«Sachez que Dziri Billel n'est pas seulement un as de la coinche.» On connaît Billel Dziri le joueur et aussi l'entraîneur, mais un peu moins le citoyen, surtout au mois de Ramadhan. Pourriez-vous nous le décrire ? Je suis quelqu'un de simple. Pour ce qui est du mois de Ramadhan, je jeûne dans les meilleures conditions. Il est vrai que les dernières journées de chaleur ont rendu le jeûne très difficile, mais il ne faut surtout pas se plaindre, car le mois sacré n'est pas seulement celui de la privation de la nourriture, c'est aussi celui de l'endurance à la souffrance, de la piété et de la tolérance. Billel souffre-t-il en ce mois de Ramadhan ? Pas du tout. Je me sens en excellente forme. Rien ne me fait perdre ma sérénité. Ce n'est pas un secret, vous êtes un fumeur invétéré. Est-ce que la cigarette vous manque ? En ce qui concerne la cigarette, je ne fume plus comme avant. Vous en êtes à combien de paquets par jour ? (Rires...) Combien de paquets ? Quelques cigarettes, c'est tout. Si Dieu le veut, j'arrêterai de fumer complètement. Calme ou plutôt nerveux ? Très calme, et encore plus depuis que j'ai raccroché les crampons. Pourquoi, vous vous enflammiez au quart de tour quand vous étiez joueur ? Effectivement, surtout au mois de Ramadhan. Il faut dire que les rencontres étaient programmées à des horaires impossibles. Tout le monde se rappelle que le coup d'envoi des matchs était donné à 13 heures. Maintenant, je voudrais bien qu'on m'en explique les raisons ! Il faisait quand même très chaud. C'était difficilement supportable, n'est-ce pas ? Et comment ! C'était le cas par exemple lors des matchs que nous jouions à Tlemcen et qui débutaient à 12 heures. Faire débuter un match de championnat à midi, sous prétexte que c'était le mois de Ramadhan, c'était de l'inconscience et je ne vous raconte pas dans quel état nous étions nous les joueurs. Tout cela fait partie du passé. Maintenant que je suis de l'autre côté de la barrière, je ne perds jamais mon sang-froid. Etes-vous actif ou fainéant ? Je ne suis pas fainéant. Seulement, il m'arrive de dormir pendant la journée en ce mois de Ramadhan. Cela s'explique par le fait qu'il y a une séance en nocturne et ceci fait que je ne dors qu'au petit matin, après avoir effectué la prière d'El Fedjr et lu quelques versets du Saint Coran. Etes-vous de ceux qui s'accrochent avec les gens au mois de Ramadhan ? Je vous répète que je suis très calme. Je garde mon sang-froid en toute circonstance. En aucun cas, je ne cède à la provocation. Avez-vous des ennemis ? Je n'ai pas d'ennemi, car je n'aime pas les personnes qui tiennent rancune. J'aime même ceux qui me détestent. Quels sont les êtres chers qui vous manquent le plus ? Ma mère, que Dieu ait son âme. Croyez-moi, depuis son décès en 2002, il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à elle. Il m'est impossible de l'oublier. Elle nous avait quittés trois jours avant le début du mois de Ramadhan. C'est donc mon dixième Ramadhan sans ma mère. A quel âge avez-vous commencé à jeûner ? Vers l'âge de six ou sept ans. Je me rappelle que je faisais carême un jour sur deux. Il faut dire que je suis issu d'une famille très pieuse. Vous est-il arrivé de sauter des journées de jeûne ? Comme ça, sans aucune raison, jamais ! Et durant votre enfance ? Comme tous les enfants, il m'est arrivé de rompre le jeûne en cachette de mes parents. Cela a disparu avec le temps et depuis, je respecte scrupuleusement le jeûne au mois de Ramadhan. Et pour ce qui est des matchs hors du pays par exemple, que ce soit avec votre club ou l'EN ? Une seule fois, et cela après une fetwa d'un des Chouyoukh du ministère des Affaires religieuses. Cela s'est passé en 1996 en Afrique du Sud. Il faisait très chaud et les conditions étaient très difficiles. Cependant, les choses ont été complètement autres un peu plus tard. Comment cela ? En 1997, au Mali, lors du match où le coach national Mehdaoui a été agressé, j'avais catégoriquement refusé de rompre le jeûne. C'était l'enfer. Je me rappelle que la fin du match a coïncidé avec le moment d'El Iftar. J'ai dû boire l'équivalent d'un tonneau d'eau, sur le terrain même. Vous arrive-t-il de faire le marché ? A vrai dire, non ! C'est mon épouse qui fait les courses. Je me contente d'acheter des fruits et des gourmandises. Et aujourd'hui, qu'avez-vous acheté ? Comme il y a ce qu'il faut à la maison, je n'ai acheté que du kalb ellouz. Quel est votre plat préféré ? Je n'ai pas de préférence. Tous les plats préparés par mon épouse. Avant, vos