Chilien, ancien joueur de Pellegrini et avant-centre du Real Madrid, «l'Hélicoptère» analyse en exclusivité pour Sofoot.com l'actualité des Galacticos et de Benzema. Actuellement président d'un centre sportif pour la promotion du sport au Chili, Zamorano ne serait pas contre un retour sur les terrains. Et « pourquoi pas ? ». Vous êtes parti avant la première ère des Galacticos. Que pensez-vous des sommes versées par Florentino Perez pour reconstruire le Real Madrid ? Que veux-tu que je te dise ? Le football est devenu un business à part entière. Commercialement, c'est devenu un truc de dingues. La sensation que j'ai depuis le Chili, c'est que le fossé entre les petits clubs et les grands se creuse de plus en plus, mais attention, ce n'est pas une critique ! Si le Real a les moyens de s'offrir tout ce qu'il souhaite, je trouve ça très bien. Perez n'achète pas des joueurs pour vendre des maillots, mais pour gagner des titres. Si tu ne gagnes pas, tu ne donnes pas envie d'acheter. Kakà, Ronaldo, Villa (sic), Benzema, Albiol sont là pour donner du spectacle aux gens. Pas pour leur prendre leur argent. Ce qui me fait le plus plaisir dans tout ça, c'est que Manuel Pellegrini va pouvoir montrer de quoi il est capable. Ça me fait vraiment plaisir qu'un Chilien soit à la tête du club le plus important du monde. C'est le deuxième Chilien dans l'histoire du club, et j'espère qu'il fera aussi bien que le premier... c'est-à-dire moi ! ( rires). Vous le connaissez bien Manuel Pellegrini ? Oui, il était l'adjoint d'Arturo Sola, le sélectionneur du Chili en 1991. C'est quelqu'un qui baigne dans le triomphe. Tout ce qu'il touche, il en fait de l'or. Au Chili, il a fait du très bon travail, puis il est devenu champion d'Argentine avec River avant de transformer un petit club comme Villarreal en une place forte du football espagnol et européen. C'est quelqu'un de très professionnel, pour qui la pression n'existe pas. Il a une sagesse et un sang-froid qui vont parfaitement convenir aux Madrilènes. Vous croyez vraiment qu'il est l'entraîneur idéal pour ces nouveaux Galacticos ? Je pense qu'il va bien s'en sortir. Bien sûr, il va avoir une pression qu'il n'a jamais connue auparavant, mais il a les épaules pour supporter ça. C'est quelqu'un de très exigeant et surtout, il va donner beaucoup de liant aux qualités individuelles de ses joueurs. Est-ce que quelqu'un du Real Madrid vous a appelé pour vous demander votre avis sur Pellegrini ? C'est vrai qu'avant de venir, j'ai reçu beaucoup d'appels du Real Madrid. J'ai beaucoup discuté de Pellegrini avec Butragueno, Amavisca et d'autres membres du staff. Ils voulaient avoir mon avis informel sur ce que je pensais de Pellegrini. J'ai répondu : «Les gars, il n'y a pas à hésiter, cet homme-là est un excellent entraîneur et puis il est Chilien !» (rires). Plus sérieusement, Pellegrini n'a eu besoin de personne pour arriver au Real Madrid. Son meilleur conseiller, c'est l'excellent travail qu'il a fait durant toutes ces dernières années. Quels conseils donneriez-vous à Pellegrini ? Il faut qu'il prenne conscience qu'il est à Madrid pour gagner. Au Real, les places d'honneur sont des échecs. Néanmoins, il faut qu'il ait les idées claires dès le départ pour ne pas se laisser influencer par l'entourage du club. Son gros point fort, c'est son humilité. Il sait parfaitement que ce sont les joueurs qui vont devoir faire le spectacle, pas lui. Être dans l'ombre des vedettes de l'équipe ne le dérange pas. Je crois d'ailleurs qu'il préfère que ça se passe comme ça. Et avec Kakà, Ronaldo, Benzema et Higuain… Vous ne croyez pas justement qu'il va se faire bouffer par les caprices de ses stars ? Mais il a déjà travaillé avec des stars : Pires, Forlan, Senna, Riquelme… Bon c'est vrai qu'avec Riquelme, ça ne s'est pas bien passé. Mais c'est l'une des rares fois où un conflit entre un entraîneur et la star d'une équipe a fini par le départ du joueur. D'habitude, dans ces cas-là, c'est l'entraîneur qui dégage. A Villarreal au contraire, c'est Riquelme qui a fait ses valises. Pellegrini sait se rendre indispensable aux yeux du staff et des supporters. Il est juste, droit et loyal. L'expérience avec Riquelme va lui servir au Real Madrid, j'en suis persuadé. Mais je suis également convaincu que ses joueurs vont énormément l'apprécier. En tant qu'ancien avant-centre du Real Madrid, que