«L'arbitre Sandrick Bitton m'a dit dans un SMS que notre but était valable» «En voyant 20 000 drapeaux algériens, j'ai eu la chair de poule» «Un Saïfi n'a pas besoin de 8 occasions pour marquer» «J'ai beaucoup entendu dire sur les Algériens, mais j'ai découvert un peuple chaleureux» Fair-play malgré la défaite, Hervé Renard a digéré le revers subi par la Zambie face à l'Algérie, en dépit du but refusé. A présent, il se tourne vers le match face à l'Egypte qu'il compte préparer avec la même minutie tactique qu'il a préparé celui face aux Verts. Et avec la même détermination de l'emporter. * Lors de la conférence de presse ayant suivi le match, vous aviez déclaré, sûr de vous, que le but qui vous a été refusé était parfaitement valable. Qu'est-ce qui fait que vous avez été formel sur ce point, alors que vous n'aviez pas protesté au moment où l'arbitre avait invalidé le but ? Sur l'action, j'étais trop loin pour juger de la validité du but ou non. Je me suis donc fié à la décision de l'arbitre qui, pour moi, était mieux placé. Seulement, à la fin du match, j'ai ouvert mon téléphone portable et j'ai trouvé trois messages de trois personnes différentes qui disaient que le but était valable. Il s'agissait, de surcroit, de personnes tout à fait neutres puisqu'elles résident en France. Ce sont des gens qui ont suivi le match à la télévision et qui ont donc pu voir les images au ralenti. Parmi ces trois personnes, il y a même un arbitre de Ligue 1 à la retraite, Sandrick Bitton. Voilà pourquoi j'étais sûr de moi à la conférence de presse. * Estimez-vous avoir été lésé ? Sur le but, oui. Nous aurions pu prendre un point dans ce match et cela n'aurait pas été volé. Je dirai même plus : si nous menions 1 à 0, le match n'aurait pas été le même. Cela dit, on ne peut rien changer. Le fait est là : la Zambie a perdu et c'est l'Algérie qui a gagné. Tant mieux pour vous ! J'estime aussi que nous avons fourni notre meilleur match, encore meilleur que celui fourni au Caire face à l'Egypte. * Ah, bon ? Vous le croyez vraiment ? Oui. Nous avons joué comme il fallait et nous avons mis l'Algérie en danger. Il nous manquait seulement l'efficacité. * Qu'est-ce qui n'a pas marché selon vos prévisions ? Y a-t-il quelque chose que vous regrettez ? Je regrette que nous n'ayons pas maîtrisé comme il se doit le début de la deuxième mi-temps et d'avoir permis aux Algériens d'arriver souvent dans notre camp. Pourtant, j'avais insisté auprès de mes joueurs, à la mi-temps, sur la nécessité de presser les Algériens très haut et de les empêcher de développer leur jeu. Malheureusement, on leur a laissé trop de champ dans le premier quart d'heure de la seconde période et cela nous a coûté un but. Un joli but, il faut le dire, avec une excellente passe de Ziani pour Matmour et Saïfi qui était là où il le fallait. Sur le but, mon défenseur gauche a mal anticipé le décalage de Matmour et mon défenseur central a suivi le ballon au lieu de marquer Saïfi, alors que je répète inlassablement à mes défenseurs que, dans pareils cas, il faut abandonner le marquage de zone et appliquer un marquage individuel sur les attaquants. * Tous les observateurs ont reconnu que vous avez mis au point un schéma tactique qui a considérablement gêné l'équipe d'Algérie. Sur quels matches vous êtes-vous basé pour élaborer votre stratégie de jeu ? Je vais vous faire une confidence : je n'ai jamais regardé le match Algérie-Uruguay. Je ne l'ai pas fait parce que ça ne servait à rien de visionner un match amical. Je me suis basé uniquement sur la rencontre aller disputée à Chililabombwe. J'ai revu le match plusieurs fois. Il fallait bloquer la transmission du ballon entre la défense et l'attaque et cela ne pouvait se faire qu'à travers un marquage très haut. Je savais que si on laissait un Ziani s'approcher trop avec le ballon des abords de notre périmètre, ça allait faire mal. Nous avions également mis l'accent sur les balles arrêtées car le premier but du premier match a révélé à quel point mes défenseurs ont été naïfs et passifs. Cette fois-ci, nous avons été meilleurs sur ce point. * Vous avez déclaré, à la fin du match, que l'Algérie est déjà au Mondial alors que, mathématiquement, rien n'est encore joué. Etes-vous donc tellement convaincu de pouvoir stopper l'Egypte le 10 octobre prochain ? Oui, nous pouvons stopper l'Egypte. * Vous le dites par conviction et objectivement ou bien est-ce juste pour la galerie ? Je le dis parce que je le crois sincèrement. D'abord, il nous faut un point pour assurer notre qualification pour la CAN, en tablant, bien entendu, sur une victoire de l'Algérie le lendemain face au Rwanda. Le rêve de la Coupe du monde est trop grand pour la Zambie compte-tenu de ses moyens, mais la CAN est tout à fait dans ses cordes et elle ne peut pas se permettre de passer à côté de cet objectif. Je vous l'avais dit avant même le premier match contre l'Algérie : mon objectif à moi est une qualification à la Coupe d'Afrique