«On m'a fait du chantage !» Boycotter le déplacement du Maroc n'aurait rien apporté comme résultats positifs. Pis encore, il aurait compliqué davantage la situation. Ainsi, l'international A de la JSK Essaïd Belkalem était, hier, bel et bien du déplacement avec son équipe à Casablanca où la JSK effectuera son troisième stage de préparation estivale prévu du 31 juillet au 15 août prochain. Le défenseur axial kabyle, qui a fait couler beaucoup d'encre ces dernières quarante-huit heures, notamment après son refus de reprendre le brassard de capitaine des mains de Mazari, est arrivé hier vers midi avec les joueurs de Tizi dans le même bus. Certes, ce n'est pas avec le sourire aux lèvres et un esprit joyeux qu'il a rallié l'aéroport, ce qui renseignait inéluctablement qu'il n'a pas le moral, mais, toutefois, il sait pertinemment qu'il est dans l'obligation de continuer la mission avec son équipe tout en espérant voir sa situation définitivement réglée. Avec le groupe à Casa pour ne pas hypothéquer la saison Comme il a tenu à nous le révéler à Hammam Bourguiba ainsi qu'à Alger, Belkalem n'a jamais eu l'intention de boycotter son équipe, seulement il aurait aimé que le problème qu'il avait avec la direction d'ordre financier, bien entendu, soit réglé une bonne fois pour toutes, ce qui lui permettra de travailler dans la sérénité totale. Autrement dit, Belkalem n'a jamais songé, selon ses proches, à boycotter son équipe et, surtout, la préparation. Rater une telle période de travail serait synonyme d'hypothéquer la nouvelle saison. Belkalem a beaucoup discuté avec Yarichène à l'aéroport À l'entrée des joueurs kabyles à l'aéroport, Yazid Yarichène, membre de la SSPA, s'est entretenu avec Belkalem. Les deux hommes ont naturellement évoqué le problème qui n'est pas encore réglé. On croit savoir que Yarichène a promis au joueur de se pencher encore sur le dossier et qu'une issue positive sera connue dans les prochains jours Les supporters soulagés pour sa présence Comme à l'accoutumée, un groupe de supporters kabyles a fait le déplacement, hier matin, à l'aéroport international pour souhaiter bon voyage à l'équipe d'une part, mais surtout s'assurer que Belkalem fera partie de la délégation. Cette affaire commence sérieusement à inquiéter tous les amoureux du club qui ne veulent pas que le club connaisse un début de saison en dents de scie. À l'arrivée du bus de Tizi, les supporters étaient tous soulagés de voir Belkalem, le cabas à la main, descendre du bus pour rejoindre le hall. Ils étaient, donc, rassurés qu'il ne ratera pas le stage et que tout rentrera dans l'ordre prochainement. Hannachi-Belkalem, RDV ce jeudi à Casa ? Par ailleurs, nous avons appris d'une source proche du joueur que le problème n'est encore pas réglé. Belkalem insiste beaucoup sur la revalorisation de son salaire. En effet, le président du club, Mohand Cherif Hannachi, qui était hier présent à l'aéroport pour saluer la délégation, rejoindra son équipe ce jeudi. Il est attendu, selon des indiscrétions, qu'une autre rencontre avec son joueur va avoir lieu, pour trouver une bonne fois pour toutes une solution. -------- «On m'a fait du chantage !» Partira ? Partira pas ? La question ne se pose plus du moment qu'Essaïd Belkalem est parti avec le reste du groupe, hier, à Casablanca. Ce qui ne veut nullement dire que le conflit opposant le défenseur central à son président est définitivement aplani. La preuve nous est donnée dans l'entretien qui suit dans lequel, Belkalem nous livre des contrevérités qu'il aurait souhaité taire. Echange... Vous êtes finalement partant pour le stage de Casablanca, qu'est-ce a fait que vous changiez d'avis ? J'ai pensé à mon avenir. J'ai privilégié ma carrière. J'avais effectivement songé à ne pas y aller, mais, après réflexion, je me suis dit qu'il valait mieux continuer la préparation. J'ai beaucoup bossé et je sens la forme revenir. Ce serait vraiment bête de gâcher ça. Mais le différend persiste toujours... Y aurait-il une issue au problème ? Je n'en sais rien. Franchement, je ne me casserai plus la tête avec