«Si le bilan est mitigé, n'hésitez pas à changer l'entraîneur» Ivan Zamorano était hier au centre de presse du stade de Durban où il s'apprêtait à commenter la deuxième demi-finale de la Coupe du monde entre l'Allemagne et l'Espagne. Disponible et très sympa comme nous l'ont assuré des confrères chiliens, Bam Bam nous a juste demandé de lui laisser dix minutes pour manger un coup. D'abord pourquoi les surnoms de Bam Bam et de l'hélicoptère ? En fait, chez moi au Chili on m'a toujours appelé Bam Bam depuis que j'étais tout petit parce que j'aimais beaucoup les lance-pierres et c'est un ami d'enfance qui m'a donné ce surnom. L'hélicoptère, c'est en France qu'on me l'a donné à l'occasion d'un match France – Chili. Je suis monté plus haut que Dessailly et je suis resté quelques secondes en l'air avant de marquer un but de la tête. Ces quelques secondes en l'air m'ont valu le surnom de l'hélicoptère. Que pouvez-vous nous dire de cette Coupe du monde ? Ça a été un Mondial très discret jusqu'aux quarts de finale avec très peu de propositions offensives, avec très peu d'entraîneurs qui prenaient des risques. A partir des quarts de finale, on a commencé à voir de très bons matchs sans doute parce que l'équipe qui ne gagne pas doit rentrer à la maison. Tous les entraîneurs savaient qu'il fallait oser au risque de sortir de la compétition. Durant le premier tour, on tentait de contrôler les matchs, maintenant on veut les gagner, ce qui me parait fantastique. Y a-t-il des joueurs qui ont brillé ? Oui, mais pas forcément ceux qu'on attendait. J'ai particulièrement aimé les Espagnols Villa, Xavi et Iniesta, les Allemands Ozil, Klose et Müller, les Uruguayens Forlan et Suarez, les Hollandais Robben et Sneijder. Non, il y a eu beaucoup de révélations en effet. Les sorties timides des sélections africaines étaient-elles logiques ? Avez-vous été déçu par les Africains ? Si l'on tient compte du fait que la Coupe du monde se déroule sur le sol africain, bien sûr que je suis déçu. Excepté le Ghana qui a réalisé un excellent parcours malgré une élimination amère, toutes les autres équipes africaines ont quitté la compétition au premier tour. Je crois que cela peut s'expliquer par le retour en force des sélections sud-américaines dont quatre, l'Uruguay, le Paraguay, le Brésil et l'Argentine ont terminé premières de leurs groupes respectifs et cinq ont pu se qualifier au second tour avec le Chili. Le Chili n'arrive pas à dépasser le cap des 8es de finale devenu par la force des choses une barrière psychologique… Non, ce n'est pas une barrière psychologique, c'est une barrière sportive. Les deux dernières fois qu'on est sortis aux 8es de finale c'était face à plus fort que nous : le Brésil. On a battu ceux qu'on devait battre, c'est-à-dire la Suisse et le Honduras et on a perdu face à plus fort que nous, le Brésil numéro 1 au classement FIFA et l'Espagne numéro 3. Il n'y avait vraiment rien à faire contre ces deux équipes. Avez-vous suivi le parcours de l'Algérie ? Oui et je pense que l'Algérie a beaucoup avancé, la preuve elle est là parmi les grands, mais il lui manque encore ce petit quelque chose, ce plus pour faire partie des grands. Y a-t-il un joueur en particulier qui a attiré votre attention ? Le gardien de but qui est arrivé après. Je crois qu'une bonne équipe commence par un bon gardien. C'est l'une des révélations de cette Coupe du monde. En revanche, je n'ai pas vu de grands attaquants dans cette équipe d'Algérie. Un joueur capable de matérialiser les actions de son équipe. Sinon, j'ai vu un bon groupe bien préparé physiquement et très valable techniquement. Le débat en Algérie est le suivant : faut-il continuer à faire confiance à l'entraîneur local ou faudrait-il engager un technicien étranger de renom ? Ce débat ne doit pas exister. La solution est claire : si les choses ont été bien faites, on a besoin de continuer sur la même voie, par contre si le bilan est négatif ou mitigé, il faut changer. C'est aussi simple que cela. Chez nous au Chili, on a jugé que le travail de Bielsa a été remarquable pendant quatre ans, on lui a donc proposé de continuer. A vous de voir si l'entraîneur a bien fait son boulot ou pas. Pour nous en tout cas, les choses sont, on ne peut plus claires. Si on vous dit que les trois fois qu'on s'est qualifiés en Coupe du monde, c'était avec des entraîneurs algériens… Se qualifier en Coupe du monde ne veut pas être une fin en soi. La Corée du Nord s'est également qualifiée au Mondial, son bilan n'est pas pour autant réjouissant. Vous rappelez-vous encore des anciens joueurs algériens de votre génération ? Elkjaer ? Non, non celui-là est danois. Je voulais dire Madjer contre qui j'ai joué lorsque j'étais au Real, c'était un très grand joueur. Y a aussi Belloumi et le grand arrière central qui jouait en France. (Un journaliste chilien lui souffle le nom de Kourichi). Non, il y avait beaucoup de joueurs talentueux dans l'équipe d'Algérie, celle qui nous a battus en Coupe du monde 82. Un mot pour terminer cet entretien ? Un grand salut à tout le peuple algérien. Un peuple qui aime le football comme nous autres Chiliens.