«Je serai présent sur le banc face à l'ESS.» L'entraîneur du Mouloudia d'Alger a accepté de nous accorder, hier, une interview dans laquelle il s'est défendu et pris aussi la défense de ses joueurs. On vous laisse le soin de la découvrir. Vous vous êtes préparés pour la finale dans de très bonnes conditions, finalement vous avez perdu. A votre avis, quelles en sont les raisons ? Je pense qu'on a beaucoup parlé avant ce match, notamment du côté des joueurs. Je les avertis et je leur ai demandé d'arrêter de trop faire de déclarations. La preuve, c'est qu'on était déconcentrés en ratant beaucoup d'occasions. Cela est dû aussi à l'excès de précipitation. C'est vraiment dommage ! Qu'avez-vous regretté en fin de match ? On a regretté le fait d'avoir manqué des occasions nettes de scorer. On a été supérieurs à l'USMA en attaque qui s'est contentée uniquement de défendre. Je ne dis pas qu'elle ne mérite pas sa consécration, au contraire, les Usmistes se sont créé une occasion qu'ils ont concrétisée. Sans aucun doute, vous êtes triste après avoir perdu votre deuxième finale consécutive. C'est sûr. Je voulais décrocher mon premier trophée en tant qu'entraîneur, malheureusement ce ne fut pas le cas. Je pense que l'arbitre Haïmoudi a été vicieux. Il cassait nos offensives et avait accordé un coup franc à l'USMA, alors qu'il y avait avant une faute en notre faveur. Je pense aussi que nos joueurs étaient naïfs. Lorsqu'ils composent le mur, ils sont loin du tireur du ballon, mais lorsque le coup franc est pour nous, les joueurs de l'USMA sont très près du ballon. Je pense que cela est du ressort du capitaine et même des joueurs. Ne croyez-vous pas que Haïmoudi a reçu des instructions pour casser le Mouloudia ? Je n'incrimine pas Haïmoudi, mais sa manière de diriger le match me laisse douter. C'est vous qui devez faire des investigations dans ce sens. Certaines gens vous ont accusé d'avoir aligné des joueurs en manque de compétition... Je n'avais pas le choix. Il fallait compter sur ces joueurs. J'ai incorporé certains face à El Eulma, mais ils n'ont rien montré de positif pour les aligner en finale. Il y avait certes Yachir qui était dans un jour sans, mais Bouguèche et Djallit se sont procuré beaucoup d'occasions. Je considère que l'équipe a fait un bon match et le groupe était bien organisé sur le terrain. Si on comprend bien, ceux qui étaient sur le banc ne pouvaient pas apporter le plus escompté ? Seuls les journalistes disent que le Mouloudia possède un meilleur effectif. En nombre oui, mais pas en qualité. Si Hadj Aïssa avait été en forme, il aurait pu apporter un plus. En tout cas, je donnerai la chance prochainement aux remplaçants pour qu'ils bénéficient d'un temps de jeu plus conséquent, je ne vais quand même pas les briser ! Racontez-nous ce qui s'est passé au vestiaire, après le coup de sifflet final car cela a pris de l'ampleur. Au coup de sifflet final, je me suis dirigé vers le trio d'arbitres pour lui montrer ma colère, je lui ai dit ce que je pensais de lui, et rien d'autre. Par la suite, j'ai regagné le vestiaire. Là, j'ai vu les joueurs rentrer, je pensais qu'ils allaient changer leurs maillots. Une fois à l'intérieur, il y avait de la colère, des larmes et beaucoup de choses... Le ministre était venu par la suite ainsi que les représentants de la FAF, je leur ai dit que l'arbitre nous a lésés, c'est tout. Certaines rumeurs disent que vous avez tenu de graves propos au ministre. Est-ce vrai ? Jamais ! Ceux qui ont sorti ces rumeurs veulent faire de Menad un bouc émissaire. Je ne parle jamais de cette manière à un haut commis de l'Etat. Je lui ai dit seulement que l'arbitrage nous a lésés. Je ne comprends pas pourquoi des personnes veulent m'incriminer. Ai-je commis une faute grave ou un délit ? Est-ce