«Je sais que si je fais bien mon boulot, Valence va me prolonger» Jamais, auparavant, Sofiane Feghouli ne s'est lâché comme il l'a fait samedi dernier avec nous. Franches accolades, très large sourire voire éclats de rire, aveux... tout y passait. Vous connaissez déjà le joueur talentueux de Valence, vous allez découvrir un garçon magnifique qui sait ce qu'il veut dans la vie et où il va. Confidences... Quand un jeune joueur comme toi est annoncé dans tous les grands clubs durant tout l'été, est-ce qu'il est perturbé ? Vous savez, je ne suis pas quelqu'un qui prête forcément attention à tout ce qui se dit même si pour l'ego ça peut parfois m'intéresser. Je sais que si je travaille bien, on dit de bonnes choses et si je travaille mal on dit de mauvaises choses. Les rumeurs, ça fait partie du jeu, mais ça ne me perturbe pas personnellement. Selon toi, tout ce qui a été dit n'est que rumeurs, il n'y a pas eu le moindre intérêt pour Feghouli ? J'ai déjà assez de problèmes à régler sur le terrain et des solutions à trouver. Je bosse, je me casse la tête sur le terrain et cela me suffit. Les à-côtés du football, je ne les maîtrise pas, je laisse donc le soin à mon conseiller de s'en occuper et il le fait très bien parce que c'est son métier. Moi, c'est le terrain. Le fait que les discussions avec Valence pour le prolongement de ton contrat tardent à se concrétiser te dérange-t-il ? A Valence je me sens super bien, j'ai tout pour progresser et réussir. Je suis dans un grand club, je joue la Ligue des champions tous les ans. C'est donc clair que je souhaiterais y rester. Ça fait peu de temps que les discussions ont commencé entre le club et mes conseillers. Les choses suivent leur cours naturellement et moi je n'y prête pas attention, je préfère travailler tout simplement. Ça veut dire que ça ne te perturbe pas ? Je sais que si je suis bon, le club va vouloir me renouveler le bail, si je ne suis pas bon ça sera plus difficile. Je dois donc garder toute mon énergie pour bien faire mon travail, le reste viendra naturellement. Les intérêts, l'argent, la carrière, tout ça dépend de mon rendement sur le terrain. A 22 ans, ton palmarès est toujours vierge. Est-ce que ton rêve c'est de rester ici et gagner des titres avec Valence ou partir dans un autre club qui te permettra d'en gagner ? Bien sûr que j'aimerais gagner des titres avec Valence. C'est d'ailleurs notre objectif cette année. Aujourd'hui, le trophée le plus accessible c'est la Coupe du Roi, mais on fera tout pour être le plus haut dans le classement du championnat. La saison dernière, on n'est pas passé loin de gagner l'Europa League et la Coupe du Roi, cette saison, on peut y arriver surtout que nos supporters attendent cela depuis pas mal d'années. C'est le moment pour moi de commencer à étoffer mon palmarès et je veux le faire ici à Valence. Et la Ligue des champions ? On fera tout pour passer ce tour et s'il y a un bon coup à jouer, on ne va pas se gêner. Ça ne va pas être facile, on le sait très bien avec un groupe déjà compliqué, mais c'est jouable. La saison idéale pour vous c'est de gagner un titre avec Valence et de se qualifier en Coupe du monde, c'est ça ? Et la Coupe d'Afrique, vous l'avez oubliée ? La CAN c'est le présent, c'est tout près. Tu veux gagner la CAN aussi ? D'abord il faut se qualifier, il y a le match de la Libye. Ne me dis pas qu'on ne va pas se qualifier face à la Libye, s'il te plaît... Non, mais il reste un obstacle avant la Coupe d'Afrique et si on va à la CAN on fera tout pour aller loin dans la compétition et la gagner, pourquoi pas ? Récemment, Pouliquen, ton ancien entraîneur à Grenoble, a dit qu'il regrettait de ne pas t'avoir prolongé... Il me connaît bien car c'est avec lui que j'ai commencé à jouer en professionnel. Dommage qu'il ne soit pas resté longtemps avec moi. J'ai beaucoup appris avec lui. Y a-t-il des aspects de ton jeu que tu dois améliorer ? Halilhodzic a parlé de ton jeu de tête... Ah oui, je n'ai pas de jeu de tête, mais il y a tellement de choses que je dois améliorer. Par exemple ? Le jeu de tête, je dois mûrir un peu plus. Quand je joue la Ligue des champions, je me rends compte que c'est un autre niveau et qu'il y a beaucoup d'aspects à améliorer dans mon jeu. La progression se fait tous les jours. Moi, je travaille pour être meilleur chaque jour. On voit que tu te débrouilles bien en espagnol. Ça n'a pas été difficile d'apprendre cette langue ? Non, pas très difficile. Mais, je ne me suis pas perfectionné, j'ai juste pris deux, trois semaines de cours puis j'ai arrêté. Des fois, j'aimerais avoir un meilleur vocabulaire, mais je peux avoir une discussion