450 millions, c'est ce que touchent certains joueurs. «Soussou» ne plaisantait pas ! Le truculent président du CS Constantine est parvenu à ramener, en la personne de Roger Lemerre, un entraîneur de dimension internationale. Boulahbib vient ainsi donner la leçon et l'exemple à des présidents de club autrement plus prestigieux et mieux nantis financièrement. Certes, l'entraîneur français, adjoint d'Aimé Jacquet lorsque la France a été championne du monde en 1998, sélectionneur en chef de la France championne d'Europe en 2002 et champion d'Afrique des nations deux ans plus tard avec la sélection de Tunisie, n'est pas venu en Algérie pour s'engager à coup sûr, mais le fait qu'il se soit déplacé constitue déjà une grande victoire pour la direction du CSC. C'est mieux que les entraîneurs étrangers qui sont inconnus même dans leurs pays Pour la première fois depuis l'avènement du professionnalisme dans le football algérien, on assiste au recrutement, par l'un des clubs algériens, d'un entraîneur vraiment d'envergure. Ça change des clubs qui recrutent des techniciens étrangers de niveau moyen, voire faible, dont certains ne sont même pas connus dans leurs propres pays ! C'est que la «logique» prônée depuis quelques années est de recruter au-delà des mers – et même des océans – sans prendre en considération la valeur réelle des personnes recrutées. «Pourvu qu'ils aient les yeux clairs !», pourrait-on schématiser la situation. Le malheur est que certains d'entre eux, tellement ils n'ont aucune chance de trouver des clubs employeurs dans leurs pays, sont renvoyés en Algérie comme des malpropres, avant de revenir quelques mois plus tard, toute honte bue et toute dignité écrasée. 450 millions, c'est ce que touchent certains joueurs Le recrutement d'entraîneurs de la valeur de Lemerre ne pourra pas être contesté par les techniciens algériens. Ces derniers ont le droit de protester contre l'arrivée d'entraîneur de seconde zone, voire de troisième zone, mais ils n'ont rien à dire quand il s'agit de gens qui ont fait leurs preuves sur la scène internationale et qui apporteront un savoir-faire et une compétence avérés au football algérien. On aurait aimé que l'USM Alger, qui n'a pas de problème de trésorerie, la JS Kabylie, le MC Alger ou l'ES Sétif, pour ne citer que les clubs les plus titrés d'Algérie, recrutent à leur tour des entraîneurs d'envergure. Aux dernières nouvelles, le salaire proposé à Lemerre serait de 30 000 euros par mois. Même au taux de change informel, c'est seulement 450 millions de centimes par mois, soit ce que perçoivent certains joueurs du championnat algérien (et qui ne sont pas tous des lumières). Ne peut-on pas donner cette somme à une personne qui peut former des dizaines de bons joueurs et faire élever le niveau de l'équipe ? Question posée aux «docteurs en économie» que sont les présidents de club algériens.