«Jouer aux côtés de joueurs comme Brahimi et Taïder rend les choses plus faciles.» «Nous sommes leaders, mais nous n'avons encore rien fait.» «Les matches de juin seront le tournant des qualifications.» D'aucuns semblaient surpris, mardi soir, par la très belle prestation de Sofiane Feghouli lors du match face au Bénin. Ils donnaient l'impression de découvrir pour la première fois le talent incontestable de ce joueur, alors qu'il ne s'agissait pas pour lui d'une première. C'est un peu le propre de l'Algérien : il est oublieux et aussi très exigeant. Tellement exigeant qu'il veut qu'un joueur soit au top tout le temps, par tous temps. A la CAN, il a su tirer son épingle du jeu Un petit retour à la CAN-2013, avec une analyse à froid, est pourtant à même de renseigner sur la valeur de ce joueur. Au sein d'une équipe qui a manqué de mordant, il était l'un des rares, sinon le seul, à avoir su créer le danger au sein des défenses adverses, que ce soit par ses débordements, ses dribbles courts ou ses appels de balle. C'est d'ailleurs sur l'un de ses éclairs qu'Islam Slimani avait écrasé le ballon sur la transversale. C'est aussi lui qui a provoqué un penalty à chacun des deux premiers matches (contre la Tunisie et face au Togo) que les arbitres n'avaient pas accordés, sans oublier que c'est lui qui avait inscrit le premier but des Verts dans cette compétition et délivré la passe décisive pour le dexuième but. Même s'il était visiblement émoussé physiquement à cause de la trop grande charge physique imposée par le staff technique avant le début de la CAN, il avait su tirer son épingle du jeu. 4 buts en 10 matches officiels, pas mal pour un milieu de terrain Sur le plan des statistiques, son bilan est également pas mal : en 10 matches officiels disputés avec les Verts, il a déjà inscrit 4 buts. Ce n'est pas mal pour un milieu de terrain offensif, dont le rôle primordial est d'alimenter les attaquants en ballons de but. Sa moyenne se rapproche beaucoup de celles des deux meilleurs buteurs actuels de la sélection algérienne, Hilal Soudani (6 buts en 10 matches officiels) et Islam Slimani (6 buts en 10 matches officiels). De surcroît, les 4 buts qu'il a inscrits ont tous permis aux Verts de mener au score. C'est dire que Feghouli sait se montrer décisif à des moments clefs d'un match. Leader dans le jeu, en attendant d'être leader tout court Dans l'interview qu'il avait accordée après la CAN à l'envoyé spécial du Buteur, le meneur de jeu de Valence avait insisté sur le fait qu'être leader d'une équipe ne s'impose pas et que ça vient naturellement. C'était une manière humble de répondre à ceux qui lui reprochent de ne pas être une «grande gueule» sur le terrain pour mener ses coéquipiers. «Leader, ça peut être beaucoup de choses : un leader sur le terrain, en dehors du terrain, par le jeu...», avait-il ajouté. Contre le Bénin, il était leader sur le terrain et par le jeu, soit l'incarnation d'une force tranquille qui sait être efficace sans faire de bruit. C'est peut-être les prémices d'un rôle plus important à l'avenir qui serait celui de capitaine d'équipe, vu qu'il fait l'unanimité parmi ses coéquipiers et qu'il jouit d'un grand respect de la part du sélectionneur. En attendant, il continue son bonhomme de chemin en sélection dont il est l'un des éléments de base dans le projet de qualification pour la Coupe du monde 2014. «Jouer aux côtés de joueurs comme Brahimi et Taïder rend les choses plus faciles» A tête reposée, quelle analyse faites-vous du match remporté face au Bénin ? Cela n'a pas été simple. Nous étions condamnés à obtenir les trois points, ce qui explique que nous soyons entrés très forts dans le match et avions ouvert le score au bon moment. Nous avons même raté des occasions d'aggraver la marque. Malheureusement, l'adversaire a pu égaliser. Durant la seconde période, nous nous sommes bien organisés et avons su comment venir à bout des Béninois qui, comme attendu, nous ont vraiment posé des problèmes. L'essentiel demeure la victoire, en attendant nos deux déplacements en juin. Nous avons remarqué, mardi dernier, que vous étiez très à l'aise dans le match et que vous avez fourni sans doute votre meilleure prestation depuis que vous êtes en sélection... J'ai toujours donné le maximum quand je joue en sélection. Je ne fais jamais de calculs. Cependant, il faut savoir qu'un joueur ne peut pas avoir le même rendement à tous les matches. Mardi, j'ai donné le maximum comme d'habitude, surtout que nous étions sous la pression du résultat et que la victoire était impériale. Nous voulions faire oublier aux supporters la déconvenue de la CAN en fournissant une très belle prestation et en remportant la victoire. El Hamdou li Allah, nous avons pu atteindre cet objectif. La victoire du Mali au Rwanda a certainement rajouté une autre pression, n'est-ce pas ? Effectivement, la victoire du Mali nous a renforcé dans notre détermination à prendre la tête de la poule et cela passait par une victoire. Cependant, indépendamment du résultat réalisé par les Maliens, nous ne pouvons pas espérer aller en Coupe du monde si nous ne faisons pas le minimum, à savoir remporter nos matches à domicile. Donc, il fallait gagner dans tous les cas de figure. La présence de joueurs techniques comme Brahimi, Taïder et Ghoulam a-t-elle contribué à votre belle prestation ? Comme je vous l'ai dit plus haut, à chaque fois que je joue, je donne le maximum. Cela dit, des joueurs de la valeur de Brahimi, Taïder et Ghoulam rendent les choses plus faciles vu qu'ils évoluent dans des championnats relevés et possèdent un potentiel qui leur permet d'apporter