normale sans problème. Je comprends tout, je parle normalement. Non, je n'ai aucun problème de ce côté. Quand il n'y a pas les amis et la famille, où passes-tu ton temps libre à Valence ? Le foot me prend tellement de temps et d'énergie que je préfère rester à la maison pour me reposer. Donc, principalement je suis à la maison où j'aime bien regarder un beau film. Des fois, je vais sur Internet, je regarde quelques émissions intéressantes à la télé... C'est quoi le dernier film que tu as regardé ? Ça va vous surprendre, je sais. C'est un film avec Bruce Lee. Je ne l'ai pas encore terminé. Les Libyens sont avertis... Il n'y a pas un endroit à Valence que tu fréquentes ? Un endroit à Valence ? Non, je ne crois pas. Je vais par contre au restaurant quand j'ai envie de manger une paella parce que la paella ici est très bonne. Je vais dans un restaurant au bord de la mer pour bien apprécier. Mais je me plais dans cette ville. Valence c'est super, il fait beau toute l'année. Maintenant, on comprend pourquoi tu es sorti indemne d'une saison éprouvante l'année dernière... C'est vrai que j'accorde beaucoup d'importance à la récupération. La réussite passe par là. Parfois, j'aimerais bien m'amuser comme tous les jeunes de mon âge, mais il y a des priorités. Il y a des sacrifices à faire. Depuis un moment, on voit que tu as du mal à parler, qu'est-ce qui se passe ? J'ai reçu un coup de coude lors du dernier match. Dès que je rigole, ça me fait mal. On va parler un peu de toi. Même si je ne t'ai jamais vu en costume, je vais quand même te poser la question. Plutôt jeans-baskets, survêtements ou tenues classiques ? Ça dépend de l'humeur du jour et de mon réveil. En général, je suis plutôt décontracté, disons jeans-baskets le plus souvent. Tu as une couleur préférée ? Oui, le vert qui représente à la fois l'Islam, ma religion, et l'Algérie, mon pays. Montagne ou mer ? Mer, bien sûr ! L'objet dont tu ne te sépares jamais ? Ce n'est pas ton portable parce que tu ne réponds jamais au téléphone ! (Il rit puis il regarde ses mains) Je ne sais pas. Je suis plutôt simple, pas matérialiste, je n'aime pas trop les objets superficiels comme les montres et les bijoux. (A ce moment, son conseiller intervient et dit : «Moi, je crois le savoir : son lit parce qu'il dort tout le temps». C'est vrai Sofiane ? Ça c'est nouveau ! Oui, je suis un gros dormeur. C'est quoi le cadeau rêvé pour toi ? Une sincère amitié parce que, de nos jours, c'est rare. Et le cadeau que tu aimerais offrir à quelqu'un ? Le cadeau que j'aimerais offrir ? Je ne sais pas... La sincérité aussi. Je ne suis pas trop dans le matériel, vous savez. (Là encore, son conseiller intervient pour dire que le cadeau rêvé ce sera aussi d'offrir la CAN au peuple algérien. Et Sofiane d'acquiescer : « Inch'Allah, oui bien sûr !». Quelle est la ville où tu aimerais vivre à la fin de ta carrière ? Je n'ai pas beaucoup voyagé dans ma vie, je suis encore jeune. J'aime bien les pays du Golfe, je n'ai jamais été là-bas, mais j'aimerais savoir ce que c'est, c'est une région qui m'attire. Tu es en train de nous dire que ta fin de carrière sera là-bas ou quoi !? Mais, vous m'avez dit à la fin de ma carrière, non ? Pas pendant ma carrière. Tu t'es laissé pousser une petite barbe en début de saison, c'est quoi le secret ? Comme pour les vêtements, ça dépend de l'humeur du jour. Parfois, je me réveille le matin et je n'ai pas envie de me raser, c'est tout. Sofiane, tu peux faire un effort et nous dire à quoi tu penses lorsque tu te prosternes après chaque but ? Tout simplement, je suis croyant et quand je me prosterne, je remercie Dieu. Je sais qu'il n'y a pas de hasard. Chacun suit son destin. Justement, le destin n'a pas été tendre avec toi avec des blessures compliquées alors que tu n'étais qu'un gamin... Je pense que pour faire une grande carrière, il faut passer par plusieurs étapes. Moi, j'ai connu les blessures, y en a d'autres qui ont connu d'autres galères, les impayés, les petites divisions. Une carrière ne se construit pas sur du coton. C'est comme la vie. Moi, les blessures m'ont permis d'être plus mûr dans la vie. A quand un voyage à Ghazaouet ? J'espère vraiment le faire cette année puisqu'avec l'Equipe nationale, on aura un match, je crois. Je voulais y aller l'été dernier, mais c'était impossible avec le programme de l'Equipe nationale et la fin de saison avec Valence. Si tout va bien, j'irai l'été prochain inch'Allah. Un dernier mot aux Algériens avant de nous quitter. Je dis Saha aïdkoum au peuple algérien parce que l'Aïd El Adha est tout proche et je demande aux supporters de nous porter vers la victoire le 14 face à la Libye.