«Là où je jouerai, je me donnerai à 100 %. Je ne suis pas là pour prendre la place de X ou de Y» «Ghoulam possède du talent et son apport fera grandir notre groupe» Il est le joueur le plus régulier à Ajaccio en matière de présence sur le terrain. Mehdi Mostefa Sbaâ, le latéral droit de l'EN, enchaîne les belles performances en Ligue 1 au poste de milieu défensif avec son club. Dans cette interview exclusive accordée au Buteur, l'international algérien livre ses impressions sur les adversaires de l'EN lors de la prochaine CAN, son avis sur l'apport du néo international Faouzi Ghoulam et donne son favori pour le prochain Ballon d'Or Le Buteur. Mostefa, très affable, revient aussi sur son parcours avec Ajaccio et ses objectifs pour cette saison. Tout d'abord, on voudrait connaître votre sentiment, quelques semaines après avoir assuré votre qualification à la prochaine CAN... C'est un immense honneur. On sait bien que les Algériens adorent le football. On sait aussi qu'ils seront tous derrière leur petit écran ou avec nous en Afrique du Sud, pour nous soutenir pendant pratiquement un mois. Donc, rien que pour cela, on éprouve un grand sentiment de fierté et de responsabilité à ne pas les décevoir. On vous sent déjà plein dedans... Et comment ! Bien sûr que oui. C'est ma première CAN et puis nous sommes tous enthousiastes à l'idée de représenter comme il se doit notre pays. Quel a été, selon vous, le match le plus difficile dans cette campagne éliminatoire ? Sans hésiter, la double confrontation contre la Libye. Pour moi, le match retour était le plus dur et le plus important. L'adversaire était très difficile où on a dû vraiment montrer beaucoup de qualités footballistiques et mentales pour passer ce dernier cap. Après ce qui s'est passé à Casablanca, il fallait vraiment bien gérer ce match retour. Assurer la qualification, c'est bien mais jouer cette CAN est aussi votre objectif... Participer à un sacre avec mon pays est la plus belle chose qui puisse m'arriver. Après, par respect à mes camarades, au sélectionneur et au staff technique, j'attendrai la liste du coach avec impatience. C'est vrai que j'ai pris part à trois matchs de qualification mais on n'est à l'abri de rien. Donc, il faut continuer à être performant avec son club pour espérer figurer dans cette liste. Halilhodzic possède du vécu, donc, il ne faut pas s'inquiéter. Il va certainement prendre les meilleurs et, surtout, les plus en forme du moment. A moi d'être performant dans mon club et faire le maximum pour participer à cette CAN. D'aucuns s'accordent à dire que cette qualification on la doit, surtout, au coach Halilhodzic. Pouvez-vous nous situer le mérite du sélectionneur ? Depuis qu'il a pris en main la sélection, les statistiques sont en sa faveur. Je pense que par rapport aux sélectionneurs qui l'ont précédé, Halilhodzic a apporté un plus certain, notamment dans la détermination et, surtout, dans l'envie de gagner qu'il a réussi à nous transmettre. Le coach vous a encensé lors d'une conférence de presse animée avant le match retour contre la Libye. Il a dit que vous n'êtes pas un grand technicien mais en vous alignant, il est tranquille. Une réaction ? Ça fait plaisir. C'est une fierté pour moi et pour ma famille d'apprendre de tels éloges provenant de la part d'un grand entraîneur comme Halilhodzic. Après, je sais que tout n'est pas parfait. Je dois encore m'améliorer et travailler plus pour être toujours utile à cent pour cent pour mon club et pour ma famille. Le groupe de l'Algérie a enregistré l'arrivée d'un arrière gauche. Il s'agit de Faouzi Ghoulam. Un commentaire ? Je l'ai croisé ce week-end (vendredi soir), et c'est un joueur que je connaissais déjà assez bien pour l'avoir vu plusieurs fois en Ligue 1. De toute façon, tout joueur capable d'apporter sa contribution est un plus pour la sélection. Donc, à mon avis, vu son talent et son jeune âge, Ghoulam sera d'un apport important. Il va ramener une certaine concurrence et c'est ce qui fait grandir un groupe. Ce vendredi, il a croisé Carl. Lui avez-vous parlé ? Sincèrement, je n'ai pas trop eu le temps de discuter avec lui parce que j'étais hyper concentré sur mon match. Mais avec Carl Medjani, je pense qu'ils ont bien discuté. Que vous a dit Medjani du jeune Ghoulam ? Il m'a dit que c'était quelqu'un d'une très bonne mentalité et qu'il allait annoncer son choix pour l'Algérie ce week-end (entretien réalisé hier). Il m'a aussi affirmé qu'il était très chaud de jouer pour le pays. Après, footballistiquement parlant, c'est un gars qui est très bon sur son côté gauche avec