Fidèle à lui-même, Diego Pablo Simeone respire la conviction, la sérénité et l'assurance, autant de qualités qui ont fait le succès de sa carrière de footballeur et, aujourd'hui, d'entraîneur. Du haut de ses 39 ans, le temps de ses débuts à Vélez Sársfield doit lui paraître bien loin. Ce n'était qu'un prélude à sa carrière précoce en Europe et à ses trois Coupes du monde de la FIFA sous le maillot de la sélection argentine. Il est ensuite revenu au pays pour jouer dans son cher Racing Club, où il fera ses premiers pas de technicien. A l'issue de la séance d'entraînement de San Lorenzo, équipe qu'il dirige depuis avril 2009, El Cholo répond posément aux questions de FIFA.com. Qu'avez-vous ressenti le jour de vos débuts dans un stade de première division ? J'étais partagé entre l'émotion, le trac et le bonheur. Peu m'importait qu'il y ait 10, 100 ou 1000 spectateurs, parce que j'accomplissais mon rêve. C'était le 13 septembre 1987, si je ne me trompe. On a perdu 1-2 contre Gimnasia y Esgrima La Plata, et sans me vanter, j'ai fait un très beau match ! Quelle qualité vous a le plus servi dans votre carrière ? L'intégrité. J'ai toujours été exigeant envers moi-même. Je me suis fixé des objectifs que j'ai poursuivis coûte que coûte. Je possédais l'un des atouts les plus importants pour un footballeur : je connaissais non seulement mes qualités, mais aussi mes défauts. Je me suis efforcé de cacher mes points faibles, par exemple, j'évitais de prendre les ballons dos au but, parce que j'avais du mal à me retourner, ou je décidais de ce que j'allais faire du ballon avant de le recevoir, afin de ne pas avoir à dribbler... Mes points forts, c'était ma combativité, mon agressivité au marquage et mon opportunisme. D'où vous vient votre surnom ? Il y a eu un Simeone à Boca Juniors qu'on appelait "Cholo", mais il n'avait rien à voir avec moi. Quand j'étais petit, un entraîneur, Oscar Nesi, m'a donné le même surnom et il m'est resté. Si vous n'aviez pas été un grand footballeur, quelle autre carrière auriez-vous choisie ? Un jour, au collège, on nous a demandé ce que nous voulions faire dans la vie. Certains ont répondu "avocat", d'autres "comptable" ou "médecin". Quand j'ai dit "footballeur", tout le monde a éclaté de rire (il sourit)... Si je n'avais pas réussi dans le football, j'aurais fait des études de préparateur physique. Quel a été le pire moment de votre carrière ? Ma fracture du genou avant la Coupe du monde 2002. C'était lors d'un match de Ligue des champions où j'affrontais une équipe néerlandaise avec la Lazio. J'ai sauté et quand je suis retombé, ma jambe gauche m'a lâché. Quand la droite a fait "crac", j'ai tout de suite su que c'était grave, j'ai cru que je n'avais plus de genou. La convalescence a été très dure, j'ai passé deux mois sans marcher. Ensuite, j'ai vécu uniquement pour mon genou. Le jeu en valait la chandelle puisqu'au final, j'ai disputé la Coupe du monde. Depuis tout petit, je suis fan de la sélection argentine et, à mon avis, l'équipe de 1994 a été la plus belle qu'on ait vue depuis la Seleção de 1970. Qu'est-ce qu'on ressent quand on a joué aux côtés de Maradona, Redondo, Caniggia et Batistuta ? De la fierté. Les trois sélections que j'ai intégrées étaient excellentes, mais celle de 1994 comptait sans doute le plus grand nombre de pointures. Après les deux premières rencontres, on nous donnait favoris. C'est pour cela que maintenant, je n'aime pas du tout ce mot, un tas de choses peut aller de travers ! On a disputé notre meilleur match contre la Roumanie. Même privés de Diego et de Caniggia, on s'est créé des tonnes d'occasions, mais on n'en a concrétisé que deux. Eux en ont eu trois, ils les ont toutes converties, et ils nous ont sortis. Pensez-vous que l'Argentine verra naître un nouveau Maradona ? Oui, on en est proche. Sans lui ressembler vraiment, car chaque joueur possède ses propres qualités, Messi paraît près de prendre le flambeau. Mais il faut attendre, il est encore jeune. Le temps parlera. De ces deux moments, quel a été le plus douloureux : le but de Dennis Bergkamp lors de France 1998 ou votre élimination au premier tour de Corée-Japon 2002 ? Le but de Bergkamp. On était partis pour gagner, on avait un homme de plus, on allait en prolongation... jusqu'à cette ouverture de 50 