ça. J'en ai eu ma dose ! Je ne dors plus le soir. Je suis tout le temps sous pression. Mon père est malade à cause de cette histoire. Il est devenu hypertendu. Je ne veux pas en rajouter une couche. Allez-vous continuer à revendiquer une revalorisation salariale ? Il faut que les gens sachent que je n'ai jamais exigé quoi que ce soit. Je n'ai fais que réagir au chantage du président. On était convenus que si je recevais une offre d'un club étranger, il me faciliterait la tâche. Je pense qu'il avait même réitéré cet engagement dans votre journal. Je l'ai cru. Je suis donc allé le voir en toute naïveté pour lui dire qu'un club me voulait. Qu'est-ce qu'il me répond ? «On négociera !» Ce n'est pas ce qui était convenu au départ. Il n'a pas tenu parole... Confirmez-vous avoir demandé à partir ? Oui. Mais attention, ce n'était pas pour aller jouer dans un autre club algérien. J'ai la possibilité de jouer en Europe, et je ne peux quand même pas laisser passer cette opportunité. Je me suis, donc, proposé pour racheter mon contrat. Il me reste un an, et si on y inclut les neuf mois de salaires de ma période de convalescence, les deux mois d'avril et de juin, trois primes de matches, j'estimais qu'on était quitte. Mais le bonhomme a exigé de moi trois milliards. Depuis que je joue à la JSK, je n'ai jamais touché une telle somme. En contrepartie, vous avez exigé 350 millions par mois pour renouveler votre licence ? Je n'ai fait que réagir à son chantage. Ça n'a jamais été une question d'argent. La preuve, j'avais signé un contrat à durée déterminée moyennent un salaire de 20 000 DA. Je suis l'un des joueurs les moins bien payés de la JSK. Je touche actuellement 50 millions par mois et non pas 90 millions comme cela a été colporté ici et là. Je sais que, comparé à beaucoup d'Algériens, je n'ai pas à me plaindre. En principe, je ne devais pas révéler ça, mais on m'a poussé à bout. Il y a trop de mensonges dans cette histoire. Il faut arrêter de tromper son monde. Et 350 millions par mois, ce n'est pas exagéré ? Si l'on parle sur la foi de ma valeur sur le marché, non. Il y a des clubs qui m'ont proposé plus que ça. J'aurais pu partir à l'Espérance de Tunis pour 7 milliards la saison si je le voulais. Ça n'a jamais été une question d'argent. Je savais pertinemment que la JSK ne pourrait pas me payer un tel salaire, mais c'est en réponse à son chantage que j'ai réagi comme ça. Pour me faire signer, je vaux 50 millions par mois, pour me libérer, je vaux 3 milliards... Cest quand même insensé ! Je vous reposerai encore une fois la question : y a-t-il une possible cohabitation après cela ? Je n'ai jamais voulu tout ça. On m'a fait trop de mal. Mon père est devenu hypertendu à cause de ma situation. Figurez-vous que, l'hiver dernier, il était allé voir le président pour se plaindre du fait qu'on m'ait délaissé. Il lui a répondu : «C'est à votre fils de m'appeler». Vous rendez-vous compte. Mon père lui a répondu : «Pour vous, c'est le malade qui doit appeler le bien-portant pour s'enquérir de son état !». Il lui a tenu des mots très durs qui l'ont rendu malade. Je n'ai pas oublié ça. A ma place, vous réagiriez comment, hein ? Dites-nous, allez-vous signer votre contrat ? Il me reste de toute façon un an de contrat. Je vais l'honorer. Je m'en tiens aux conseils de mon père et d'anciens joueurs qui n'ont pas cessé de m'appeler durant cette période. Pour eux, pour tous les supporters qui m'ont toujours soutenu, j'irai à Casablanca. Je bosserai dur pour revenir au top. Que tout le monde se rassure, je finirai la saison à la JSK. Vous avez aussi une carrière à préserver... Exact ! Je n'ai que 23 ans. Je suis international, et je ne veux pas gâcher ma carrière. Je ne veux plus polémiquer avec personne. Si je le voulais, j'ai des tas de choses à dire, mais je préfère me taire. Je l'ai déjà dit, je préfère me consacrer à maa carrière. Et l'Europe ? J'espère avoir la chance de partir la saison prochaine. Cela reste un rêve à réaliser. Je suis encore jeune et je pense avoir la chance de rejoindre un bon club la saison prochaine.