que j'ai volé pour qu'on parle de limogeage ? Et puis, en 2006, même Zinédine Zidane n'était pas monté à la tribune prendre sa médaille après la défaiute de la France face à l'Italie en finale du Mondial. Je ne vois donc pas pourquoi on est en train de dramatiser les choses. Ne pensez-vous pas que vous aviez un rôle à jouer en tant qu'entraîneur ? Mon rôle en tant que coach est purement sportif avec tous ses volets, c'est tout. Concernant le respect du protocole et les sujets administratifs et autres, cela est du ressort de la direction du club. C'est aux responsables d'assumer leurs responsabilités. Moi aussi, j'étais en colère après la défaite et j'avais besoin de quelqu'un pour me consoler. Si je ne suis pas monté, cela ne veut pas dire que je ne respecte pas les autorités. Au contraire, je leur voue beaucoup de respect. Sonatrach et la commission discipline de la ligue vous ont-elles convoqué ? Je leur dirai la même chose. Je tiendrai le même discours. Dans les rouages du club, on parle de votre limogeage... On ne m'a pas mis au courant. Ce sont des informations parues à travers la presse. Pour moi, je serai présent face à l'ESS lors du prochain match. Comment allez-vous préparer le match de l'ESS ? Je sais que la reprise après une défaite en finale est très dure. J'espère que tous les joueurs seront présents à la reprise pour essayer de bien travailler avant le match. Ne craignez-vous pas une lourde sanction ? Non, je ne peux pas être sanctionné avant d'être auditionné. J'attends ma convocation pour livrer ma version des faits. Avant de conclure, songez-vous à votre avenir ? Non. Sincèrement, je me concentre sur la fin de saison. Je n'ai pas de contact en ce moment. Je préfère rester au Mouloudia pour contribuer au grand projet entrepris. ------------------------------------ Ghrib, principal accusé Le scandale de la finale de la Coupe d'Algérie est très loin de connaître son épilogue. Cette affaire ne cesse de faire l'actualité dans les milieux footballistiques en Algérie, mais aussi dans l'entourage du club phare de la capitale. Les Mouloudéens ont dénoncé avec rigueur la gaffe commise par les dirigeants du club, étant donné qu'ils sont les premiers responsables. Nous avons ainsi tenté de reconstituer la version, en s'appuyant sur des témoignages de certains joueurs qui ont voulu garder l'anonymat. Selon eux, le premier responsable de cette honte est bien évidemment le coordinateur de la section football, Omar Ghrib qui a donné l'ordre aux camarades de Babouche de rentrer directement au vestiaire et de ne pas récupérer leurs médailles, avant de faire machine arrière devant les autorités, en versant des larmes qui n'étaient finalement que de la poudre aux yeux. Un joueur nous a donné sa version : «On rentrait directement au vestiaire pour prendre notre douche sur demande de Omar Ghrib, avant de nous faire part de sa décision de ne pas monter récupérer les médailles pour protester contre l'arbitrage vicieux de M. Haïmoudi qui nous a carrément sabotés.» Et d'enchaîner : «Certains joueurs étaient étonnés de cette décision, alors que d'autres obéissaient en cautionnant sa décision (NDLR : il s'agit d'un joueur, selon une source proche du club), mais ils ont tout de même préféré garder le silence.» Un autre joueur raconte la suite des faits : «Dès que je suis rentré au vestiaire, il était en ébullition. Je ne comprenais pas ce qui s'est passé. Par la suite, j'ai compris qu'on n'allait pas monter pour recevoir nos médailles. L'entraîneur Menad ne voulait pas monter lui aussi, car il était furieux. Par la suite, trois joueurs et le staff médical ont décidé de monter, mais c'était trop tard.» Une autre source présente dans le vestiaire nous raconte même qu'un grave incident s'est produit au moment de la