Que veut-on qu'il fasse de plus pour qu'on lui pardonne ses hésitations ? Alors qu'on le croyait perdu à jamais, revoilà Mehdi Lacen qui réapparaît de plus belle pour nous annoncer son envie d'intégrer l'EN. Non, vous ne rêvez pas, Mehdi Lacen a bien émis le vœu de répondre à une éventuelle convocation de Saâdane. Et c'est justement là que réside le problème. Que va décider maintenant le sélectionneur et, surtout, quelle sera la position de Raouraoua à ce sujet ? Qu'on soit clair d'emblée, moi je suis à fond pour la venue de Lacen. Et je sais très bien qu'il y en a beaucoup qui ne partagent pas mon avis. Mais voyons ensemble cette histoire «Lacente» pour comprendre les raisons de mon revirement. Lacen est issu d'un père algérien et d'une mère italienne. Il est né en France et a grandi dans une culture qui n'a rien à voir avec la nôtre. Il a commencé à découvrir son algérianité depuis que notre collègue l'a contacté. Il est vrai que ses hésitations nous ont bien irrités. Moi-même je n'avais plus envie d'évoquer son nom. C'est dire à quel point il nous a énervés. Mais à relire ses déclarations, je dois avouer qu'il a été très constant dans ses propos. A aucun moment, il n'a dévié de la ligne qu'il s'est tracée. Il nous avait annoncé qu'il rendrait sa réponse au mois de juin. On est en juillet. Il n'a pas mis un mois entier pour rendre sa réponse. Mais il l'a bien rendue, non ? Doit-on le condamner et le punir à vie pour autant ? Rappelez-vous Benarbia qui nous a fait languir jusqu'à l'épuisement. Malgré tout, on lui avait déroulé, à 31 ans, notre plus beau tapis «Vert, Rouge et Blanc» pour essuyer ses crampons usés, à force de montrer son talent en Europe et espérer gagner une sélection en équipe de France. En vain. Qu'a fait donc Lacen de si vil pour qu'on ne comprenne pas son hésitation à seulement 24 ans ? Dans ce pays, on a pardonné aux harkis et aux terroristes. On a pardonné aux pires criminels parce que l'Algérien a appris à tourner ses pages les plus sombres. La réconciliation nationale prônée par Bouteflika a sauvé le pays et l'a sorti de la terreur. Saâdane, Raouraoua et tous ceux qui peuvent encore avoir des relents revanchards par rapport aux hésitations de Lacen doivent se convaincre de les laisser de côté pour l'intérêt de l'EN. Lacen n'a rien fait de grave pour mériter une quelconque levée de boucliers, influencée par notre légendaire «nif et la khsara» qui ne nous a menés nulle part. Certains d'entre nous vont encore en faire un ragoût ces jours-ci. Comme si on n'avait pas besoin de joueurs de sa trempe. Une équipe nationale doit être forte de ses titulaires, mais surtout de ses remplaçants. Ce n'est que de la sorte qu'on pourra jouer pour les titres et les victoires. Ce n'est que de la sorte qu'on ne paniquera pas lorsque Ziani, Ghezzal, Matmour ou d'autres se blesseront ou écoperont d'un match de suspension. Ce n'est qu'en ayant monté une très grande équipe que notre football redeviendra roi d'Afrique et peut-être même parmi les meilleurs du monde. Ce n'est que comme ça que les jeunes issus de notre émigration n'hésiteront plus à opter pour leur pays d'origine. Et puis, ce Lacen ne veut pas forcer la porte de l'EN. Relisez son interview. Il dit qu'il veut venir si on a besoin de lui et il a tenu à souligner qu'il ne réclamerait pas une place de titulaire. Il s'est juste approché de l'Algérie. Modestement. Timidement même. Que veut-on qu'il fasse de plus pour qu'on lui pardonne ses hésitations ? Dites-le-lui vite. Je suis sûre qu'il le fera sans… hésiter cette fois. [email protected]