«Il ne faut pas rater cette chance d'entrer dans l'histoire» Au sein de l'équipe nationale actuelle, Rafik Saïfi fait figure de leader naturel, mais aussi de grand frère. Tous ses conseils sont pris en considération par les joueurs, qu'ils soient locaux ou pros. Joint au téléphone au début du stage, le plus ancien joueur des Verts a accepté de nous parler du virage important que constitue le match face à la Zambie. * En ce début de stage, comment est l'ambiance au sein du groupe ? En équipe nationale, l'ambiance et toujours la même, tous les joueurs, sans exception, se retrouvent avec plaisir. Ce stage est un peu différent puisqu'il se déroule durant le Ramadhan avec l'ambiance que vous pouvez imaginer : on plaisante, on passe de belles soirées, mais aussi on parle beaucoup de la rencontre de dimanche. * Que vous dites-vous particulièrement ? Vous savez, avant même le début du stage, nous nous appelions au téléphone et le sujet qui revenait le plus, c'est ce match face à la Zambie. C'est normal car c'est l'actualité de l'équipe nationale. On s'est dit surtout que ce n'est pas le moment de se dégonfler si près du but et que ce match face à la Zambie pourrait être celui de la qualification. * Vous en tant qu'ancien, donnez-vous des conseils particuliers à vos jeunes coéquipiers ? Oui, mais je ne suis pas le seul, nous sommes trois ou quatre dans le groupe à se passer le mot. Je dis aux joueurs que ce match est le tournant du football algérien sans pour autant leur mettre la pression. Je leur dis aussi qu'on doit jouer comme on a l'habitude de le faire avec un seul objectif : la victoire. Peu importe celui qui joue, peu importe celui qui marque. Toutefois, je crois que les joueurs même les plus jeunes savent ce qui les attend, ils sont hypermotivés pour gagner. * A votre avis, quelle serait la clé de la victoire dimanche ? D'abord, il faut se dire qu'on n'est pas encore qualifiés et garder les pieds sur terre. L'humilité sera l'une des clés de la victoire. Il faut aussi leur mettre la pression dès le début du match pour leur marquer très tôt. On sait tous que ça ne sera pas facile face à une équipe qui a donné du fil à retordre aux Egyptiens chez eux, on doit donc garder notre calme durant les 90 minutes. Les joueurs qui seront sur le banc doivent se préparer à rentrer à tout moment et doivent encourager ceux qui seront sur le terrain. Ces derniers doivent jouer le match de leur vie en donnant tout sur le terrain. C'est de cette façon qu'on peut battre les Zambiens. Que Dieu nous donne la force pour y arriver. * Quel serait l'apport du public, selon vous ? Ce sera notre 12e homme, c'est lui qui va nous porter vers la victoire à condition qu'il nous soutienne du début jusqu'à la fin du match. On lui promet en contrepartie de tout donner durant les 90 minutes pour lui procurer de la joie. Ma seule inquiétude, et celle de tous les joueurs, concerne l'utilisation des fumigènes. Les supporters doivent comprendre que le lancement d'un fumigène ou de tout autre projectile peut nous éliminer. Après le match et notre victoire, inch'Allah, on allumera les fumigènes tous ensemble dans les rues du pays. * Sincèrement Rafik, allez-vous suivre ce samedi le match Rwanda-Egypte ? Je ne pense pas parce que je serai plutôt concentré sur notre match à nous, mais je ne vous cache pas que je suivrai l'évolution du score, car ça nous intéresse tout simplement. Mais attention, le résultat de ce match ne changera rien à notre motivation car nous savons que notre objectif à nous c'est de gagner nos deux prochains matchs à domicile sans se soucier des autres. * Que craignez-vous le plus chez l'adversaire ? Ecoutez, si on est dans un bon jour et si on est forts mentalement et physiquement, on ne craint aucun adversaire. On sait que les Zambiens vont nous attendre derrière pour opérer en contres, la solution donc c'est de leur marquer dès le début du match pour les obliger à se découvrir. C'est en tout cas le scénario idéal, mais au risque de me répéter, on doit être humbles et respecter l'adversaire pour pouvoir s'imposer. * Mais vous avez déjà battu ces mêmes Zambiens chez eux, vous avez même été l'auteur du but du KO... Moi, je vois les choses autrement. On a certes battu la Zambie chez elle, mais notre dernier match, c'est celui de l'Uruguay qu'on a également battu. Il faut donc continuer sur cette dynamique de victoires, car ça fait longtemps que l'équipe nationale n'a pas emmagasiné autant de confiance. C'est cette confiance qui pourra être notre atout dimanche. * Avez-vous un message à adresser aux supporters ? J'ai plutôt deux messages : l'un pour les supporters et l'autre pour mes jeunes coéquipiers de l'équipe nationale. Aux supporters, je dirai que moi-même j'ai vibré pour l'équipe nationale à partir des tribunes et je connais les sensations que peut procurer une victoire ou une qualification en Coupe du monde. Des gens vont sacrifier le f'tour en famille pour passer la soirée dans le stade juste pour nous soutenir, nous n'avons donc pas le droit de les décevoir. A mes jeunes coéquipiers, je dirai que tout va très vite en football et que la chance que nous avons aujourd'hui de jouer une Coupe du monde et de relancer le football algérien peut ne pas se présenter de nouveau. Je suis bien placé pour en parler, moi qui ai vécu quelques déceptions durant les dix années que j'ai passées chez les Verts. Il ne faut pas qu'ils ratent cette chance extraordinaire d'entrer dans l'histoire. Entretien réalisé par Mohamed Saâd