présence du ministre de Jeunesse et des Sports , Mohamed Tahmi : «Au moment où Tahmi était descendu au vestiaire, Ghrib, qui était devant la porte, a envoyé une personne pour rappeler aux joueurs qu'il leur était interdit de monter à la tribune officielle et prendre les médailles, même face à l'insistance du MJS, lequel avait, par la suite, discuté avec quelques joueurs, mais ces derniers refusaient d'abdiquer en obéissant à Omar Ghrib.» Selon une source proche du club, le joueur ayant cautionné la décision de Ghrib n'est autre que le gardien de but de l'équipe, Faouzi Chaouchi, lequel était en colère envers Djamel Haïmoudi, l'arbitre de la partie, suite à la défaite de son équipe, avant de s'attaquer directement aux représentants de la fédération et à ceux du ministère de la Jeunesse et des Sports. D'ailleurs, c'est à cause de ce comportement que le portier des Vert et Rouge risque une très lourde sanction. Ainsi, avec un tel comportement, les choses sont bien claires : les joueurs du Mouloudia étaient dans l'obligation d'obéir à leur responsable au moment où Amrouche tentait d'apaiser les esprits. ---------------------------------------- Présents aujourd'hui à l'entraînement Amrouche et Ghrib vont se réunir avec les joueurs C'est aujourd'hui à 16h que les joueurs du Mouloudia reprendront les entraînements au stade annexe du 5-Juillet, en présence de l'entraîneur en chef, Djamel Menad qui, jusqu'à preuve du contraire, est toujours en poste. Après avoir perdu la Coupe d'Algérie face à l'USMA, et suite à l'affront dont tout le monde en parle, c'est avec un moral à plat que les coéquipiers de Babouche vont reprendre le chemin des entraînements, et il faudra à Menad trouver les mots nécessaires pour les réconforter et se préparer à affronter l'ESS mardi prochain, en championnat. A l'occasion de la reprise des entraînements, le président Kamel Amrouche et le coordinateur de la section football Omar Ghrib vont se déplacer au stade annexe du 5-Juillet pour se réunir avec les joueurs et essayer à leur tour de les inciter à fournir les efforts nécessaires mardi prochain. Le Mouloudia ne veut pas rater l'accessit de la Ligue des champions Après avoir perdu la finale de la Coupe d'Algérie, le Mouloudia a raté l'un de ses objectifs tracés en cette fin de cet exercice. Toutefois, la saison est loin d'être terminée, car le MCA préserve ses chances intactes pour disputer la Ligue des champions la saison prochaine. A quatre journées de la fin du parcours, les poulains de Menad sont à huit longueurs de l'ESS, et une victoire sur le leader leur permettra de consolider leur place dans le classement. Une consécration en Coupe d'Algérie a certes de la valeur, du fait qu'il y a plus d'engouement pour l'épreuve populaire, mais sur un plan purement sportif, c'est la deuxième place du championnat qui a le plus de valeur, du fait qu'elle permettra au MCA de jouer la Ligue des champion, alors que le détenteur de la Coupe d'Algérie ne pourra que disputer la Coupe de la CAF. Ainsi, et pour le standing du Mouloudia, les responsables de Sonatrach misent sur la prestigieuse coupe africaine. Des cadres de l'équipe ont critiqué leur coach Décidément, l'échec en Coupe d'Algérie n'a pas manqué de soulever le mécontentement des cadres de l'équipe qui ont critiqué leur coach. Ces derniers ont confié à leurs proches que le coach a sa part de responsabilité dans cette défaite en finale face à l'USMA. En effet, ils lui reprochent les changements tardifs, du fait que le second n'a été opéré qu'à cinq minutes de la fin du match. Sans pour autant évoquer le changement de Yachir, du fait que ce dernier ne devait jamais sortir et qu'il était plus judicieux de faire rentrer un autre attaquant, surtout que l'USMA s'était carrément regroupée derrière.