mètres convertie par Bergkamp. Et dire que, quand la Yougoslavie avait joué le même tour aux Pays-Bas quelques jours plus tôt, on s'était demandé comment il était possible de se prendre un but pareil, avec toute la défense de face. Notre déception a été à la mesure de nos espoirs. Quel a été l'aspect le plus difficile du poste de capitaine d'une sélection truffée de joueurs du calibre de Batistuta, Verón, Zanetti et autres stars ? La prise de décision. Ce n'est jamais simple, car on prend toujours des risques. Mais c'est un rôle auquel je suis habitué depuis tout petit et il ne m'a jamais pesé. On se parlait franchement et il n'y a jamais eu de problèmes. Quel adversaire vous inspire le plus de respect ? Je n'ai pas d'équipe ou de joueur particulier en tête. A vrai dire, c'est envers moi que j'avais le plus de respect, sachant que je me devais d'être prêt mentalement à affronter chaque match à 100 % pour être à la hauteur. Vous avez admis avoir provoqué David Beckham pour le faire exclure lors de France 1998. Si c'était à refaire, vous comporteriez-vous différemment ? Non, mais attention, j'ai provoqué une réaction de sa part dans le cadre d'une action de jeu. Mon intention était de lui faire sentir que j'étais là, pas de le faire exclure. Pensez-vous que l'Argentine se qualifiera pour Afrique du Sud 2010 ? Oui. Non qu'une Coupe du monde ne puisse se dérouler sans l'Argentine, mais outre le fait que la sélection compte de grands joueurs dans ses rangs, elle est dirigée par un habitué des compétitions préliminaires et du sacre mondial. Qu'est-ce qui a changé pour vous lorsque vous êtes passé de joueur à entraîneur ? Des tas de choses. J'ai dû, bien sûr, assimiler le fait que, n'étant plus un joueur, je ne faisais plus partie du vestiaire, adopter une autre vision des décisions à prendre, m'adapter à des horaires différents... Mais j'adore ce métier, il me fait sentir vivant et il m'oblige à rester toujours alerte. Qui serait titulaire dans votre équipe, Diego Simeone ou Javier Mascherano, et pourquoi ? Mascherano, parce qu'il est meilleur ! Attention, je ne jouais pas milieu de contention devant la défense comme lui, je me projetais un plus aux avant-postes. En fait, moi je jouerais toujours dans mon équipe, aux côtés de Mascherano ou de Verón selon le match (il sourit). Quel titre auriez-vous aimé remporter ? La Coupe du monde, bien sûr. C'est le grand regret de ma carrière de footballeur. Maintenant, en tant qu'entraîneur, on ne sait jamais ce que le destin nous réserve... Pensez-vous être un jour sélectionneur de l'équipe d'Argentine ? Ce serait facile de répondre "oui", mais la vérité est que je n'en sais rien. J'ai toujours eu pour habitude de vivre et de travailler dans le présent, et le présent, c'est San Lorenzo. Le football est un monde en perpétuel mouvement et le travail d'entraîneur encore plus. Il faut bien faire son métier là où on se trouve pour prendre le pas sur les autres.
Quelle question avez-vous préféré et pourquoi ? Celle concernant les qualités qui m'ont aidé dans ma carrière. Quand on connaît ses points forts et ses points faibles, on peut toujours s'améliorer. Et c'est ce à quoi j'aspire tous les jours. In Fifa. Com Fiche d'identité Situation actuelle : Entraîneur Nom complet : Diego Pablo Simeone Date et lieu de naissance : 28 avril 1970 à Buenos Aires, Argentine Taille : 1.77 m Surnom : El Cholo Poste : milieu de terrain défensif Club Actuel : San Lorenzo Parcours professionnel 1987-1990 : CA Vélez Sársfield (Argentine) 1990-1992 : Pise Calcio (Italie) 1992-1994 : FC Séville (Espagne) 1994-1997 : Atlético de Madrid (Espagne) 1997-1999 : Inter Milan (Italie) 1999-2003 : Lazio Rome (Italie) 2003-2005 : Atlético de Madrid (Espagne) 2005-2006 : Racing Club (Argentine) Parcours international 1988- 2002 : Argentine 106 (11) Palmarès Vainqueur de la Copa América en 1991 Vainqueur de la Copa América en 1993 Vainqueur de la Supercoupe de l'UEFA en 1999 Vainqueur de la Coupe UEFA en 1998 Vainqueur de la Supercoupe d'Italie en 2000 Vainqueur du Championnat d'Espagne de football en 1996 Vainqueur du Championnat d'Italie de football en 2000 Vainqueur de la Coupe d'Espagne de football en 1996 Vainqueur de la Coupe d'Italie de football en 2000 Finaliste des Jeux Olympiques d'été de 1996 avec l'Argentine