plats préférés étaient sûrement ceux préparés par votre maman, que Dieu ait son âme, c'est cela ? Parfaitement. Les plats préparés par les mains d'une mère sont uniques. Chorba frik ou vermicelle ? Frik, même si je suis un amateur de toutes sortes de soupes. Hamoud ou Coca ? Je ne suis pas un grand amateur de boissons gazeuses. Je préfère une citronnade faite à la maison. Il n'y a rien de meilleur. Zlabia ou kalb ellouz ? Sans hésiter, kalb ellouz. Thé ou café ? Je suis un grand amateur de café. L'ben ou raïeb ? L'ben. Viande d'agneau ou de veau ? Viande d'agneau. Brick ou bourek ? Bourek. Où vous trouvez-vous au moment d'El Adhan ? Dans la cuisine en train d'aider mon épouse pour les derniers préparatifs et à dresser la table. Rôdez-vous dans la cuisine ? Pas du tout. De toutes les façons, je connais le menu à l'avance et je sais que je vais me régaler. Et pour ce qui est du menu d'aujourd'hui ? Ce sera chorba frik accompagnée de bourek, poivrons, poulet, kebda m'chermla. (Rires...) Ce menu a reçu mon entière approbation. Etes-vous encore un grand amateur de la coinche ? Naturellement. Sachez que Dziri Billel n'est pas seulement un as de la Coinche, il est aussi excellent dans les autres jeux de cartes. Vous arrive-t-il de faire un tour dans votre quartier à Hussein Dey ? Dès que j'en ai l'occasion. Ce quartier est pour moi chargé de souvenirs. Je n'oublierai jamais mes amis d'enfance. Etes-vous rancunier ou plutôt tolérant ? Très tolérant même, pas seulement au cours du mois de Ramadhan. Etes-vous prêt à pardonner à une personne qui vous a fait beaucoup de tort ? Oui, et sans aucun problème. Les gens qui me connaissent reconnaissent que je suis quelqu'un au grand cœur. Avez-vous pensé à accomplir une Omra au mois de Ramadhan ? Il m'est arrivé d'effectuer la Omra à trois reprises, mais jamais au mois de Ramadhan. J'espère que la quatrième se fera durant le mois sacré. Et le Hadj, ce sera pour quand ? Quand Dieu le voudra et ce sera avec mon épouse. Quelles sont les bonnes actions que vous faites en ce mois de Ramadhan ? Aider les nécessiteux est le devoir de tout bon musulman. La charité doit se faire durant toute l'année, pas uniquement durant le mois de Ramadhan. N'attendez pas de moi à ce que j'étale dans les journaux les bonnes actions que j'effectue. Vers qui sont destinées vos prédications au moment de la prière ? Depuis dix ans, je n'oublie pas ma mère dans mes prédications et cela à la fin de chacune de mes prières. Bien sûr, je prie Dieu pour les nécessiteux, les malades et les démunis. À l'occasion, je voudrais souhaiter un prompt rétablissement à la maman de mon collègue Samir Bentayeb. Je présente aussi mes sincères condoléances à Mahmoud Guendouz qui vient de perdre son père, que Dieu ait son âme. Qu'est-ce qui vous déplaît chez les Algériens en ce mois de Ramadhan ? Les bagarres et les accrochages pour des futilités. Il faut que cela cesse. Selon vous, quelles sont les raisons de ces accrochages ? La fatigue, très certainement. Quel est votre programme télé préféré ? Il est difficile de choisir son programme avec la multiplication des chaînes. En général, j'aime les sketchs. Mon acteur préféré est Othmane Ariouet qui nous a beaucoup manqué. Quel est le principal défaut de Dziri Billel ? Je ne sais pas, car je suis quelqu'un de très simple. C'est aux autres de vous le dire. Que pensez-vous des gens qui balancent des sacs poubelles par les fenêtres ? C'est vraiment n'importe quoi. Il n'y a pas de qualificatif à cet acte qui n'a rien de civilisé. Quelle éducation ces personnes donneront-elles à leurs enfants ? Cela fait peur pour l'avenir. Et celles qui abusent de la vitesse sur les routes ? Là, c'est très grave, car il y va de la vie des personnes. Vous arrive-t-il de vous rappeler votre carrière de joueur ? Oui, mais sans rien regretter. J'ai passé 21 ans sur les terrains en tant que joueur seniors. Je suis maintenant passé à autre chose. Quand verrons-nous Dziri au poste d'entraîneur en chef ? Pas encore, car je dois m'aguerrir et apprendre mon métier auprès de techniciens confirmés. Qui sera le futur champion ? Dans presque tous les pays du monde, le titre de champion est l'apanage de deux ou trois équipes. Chez nous, c'est assez exceptionnel, car pas moins d'une bonne douzaine d'équipes peuvent prétendre au titre de champion. Il est difficile de faire le moindre pronostic. Saha f'tourek, Billel. Saha f'tourkoum et bonne fête de l'Aïd à tous les musulmans. Que ceux que nous avons offensés nous pardonnent !