le 1er juillet. La cérémonie d'ouverture, qui a duré 16 minutes, a été un condensé de symboles plutôt qu'une démonstration de technologie et de jeux pyrotechniques, comme c'est souvent le cas. Des symboles sur l'organisation d'une phase finale de l'Euro, pour la première fois depuis l'avènement de cette compétition, dans des pays de l'ancien bloc de l'Est. Ainsi, des figurines symbolisant la Pologne et l'Ukraine ont parsemé le spectacle, mis au point par l'Italien Marco Balich, avec des figurantes en habits traditionnels polonais, puis ukrainiens. Le footballeur-pianiste Gyorgy a fait du chopin Le «clou» du spectacle a été... le piano. En effet, l'artiste qui incarne le mieux aussi bien la Pologne que l'apport de ce pays à la culture universelle de manière générale et européenne en particulier est Frédéric Chopin, pianiste polonais né à Zelazowa Vola et exilé à 20 ans en France où sa carrière et sa renommée se sont révélées. Le pianiste classique hongrois Adam Gyorgy a joué, durant la cérémonie, la n°11 de l'opus 25 des Etudes de Chopin, intitulée «Le Vent d'hiver». Le choix de Gyorgy n'est pas innocent puisque ce dernier a été footballeur en salle (il a d'ailleurs montré qu'il sait manier un ballon en faisant quelques jongleries durant le spectacle) et, de surcroît, est un ressortissant d'un autre pays de l'Est, la Hongrie. Un tifo géant des spectateurs pour représenter les 16 emblèmes nationaux La particularité de cette cérémonie est que les emblèmes nationaux des 16 pays participants n'ont pas été exposés par les volontaires ayant participé au spectacle, comme cela est de coutume, mais par les spectateurs présents dans les tribunes qui ont brandi des carrés de différentes couleurs pour donner lieu à un tifo géant long comme le tour des gradins. Une grande première qui a constitué une belle surprise pour les présents. Comme de tradition, la cérémonie d'ouverture s'est conclue par une fresque humaine pour illustrer «UEFA EURO 2012», le logo de cette édition étant «sorti» du piano sous la forme d'un grand ballon gonflable. Deux minutes plus tard, les sélections de la Pologne et de la Grèce ont foulé le terrain. L'Euro-2012 est lancé. -------------------------------------------------- Groupe A : Pologne 1 – Grèce 1 La Grèce du foot sait gérer les crises Stade : national de Varsovie (Pologne) Arbitres : Carballo, Fernandez et Jimenez (Espagne) Avertissements : Papastathopoulos (35', 44'), Holebas (42'+2), Karagounis (54') (Grèce) Expulsions : Szczesny (69') (Pologne) ; Papastathopoulos (44') (Grèce) Pologne : Szczesny, Boenisch, Polanski, Rybus (Tython 70'), Lewandowski, Obraniak, Murawski, Wasilewski, Perquis, Blaszczykowski, Piszczek. Entraîneur : Franciszek Smuda Grèce : Chalkias, Maniatis, Samaras, A. Papadopoulos (K. Papadopoulos 37'), Karagounis, Torossidis, Gekas (Fortunis 68'), Ninis (Salpingidis 46'), Papastathopoulos, Holebas, Katsouranis. Entraîneur : Fernando Santos A regarder le premier quart d'heure du match, on se disait une chose : «Décidément, la crise économique en Grèce touche même le football.» En effet, il n'y avait qu'une seule équipe sur le terrain, celle de la Pologne qui a assis une domination nette, mais brouillonne. Les expérimentés Robert Lewandowski et Jakub Blaszczikowski, deux des artisans du doublé remporté par le Borussia Dortmund en Allemagne, ont multiplié les raids, mais se sont montrés incroyablement maladroits face à une défense grecque pourtant à la ramasse. Ce n'était que justice que Lewandoski soit parvenu enfin à ouvrir le score à la 17' d'une tête piquée à la réception d'un centre en cordeau de Lukasz Piszczek. Lorsque le défenseur grec Sokratis Papastathopoulos est expulsé à la 44' pour avoir écopé d'un deuxième carton jaune, personne ne donnait plus cher de la peau de la Grèce. Salpingidis a tout changé Et pourtant, un homme allait tout changer : Dimitri Salpingidis. L'attaquant du PAOK Salonique, incorporé au coup d'envoi de la seconde période, va se révéler être l'homme du match. Déjà, il s'est chargé d'égaliser à la 51' en profitant d'un mauvais renvoi du gardien de but polonais d'Arsenal Wojciech Szczesny. Ensuite, il a réussi une nouvelle «égalisation», celle numérique entre les joueurs sur le terrain en faisant expulser Szczesny qui l'a crocheté alors qu'il s'apprêtait à inscrire le deuxième but pour la Grèce. Du coup, la sélection grecque revenait de très loin et avait même l'opportunité de mener au score. Or, son capitaine Giorgos Karagounis voit son tir repoussé par le gardien de but remplaçant polonais, Przemyaslaw Tyton, parti du bon côté. Le score en est resté là et aurait même pu balancer du côté grec durant le dernier quart d'heure du match. Ainsi, la Grèce du football n'est pas encore atteint par la crise. Elle connaît même le remède pour la surmonter. Smuda : «Mes joueurs n'ont pas géré la pression » «Nous étions bien préparés pour ce match, mais nous avons été victimes de la pression. Nous avons de jeunes joueurs qui n'ont pas l'expérience qu'ont les Grecs dans ce genre de compétition. La Grèce a participé à la Coupe du monde et a été championne d'Europe par le passé (en 2004, ndlr). Mes joueurs étaient handicapés par le stress. Si je n'ai procédé à aucun changement choisi, c'est parce que