un plus à l'équipe. En toute franchise, ne craignez-vous pas un manque de cohésion avec la première titularisation de ce trio ? S'agissant de Ghoulam, il était avec nous en Coupe d'Afrique et il connaît donc les joueurs et leur jeu. Pour ce qui est de Taïder et Brahimi, ils se sont intégrés rapidement dans le groupe et rien ne laissait paraître, sur le terrain, qu'ils étaient nouveaux. Il y avait des automatismes entre eux et les autres, comme le montrent les nombreuses occasions de but créées par eux et aussi par tous les autres joueurs car une équipe n'est pas composée de 3 ou 4 joueurs seulement. Toute l'équipe, y compris les remplaçants, a contribué à cette victoire. Incha Allah, nous continuerons sur notre lancée lors du reste du parcours. En parlant des occasions de but créées, ne pensez-vous pas que l'équipe continue de souffrir d'un manque d'efficacité devant le but ? Le plus important est la victoire. Nous étions accrochés à la mi-temps, mais nous sommes revenus très forts en deuxième mi-temps et avons continué à nous procurer des occasions jusqu'à ce que nous ayons pu marquer. Nous avons inscrit 3 buts tout en en ratant un bon paquet, ce qui démontre bien que le score aurait pu être très lourd en notre faveur. Il nous faudra corriger certaines choses pour être plus efficaces, mais nous sommes globalement satisfaits de notre match même si tout joueur veut toujours marquer plus. N'avez-vous pas été saisis par le doute à la mi-temps ? Au contraire, nous étions convaincus que nous pouvions gagner vu que nous nous sommes procurés bon nombre d'occasions de scorer et que le but béninois était intervenu lors d'un court passage à vide qui avait duré une dizaine de minutes. Effectivement, nous sommes revenus et avons marqué un deuxième but, puis un troisième en fin de match. Il ne faut pas dire, pour autant, que nous avions en face de nous une équipe faible. Il n'y a plus de petites sélections en Afrique, comme l'a si bien démontré la dernière CAN. Donc, il faut donner à chaque fois le meilleur de nous-mêmes et ne jamais sous-estimer un adversaire. Vous avez distillé de nombreuses balles de but et on a remarqué qu'au cours d'une action en première mi-temps, vous auriez pu marquer, mais aviez préféré servir Djebbour au point de penalty. Pourquoi ce choix ? Certes, j'aurais pu, dans cette action, tirer directement au but car je n'avais que le gardien de but adverse en face de moi, mais je me suis rendu compte que Djebbour était à ma gauche et, vu qu'il n'avait pas marqué depuis longtemps en sélection, j'ai voulu lui offrir l'occasion d'inscrire un but afin qu'il reprenne confiance. Malheureusement, ça n'a pas marché. Ce n'est que partie remise et, incha Allah, Djebbour retrouvera son sens du but la prochaine fois. Beaucoup d'observateurs mettent votre très bon rendement sur le compte de votre évolution au poste qui vous convient le mieux et à la présence de Brahimi et de Taïder à vos côtés. Est-ce vrai ? Ce n'est pas à moi de juger mon rendement. J'ai fait de mon mieux. Pour ce qui est de Brahimi et Taïder, ils ont fait de leur mieux, surtout qu'il s'agissait de leur premier match officiel, de surcroît devant le public algérien. Ce n'est pas évident de bien débuter et ils l'ont fait. Cela dit, nous ne nous enflammons pas car nous savons que le plus dur nous attend. Justement, les deux matches de juin se joueront en déplacement et dans des conditions plus dures. Pensez-vous que ce sera le tournant des qualifications ? Oui, je le pense. Nos déplacements à Cotonou et à Kigali ne seront pas faciles. Nous devons nous y préparer comme il se doit car il s'agit de deux matches très importants dans la course à la première place. J'espère que les joueurs seront tous disponibles. Je suis convaincu qu'ils ne ménageront aucun effort afin de réaliser un bon résultat lors de ces deux matches. Vous attendez-vous à une «finale» de la poule contre le Mali ? Il ne faut pas penser dès maintenant sur un match qui aura lieu au mois de septembre et oublier deux matches cruciaux qui auront lieu en juin, par une forte chaleur et dans un environnement hostile. Chaque chose en son temps. Etes-vous optimiste pour une qualification au Mondial du Brésil ? L'optimisme existe, mais il faut dire que nous n'avions encore rien fait. Le plus dur reste à faire. Nous avons joué trois matches et il nous en reste trois, ce qui fait que nous ne sommes qu'à mi-parcours. Certes, nous occupons la tête de la poule, mais l'objectif n'est pas encore atteint. Il faut continuer sur notre lancée au mois de juin. Nous avons remarqué que vous avez été interactif avec le public de Blida que vous avez appelé du geste à soutenir l'équipe. Qu'avez-vous à lui dire, ainsi qu'aux supporters algériens de manière générale ? Nous avons un public en or et c'est une vérité que confirment tous ceux qui assistent aux matches de la sélection nationale. C'est pour cela que je suis toujours en phase avec les supporters algériens et plus spécialement ceux de Blida. Je me sens très bien dans ce stade, avec ce public. J'espère qu'il continuera à nous soutenir comme il l'a toujours fait. De notre côté, nous lui promettons de tout faire pour lui procurer de nouvelles joies. Les actions individuelles dont vous avez régalé le public font que, match après match, vous devenez le chouchou des Algériens férus de gestes techniques. Leur promettez-vous d'autres gestes similaires ? (Rires) Je leur promets avant tout de tour donner sur le terrain car l'essentiel est de remporter la victoire. Quant aux gestes techniques, ça vient tout seul. Le plus important est de mettre le ballon dans les filets.