une bonne qualité de centre et une rapidité qui lui permet de revenir vite fermer son couloir. Vous avez vécu cela avant lui. Ghoulam arrivera en inconnu en sélection. Quel conseil pouvez-vous lui donner ? Ecoutez, pour son intégration, je ne sais pas s'il va commencer par la CAN mais je sais qu'il ne va trouver aucun problème à se fondre dans notre groupe. De notre part, on va tout faire pour le mettre dans les meilleures conditions. Revenons à vous. A Ajaccio, vous enchaînez les performances comme milieu de terrain défensif, mais en sélection, c'est comme arrière droit que vous êtes souvent utilisé. Ne croyez-vous pas que c'est peut-être l'occasion d'évoluer dans votre véritable poste en Equipe nationale, c'est-à-dire comme milieu défensif ? Pour moi, tant que le sélectionneur national n'a pas donné sa liste, je ne peux me prononcer. Mais soyez sûr que là où le coach me demandera de jouer, je le ferai et je me donnerai à cent pour cent. Je suis au service de la sélection et du sélectionneur. Je ne viens pas pour prendre la place de X ou de Y. On est tombé dans groupe difficile. Selon vous, quel sera l'adversaire le plus dangereux pour les Verts ? Sincèrement, notre plus grande adversaire dans cette CAN sera nous-mêmes. Après, les autres équipes, elles sont ce qu'elles sont. C'est notre réaction et notre comportement durant cette CAN qui seront déterminants et importants. La Tunisie et la Côte d'Ivoire sont pour moi deux gros morceaux, sans bien entendu sous-estimer le Togo. Maintenant, si on arrive à sortir de ce groupe, on aura un grand mérite. Mais avant, il faut d'abord gagner le premier match contre la Tunisie, pour bien commencer. Après, on aura le temps de mieux entrevoir la suite. Le derby Tunisie-Algérie s'annonce comment ? D'abord, c'est le premier match où il ne faut absolument pas se louper. Après, comme vous le savez, c'est un derby maghrébin qui s'annonce très disputé. Ça a toujours été une question de suprématie entre nous les Maghrébins. Chaque sélection aime prendre le dessus sur sa voisine. C'est de bonne guerre. Connaissez-vous des Tunisiens qui évoluent en France avec qui vous avez abordé ce derby ? Oui, je connais Djamel Saïhi qui évolue à Montpellier. C'est un bon ami et on se croisait souvent lorsque nous étions en Ligue 2. On s'échange de petits mots ; on s'entend bien quoi. Il y avait aussi avec moi Amar Jemal. On a commencé à se chambrer mais sans jamais sortir du cadre sportif. Je connais aussi des Togolais et des Ivoiriens que je vais retrouver avec plaisir lors de la prochaine CAN. Parlons de votre dernière prestation contre Saint-Etienne. Comment évaluez-vous votre rendement jusqu'ici ? Ça s'est plutôt bien passé contre Saint-Etienne où nous étions obligés de lutter à dix. On a laissé filer deux points mais ce nul obtenu contre l'équipe en forme du moment est bon à prendre. Physiquement, votre êtes fort. Votre coach ne se passe-t-il jamais de vos services ? Je me bats tous les jours à l'entraînement pour essayer de montrer au coach que je suis prêt. Dans le monde professionnel, la concurrence n'est pas un vain mot. Il faut être toujours à cent pour cent pour mériter sa place. Votre objectif, c'est le maintien avec Ajaccio ? C'est mon objectif avec mon club mais la CAN reste ma grande compétition de la saison. Donc, titulaire ou remplaçant, je veux participer à ce grand tournoi africain. Êtes-vous en contacts avec le staff technique de l'EN ? Bien sûr, Cyril Moine ne laisse rien au hasard. Il nous appelle souvent pour venir aux nouvelles. Il s'informe sur notre état physique et psychologique. Donc, voilà, le travail du staff ne se limite pas seulement aux périodes de rassemblements. On est tout le temps en contacts. Feghouli, Kadir, Soudani, Slimani, Mesbah Djabou et votre ami Lacen sont en concurrence pour le Ballon d'Or. Quel est votre favori ? (Rires) C'est très difficile de répondre. Accordez-moi un joker. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais décerné un Ballon d'Or à chacun de mes amis en course mais très franchement, Feghouli joue dans un très grand club en Europe. Titulaire à Valence, buteur de son équipe en championnat et il marque des buts importants en Champions League, je crois qu'il le mérite. Mais bon, attendons pour voir les résultats. Sincèrement, Sofiane a beaucoup de talent et il fera un très beau lauréat. Un dernier mot ? Je voudrais passer un grand coucou au peuple algérien et à ma famille à Mazouna et à Mostaganem. Je voudrais aussi passer le bonjour à mon grand-père en Algérie et j'espère que je le rendrai encore fier, Incha Allah.