l'expulsion de Szczesny a tout changé. Je ne voulais pas prendre le risque d'un changement alors que j'en avais déjà fait un. Je voulais en faire un plus tôt en incorporant Brozek, mais l'expulsion et le changement du score ont tout changé. J'ai maintenant trois jours pour apporter les correctifs nécessaires. Le tournoi ne fait que commencer et je pense que nous serons meilleurs à l'avenir». Santos : «Il a fallu qu'on nous marque pour nous libérer» «Nous avons tout fait pour gagner. Nous ne sommes pas satisfaits de nos vingt premières minutes car nous avons trop regardé les Polonais. Nous avions prévu d'exercer un pressing sur l'équipe adverse, mais nous n'avons pas su imposer cela. Après le but polonais, qui a eu le bonheur de nous libérer, nous avons commencé à contrôler plus le ballon et nous sommes parvenus dans la surface des Polonais. En dépit de l'expulsion d'un joueur, nous avons su garder notre calme. Nous n'avons pas préparés la décision de l'arbitre, mais nous sommes restés confiants. Nous avons beaucoup mieux joué en deuxième mi-temps en égalisant et en obtenant l'occasion de mener au score sur penalty, mais nous l'avons gâchée. Je pense que les deux équipes étaient fatiguées durant le dernier quart d'heure du match. Karagounis est notre tireur de penalty attitré. Aujourd'hui, il a raté son tir et il ne faut pas lui en vouloir pour autant. C'est ça le football.» Lewandowski : «Nous avons péché par précipitation» «Ma joie d'avoir inscrit le but de mon équipe n'est pas complète car nous n'avons pas réussi à gagner. Je ne pense pas à ma propre personne, mais à toute l'équipe. Tous les joueurs sont déçus, mais ils ne sont pas abattus. Ils savent qu'ils sont capables de faire mieux à l'avenir. Nous pouvions tuer le match en première mi-temps, mais nous avons péché par précipitation. Aujourd'hui, ça ne voulait pas entrer. Nous tâcherons de nous racheter face à la Russie.» euro-vision L'Algérie, ce n'est pas le pire Depuis quelques mois, nous en étions presque à nous cacher, couverts d'une honte infuse et d'une «h'chouma» de mauvais aloi. Depuis que les «nouvelles» de caméras balancées sur le terrain et d'un joueur poignardé dans un stade ont fait le tour du monde, l'Algérie du football a été pointée du doigt par certains donneurs de leçons (pas tous) de l'autre côté de la Méditerranée. Or, qu'entend-on en ces terres de Pologne et d'Ukraine tout ce qu'il y a de plus européennes ? Des cris de singe adressés à des joueurs noirs hollandais ! Et encore, «on» promet d'être plus bruyant lors des matchs. L'UEFA jure qu'elle n'a rien entendu, Platini est dans l'embarras et l'Euro vit son premier malaise. Moralité : la bêtise n'a ni gènes ni nationalité ni couleur de peau. S'en prendre à une race, c'est aussi gravissime que d'attenter à la vie d'un joueur et plus sérieux que de briser du matériel. Gageons que cela fera chuter «l'indice de nuisance» du football algérien auprès des paternalistes de tout bord. Une blague circule en Ukraine au sujet des risques de racisme : l'UEFA a décidé de filmer l'Euro en... muet. Ne le criez pas trop fort... ------------------------------------------------------ 4 coéquipiers de Djebbour et Abdoun sur le terrain Le match d'hier intéressait certainement deux footballeurs algériens au moins : Rafik Djebbour et Djamel Abdoun. Champions de Grèce en titre avec Olympiacos le Pirée, ils ont dû suivre le match ou, à défaut, s'informer de son résultat avec intérêt. Pour l'anecdote, il y avait 4 joueurs d'Olympiacos sur le terrain hier au coup d'envoi du match : Giannis Maniatis, Avraam Papadopoulos et Vassilis Torossidis. Leur particularité : ils sont tous défenseurs. Le stade national de Varsovie était un... marché aux puces Le stade national de Varsovie, construit à l'occasion de l'Euro-2012, est un véritable bijou de par son architecture et des commodités qu'il offre. Cependant, ce que beaucoup de gens ignorent, c'est qu'il a été bâti à la place d'un ancien... marché aux puces. C'était même un célèbre marché, puisqu'on y venait de tout Varsovie et même en d'en dehors de la capitale polonaise pour faire des emplettes à des prix intéressants. Même les Algériens qui se rendaient à Varsovie ou y transitaient y faisaient une escale afin d'y faire quelques courses. Des écrans géants... au milieu La grande innovation constatée au stade national de Varsovie est l'emplacement d'écrans géants. Habituellement, il en existe deux, un par virage ou un de chaque côté, afin de permettre à tous ceux qui se trouvent au stade de regarder les spots ou les répétitions. Dans ce nouveau stade, non seulement il y a quatre écrans géants, mais ils sont situés au... milieu. Ils sont soutenus par une structure métallique descendant de la toiture au niveau du rond central et chacun d'eux est destiné à une tribune, si bien que, quel que soit l'endroit où il est assis dans le stade, le spectateur a un écran qui lui fait face. Russie 4-1 Rep Tchèque Dans l'autre match du groupe A, la Russie n'a fait qu'une bouchée de la République Tchèque qu'elle a littéralement étrillée sur le score sans appel de quatre buts à un. Les buts de la Russie ont été inscrits par Dzagoev (15',79'), Shirokov (24') et Pavlyuchenko (82'). Pllar a réduit la marque pour les Tchèques (52')