des nations. Nous sommes à un point de réaliser cet objectif et nous n'allons pas rater cette chance. Ensuite, nous avons les capacités de battre les Egyptiens. Devant le peuple zambien, nous ne devons pas rater cette occasion. * Mardi, au cours d'une conférence de presse, le sélectionneur algérien, Rabah Saâdane, a dit que nous sommes en Afrique et qu'il se pourrait que les autorités zambiennes vous limogent après la défaite de dimanche passé, ce qui pourrait perturber vos joueurs avant le match face à l'Egypte. Vous a-t-on fait des reproches à votre retour en Zambie ? Non, aucun. Les gens ont vu le match et ont bien vu que nous avons joué comme il fallait. Le résultat a été accueilli avec déception, mais sérénité. Quand même, les gens ne sont pas fous. Ils ont remarqué qu'il y a eu quand même beaucoup de progrès dans tous les domaines au sein de l'équipe. Cela dit, si un jour on me dirait qu'il faut que je stoppe, je m'en irai travailler ailleurs, tout simplement. J'ai 40 ans et j'en suis déjà à mon cinquième poste. C'est cela le métier d'entraîneur. Qui sait où j'atterrirai la prochaine fois ? * Peut-être en Algérie, qui sait ? Cela ne devrait pas plaire beaucoup à M. Saâdane (rire). Il n'est pas sûr qu'on voudra de moi chez vous. * Pourtant, le savoir-faire tactique dont vous avez fait montre contre l'Egypte au Caire et face à l'Algérie à Blida a séduit l'opinion publique… Je sais, car on me l'adit en Algérie, mais il reste quand même que c'est l'Algérie qui a gagné. Ne croyez surtout pas que l'Algérie a mal joué. Au contraire, elle a bien joué le coup. Votre équipe n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'elle mène au score. C'est son style de jeu. J'ai dit à mes joueurs que si les Algériens ouvraient le score, ce serait très difficile de leur marquer. La différence entre votre équipe et la mienne est que la vôtre possède des joueurs qui jouent à un haut niveau. Au match aller, j'ai comptabilisé 8 occasions en notre faveur, qui n'ont pas été concrétisées. Saïfi, lui, n'a pas eu besoin de 8 occasions pour mettre son but. * Comment avez-vous trouvé l'ambiance au stade de Blida par rapport à celle du Cairo Stadium ? On ne peut pas comparer sur le plan du nombre puisque le stade du Caire peut contenir deux fois plus de monde que celui de Blida. Cependant, lorsqu'on voit que sur 40 000 spectateurs, 20 000 tiennent un drapeau algérien, c'est carrément impressionnant ! J'ai beau être Français et sélectionneur de la Zambie, je n'en ai pas moins eu la chair de poule. Cela illustre toute la chaleur que j'ai ressentie dans votre pays. * Vous avez donc apprécié votre séjour ? Oui, énormément. Il y a beaucoup d'Algériens en France et lorsqu'ils parlent de l'Algérie, on ne sait pas qui dit vrai, qui dit faux et qui exagère. En venant dans votre pays et en y restant quatre jours, j'ai pu me faire par moi-même une idée sur votre peuple. Croyez-moi, j'ai été touché par les marques de gentillesse et la chaleur de tous les gens que nous avons côtoyés. Vraiment, tout s'est très bien déroulé : le site d'entraînement était à la distance déclarée, l'escorte était assurée, les commodités étaient réunies… De plus, les personnes qui s'occupaient de nous étaient aux petits soins, que ce soit avant ou après le match. Sincèrement, je garderai un souvenir impérissable de ce séjour, mis à part la mésaventure que j'ai eue à l'hôtel (lire encadré, ndlr). * Le 10 octobre, tous les Algériens seront des supporters de la Zambie. Pouvez-vous leur promettre de ne pas les décevoir ? Ah, je travaille donc pour l'Algérie ? Vous m'embauchez (rire) ? Quand vais-je commencer (il redouble de rires) ?... Plus sérieusement, je sais que les Algériens espèrent que les Egyptiens ne gagneront pas chez nous. Je peux leur promettre que nous le voulons également parce que nous avons besoin d'un point pour aller en Coupe d'Afrique. Donc, ils peuvent compter sur notre détermination. * Vous avez besoin d'un point. Est-ce à dire que vous ferez des calculs d'épicier pour gérer un nul ou bien jouerez-vous pour gagner ? Je commence toujours un match avec l'idée de le gagner. Un entraîneur qui joue pour le nul ne connaît pas son métier. Entretien réalisé par Farid Aït Saâda 700 dollars lui ont été volés à l'hôtel Hervé Renard le dit dans l'interview : il garde de bons souvenirs de son séjour en Algérie. Cependant, il y a eu un point noir : on lui a volé 700 dollars dans sa chambre. «Cela s'est passé alors que les femmes de chambre faisaient le nettoyage. En remontant dans ma chambre, je n'ai pas trouvé l'argent. J'ai signalé le vol à la réception», nous a-t-il révélé. La femme de chambre qui s'était occupée de l'étage où nous nous trouvions a été convoquée, auditionnée et fouillée, mais elle a déclaré n'avoir rien volé et aucune somme d'argent n'a été découverte sur elle. «Dommage ! Je ne remets pas, pour autant, en cause la disponibilité et la gentillesse du personnel qui s'est occupé de nous», a-t-il conclu.