pensez-vous de l'arrivée de Karim Benzema ? Quand je suis arrivé à Madrid en provenance de Séville, j'ai dû reprendre le flambeau d'Hugo Sanchez. Pour moi, ça a été très dur à supporter, mais dès ma première année, j'ai été désigné meilleur joueur ibero-américain. Je veux dire par là que Benzema ne doit surtout pas faire attention à la pression qu'il va ressentir au début. En Espagne et au Chili, c'est le moins connu de tous les transferts que le Madrid a réalisés, donc ça va sans doute lui servir au départ. J'ai l'impression que c'est un jeune intelligent et plein de tranquillité, donc même s'il a des mauvais moments au cours de la saison, je suis sûr qu'il va triompher au Real. Jouer au sein de l'attaque du Real, c'est quand même synonyme de grosse pression, non ? Au Real, même l'intendant a la pression. Karim va donc avoir la même pression que celui qui lui donne son maillot dans le vestiaire. Il était la star de Lyon, qui est un grand club français un peu malchanceux cette année, mais au Real, il va vraiment comprendre très vite ce que jouer dans un très grand club veut dire. C'est dur de jouer pour le Real, mais marquer un but avec cette équipe, c'est un rêve. Une fois qu'il va ouvrir son compteur, il ne pourra plus s'en passer. Quels conseils lui donneriez-vous ? Ne jamais cesser de travailler. Atterrir au Real c'est bien, mais confirmer les attentes que les dirigeants et les supporters ont placées en lui c'est mieux. A Lyon, j'imagine qu'il n'avait pas beaucoup de pression, en tout cas rien de comparable avec celle qu'il va avoir au Real. A Madrid il va devoir rapidement comprendre qu'il faut toujours gagner. Il n'y a aucune excuse possible. Vous avez également joué à l'Inter. Qu'est-ce qui différencie le plus le Real des nerazzurri ? Ce sont deux grandes équipes, mais l'Inter a moins de chance que le Real Madrid. Il y a moins de stabilité à l'Inter, et financièrement, Moratti, qui est un excellent président, a quand même beaucoup dépensé. Maintenant qu'ils sont les rois en Italie, j'imagine que Mourinho va tout faire pour remporter la Ligue des Champions. C'est tout le mal que je leur souhaite, d'autant que je garde un excellent souvenir de mon passage dans ce club. Le Calcio s'est fait dépouiller de toutes ses stars. Sincèrement, quel championnat allez vous le plus regarder la saison prochaine ? Vous savez, chez moi, j'ai une télévision qui fait la taille d'un écran de cinéma. Tous mes week-ends, je les passe devant le football assis confortablement sur mon canapé. Ma femme, mes enfants et mes amis savent qu'il ne faut pas venir me déranger quand il y a du football. Pour moi, c'est comme aller à la messe, sauf que je ne bouge pas de chez moi. Je peux passer 24 heures à regarder du football. J'aime bien le championnat chilien, l'argentin, et quelquefois je zappe sur le championnat de France. Mais ce que je préfère par dessus tout, c'est le Calcio et la Liga. Le samedi, ce sera donc le Real et le championnat espagnol, et le dimanche, je me ferai un plaisir d'encourager l'Inter. Le foot me rend complètement dingue. Vous n'êtes pas de ceux qui pensent que le championnat italien a perdu de sa valeur ? Il me semble que l'Italie est encore championne du monde, non ? Avec ça j'ai tout dit ! Apparemment vous envisagez de revenir sur les terrains en tant qu'entraîneur… Oui, j'aimerais bien réaliser mon rêve de devenir sélectionneur du Chili, diriger Colo-Colo et bien entendu entraîner le Real Madrid ou l'Inter. J'en ai vraiment envie, mais il faudra d'abord que je passe mes concours. Fiche d'identité Situation actuelle : Joueur retraité Nom complet : Iván Luis Zamorano Zamora Nationalité : chilienne Date et lieu de naissance 18 janvier 1967 à Maipú Taille : 1,78 m Poste : avant-centre Surnom(s) : Bam-Bam, Iván le Terrible, l'Hélicoptère, El Gran Capitán Parcours professionnel 1986-1988 Club de Deportes Cobresal 31 (8) 1988-1991 FC Saint-Gall 56 (34) 1991-1992 FC Séville 63 (23) 1992-1996 Real Madrid 173 (101) 1996-2001 Inter Milan 143 (38) 2001-2002 Club América 63 (33) 2002-2003 Club Social y Deportivo Colo Colo 14 (8) Sélection(s) en équipe nationale 1987-2001 Chili 69 (34) Palmarès Champion d'Espagne : 1995 Vainqueur de la Coupe d'Espagne : 1993 Vainqueur de la Supercoupe d'Espagne : 1993 Vainqueur de la Coupe UEFA : 1998 Médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000