«A Brunei, je préparais seul la chorba et le bourek... je menais une vie de prince» Hamid, donnez-nous de vos nouvelles en ce mois de Ramadhan ? Si ça ne tenait qu'à moi, je jeûnerais toute l'année. C'est le mois de la baraka et de la piété. En ce qui me concerne, je me sens dans mon élément. Cela veut dire que le jeûne n'a pas d'emprise sur vous... C'est exact. Bien sûr, il y a l'effet de la chaleur qui rend les journées très dures. Personnellement, mes journées sont bien remplies et j'ai un programme à suivre. En quoi consiste-t-il ? J'effectue mes prières à la mosquée. Quand j'ai des choses à faire, je me lève toujours très tôt. Dans quelle mosquée accomplissez-vous vos prières ? La mosquée de Birkhadem pour les prières quotidiennes et celle du Château, à Aïn Naâdja, pour les Tarawihs. Calme ou plutôt nerveux ? Très calme et cela tout au long de l'année. Est-ce que vous répondez aux provocations ? Jamais de la vie .Il faut dire que je suis plutôt quelqu'un qui passe inaperçu. Lorsque j'étais joueur, je n'avais jamais répliqué à des provocations. Il en est de même quand je suis en voiture et que certains conducteurs me balancent des grossièretés. Actif ou fainéant ? Plutôt actif et j'essaie de ne pas reporter au lendemain des choses à faire le jour-même. Il m'arrive même de prendre la route assez tôt quand il le faut. C'est votre premier Ramadhan, après avoir arrêté votre carrière de joueur. Qu'est-ce qu'il y a de changé ? Il y a beaucoup de choses qui ont changé. Ce ne sont pas les mêmes habitudes. Je suis maintenant âgé de 38 ans et j'ai donné une bonne partie de ma vie au football. La retraite vient à point nommé. Elle me permet d'être un peu plus proche de ma famille. Etes-vous satisfait du parcours de joueur que vous avez effectué ? Très satisfait même. J'ai commencé à jouer au football à Birkhadem où j'ai grandi. Je suis passé ensuite à Saoula et c'est là que j'ai été repéré par les dirigeants de l'USMH. J'ai par la suite défendu les couleurs de la JSK et c'est avec ce club que j'ai gagné des titres nationaux et continentaux et joué à l'ESS et au RCK. Par la suite, je suis allé jouer au Sultanat de Brunei où j'ai gagné la Coupe du Singapour. C'est dire que ma carrière de joueur a été bien remplie. Comment avez-vous atterri à Brunei ? C'est par le biais d'un manager algérien installé en Norvège. Dans un premier temps, j'avais refusé d'y aller. Les dirigeants du club de Brunei m'ont fait parvenir une invitation pour visiter le Sultanat. Je dois vous avouer que j'en ai été admiratif. D'ailleurs, j'ai demandé à signer mon contrat aussitôt. Sans jeu de mot, on peut dire que vous étiez comme un sultan, là-bas... C'est exactement cela. Je ne manquais absolument de rien. Malheureusement, mon club a été lourdement sanctionné, sinon, je crois bien que j'y serai resté encore. Comment passiez-vous vos journées de Ramadhan à Brunei ? D'une façon extraordinaire. Brunei est une île peuplée de musulmans .J'avais à ma disposition tout ce dont j'avais besoin. Racontez-nous une de vos journées passées là-bas. Je tenais à préparer moi-même la chorba et le bourek. Pour le reste, les restaurants sur place étaient de très grande qualité. Que dire des mosquées ? Le décor est fait de motifs à base d'or, une pure merveille. C'est grand, Brunei ? Non, c'est une petite île de trois millions d'habitants. Certaines choses vous manquaient quand même, vos compatriotes, la zlabia et le kalb ellouz, n'est-ce pas ? Pour ce qui est de la zlabia et du kalb ellouz, ils étaient inexistants. Très peu d'Algériens vivent à Brunei. J' étais proche d'un Harrachi qui me rendait visite assez souvent. Peut-on connaître le montant de votre salaire à Brunei ? (Rires...) Allez, posons la question autrement. Votre salaire était-il supérieur ou inférieur à celui que vous perceviez en Algérie ? Il était bien plus important que ce que je percevais en Algérie. Ça va comme ça ? Pensez-vous retourner un jour à Brunei ? Je l'espère vivement car c'est de loin le plus beau de tous les pays que j'ai eu à visiter. Qu'est-ce qui vous manque le plus en ce mois de Ramadhan ? Les entraînements, ça me manque terriblement. A quel âge avez-vous commencé à jeûner ? A 15 ou 16 ans. Y a-t-il un rituel au sein de votre famille pour célébrer la première journée du jeûne d'un enfant ? C'est une journée qui doit rester gravée. L'enfant reçoit plein de cadeaux et la table est bien sûr bien garnie. Vous est-il arrivé de sauter des journées de Ramadhan ? Plusieurs fois quand j'étais petit. Nos parents étaient conciliants avec nous. Et en tant que joueur ? Pas une seule fois. Sous les couleurs de la JSK ? Personnellement, je respectais scrupuleusement le jeûne lors de tous nos déplacements en Afrique. Une seule fois, j'ai rompu le jeûne. C'était lors d'un match au Cameroun. A mon retour en Algérie, j'ai compensé cela. Cela a-t-il été fait suite à une fetwa ? Exactement. Sinon, j'aurais respecté le jeûne. Vous arrive-t-il de faire le marché ? Très souvent, car c'est moi qui fait les courses. C'est bien sûr au marché de Birkhadem que j'ai mes habitudes. Quel est votre plat préféré ? Le mesfouf avec du l'ben. Et la chorba ? Elle est incontournable au mois de Ramadhan. Frik ou vermicelle ? Frik bien sûr. Préfèrez-vous les plats cuisinés par votre maman à ceux de votre épouse ? Ceux de ma maman bien sûr. Figurez-vous que je passe le mois de Ramadhan chez mes parents. Hamoud ou Coca ? Coca, mais la bouteille en verre, car il y a réellement une différence de goût. Zlabia ou kalb ellouz ? Les deux, mais en très petite quantité. Brik ou bourek ? Bourek. Café ou thé ? Thé. Viande de veau ou d'agneau ? Je suis un grand amateur de viande de veau. Etes-vous tolérant ou rancunier ? Très tolérant. Je ne tiens pas rancune aux gens qui m'ont fait du tort et je les laisse avec leur conscience. Pensez-vous effectuer une Omra au mois de Ramadhan ? J'y pense bien sûr. Et ce sera pour très bientôt, inch'Allah. Avec vos parents ? Non, tout seul. Il n'y a pas si longtemps, je leur ai offert une Omra. Quelles sont les bonnes actions que vous effectuez ? J'effectue de bonnes actions comme tout bon musulman et n'attendez pas de moi que je vous en donne les détails. Vers qui vont vos prédications ? Je remercie Dieu pour tout ce qu'il nous a donné. Je n'oublie pas les nécessiteux et les personnes malades Je prie Dieu pour qu'il prête longue vie à mes parents. En ce mois de Ramadhan, j'ai eu une pieuse pensée à M'hamed Talbi qui était un homme, un vrai ! Qu'est-ce que vous ne supportez pas chez les Algériens en ce mois de Ramadhan ? Le fait qu'ils se bagarrent pour un oui ou un non. Nous ne respectons même pas une toute petite partie de ce qui est écrit dans le saint Coran. Ce qui est malheureux c'est que cela est propre à nous les Algériens. Quels sont vos défauts en ce mois sacré ? Sincèrement, aucun. Vous arrive-t-il de rôder dans la cuisine avant El Adhan ? Absolument pas, car je n'ai rien à y faire. Juste aprés El Adhan, je romps le jeûne avec une ou deux dattes et je fais ma prière. Et pourtant, vous cuisiniez à Brunei... Ce n'est pas pareil, car je devais le faire. D'ailleurs, la chorba et le bourek que je préparais n'étaient pas si mal. Jeux de cartes ou dominos ? Jeux de cartes et plus particulièrement la Coinche. Je ne suis pas un adversaire facile. Quel est votre programme télé préféré ? Je ne suis pas du tout accro à la télé. Je sors dès que j'ai terminé de manger pour ne rentrer qu'à une heure avancée de la nuit. Il vous reste 5 minutes à vivre... Nul ne sait quand et où il mourra. Personnellement, je ne vais pas attendre ces fameuses cinq dernières minutes. Je prie Dieu sans discontinuer. Un bon musulman doit effectuer ses devoirs religieux tous les jours. Que pensez-vous des personnes qui balancent des sacs poubelles des fenêtres ? C'est une honte. Il se dit que le manque d'hygiène est un des préceptes de Satan. Et ceux qui abusent de la vitesse ? Ce sont des criminels. Il n'y a pas d'autre mot. La voiture devient dans ce cas une arme pour tuer et blesser. Vous avez consacré une grande partie de votre vie à jouer au football. Et maintenant où pourrions nous vous rencontrer ? Pour le moment je n'ai pris aucune décision. Il se peut que je passe mes diplômes d'entraîneur. Ce n'est pas sûr car le monde du football est pourri. «Rivaldo» comme aimaient vous appeler les supporters va nous manquer... Même moi, je ressens l'absence de l'ambiance qui règne dans les stades et les encouragements des supporters. Hamid, merci et saha f'tourek. C'est à moi de vous remercier. Saha ftourkoum. Permettez-moi de souhaiter une bonne fête de l'Aïd à tous les musulmans.