Soirée algérienne à Doha pour fêter les héros «Je me sens comme sur un nuage, je plane depuis que l'arbitre a sifflé la fin du match contre l'Egypte au Soudan. Cette qualification est un cadeau d'Allah car nous le méritons vraiment cette fois», nous a confié Rafik Saïfi qui n'arrive pas à se débarrasser de ces sensations propres aux voltigeurs. Et comment peut-il en être autrement pour lui et ses camarades de la sélection après cette splendide qualification aux dépens du double champion d'Afrique en titre ! Non, Saïfi a plein droit de rester au ciel, accroché à ses nuages. C'est à nous tous d'aller les chercher dans chaque escale pour les faire voler aussitôt. Soirée algérienne à Doha pour fêter les héros C'est justement cela que Saïfi est en train de vivre à Doha depuis son retour en club. L'accueil royal de l'aéroport ne semble pas avoir contenté ses fans du Qatar qui ont prévu de fêter leur mondialiste algérien en organisant une fête grandiose à l'algérienne dans la soirée d'hier en son honneur et à celui de toute son équipe. Près de 250 Algériens résidant dans les environs ont tenu, en effet, à célébrer les héros du peuple à travers Rafik Saïfi. Il a tenu à jouer avec son club pour montrer sa totale implication Le deuxième capitaine des Verts était tout ému d'apprendre la nouvelle qui l'a touché au plus haut point. Et ce ne sont pas les émigrés algériens qui sont derrière ces louables initiatives, puisque même les dirigeants d'Al Khor ont tenu à fêter leur joueur en allant l'accueillir eux aussi à l'aéroport à minuit. Comprenant sa fatigue du stage, des deux matches et des voyages (Doha, Italie, Le Caire, Khartoum, Alger, puis Doha), les responsables d'Al Khor ont voulu accorder à Saïfi quelques jours de repos. Mais ce dernier a insisté à jouer afin de leur montrer sa totale implication dans la vie du club. C'est ainsi qu'il a joué toute la seconde période avec son équipe qui a été accrochée à domicile (1-1) par Al Ahly. Invité d'honneur d'Al Kaas En effet, les journalistes de la chaîne Al Kaas, à leur tête M. Benoumechiara en sa qualité de rédacteur en chef, l'ont épaté avec cette photo qui n'avait rien à voir avec l'équipe nationale, mais remontant plutôt au temps de sa jeunesse, à ses débuts au sein du Mouloudia d'Alger. Un geste que l'ex-Chenoui a fortement apprécié, lui qui a gardé dans son cœur tout l'amour qu'il porte au club qui l'a fait connaître. Saïfi était même étonné de découvrir cette photo qu'il dit «n'avoir jamais vue de toute (sa) vie». La surprise était de taille et l'ambiance très chaleureuse sur le plateau. Une tarte de 5 mètres et la photo du temps du MCA dessus ! Mais l'Algérien n'était pas au bout de ses surprises dans la coquette ville de Doha où le faste fait partie du décor naturel et des us et coutumes des autochtones. Juste après ce match, la chaîne de télévision locale Al Kaas l'a invité sur le plateau de l'émission phare intitulée «Al Majlis» où bien des surprises l'attendaient. A commencer par la présence d'une tarte géante de près de cinq mètres sur laquelle il y avait sa photo. L'émotion de Saïfi était palpable en raison du geste, mais aussi de la symbolique de cette photo. «Mon plaisir est double avec cette photo car ce sont deux équipes qui me sont très chères : l'EN et le MCA. C'est là que j'ai pu réaliser mes rêves de footballeur et c'est là que j'ai eu le plus d'honneur et de reconnaissance», a-t-il confié sans omettre de demander aux journalistes d'Al Kaas d'où ils ont pu dénicher cette photo rare. Et c'est dans une ambiance très algérienne que s'est terminée l'émission avec de la musique de chez nous et le retentissant «One, two, three… Viva l'Algérie !» que le monde entier va finir par apprendre avant le Mondial sud-africain à force d'être entonné aux quatre coins de la planète depuis le match de Khartoum. N. D. ------------------ «Oubliez l'Egypte et ne regardez plus leurs télés !» * Comment avez-vous vécu votre retour au Qatar ? De manière très émouvante. Sincèrement, je ne m'attendais pas un tel accueil. Je me disais qu'il allait y avoir deux à trois amis histoire de fêter ensemble notre qualification au Mondial sans plus. Mais une fois à l'aéroport, j'ai été ému de voir tous ces gens qui m'attendaient à cette heure tardive de la soirée. Je ne les remercierai jamais assez pour leur geste. C'est un honneur pour moi et pour toute l'Algérie. Même les dirigeants de mon club ont tenu à être de la partie. Ce qui prouve encore une fois le respect qu'ils vouent à leurs joueurs et les bonnes manières qui caractérisent les dirigeants d'Al Khor et de tout le football au Qatar. * La télé aussi a tenu à vous honorer. Vous baignez dans le bonheur total depuis Khartoum, non ? Et comment ! Je suis dans un nuage et je ne veux pas en retomber. Je plane depuis que l'arbitre a sifflé la fin du match contre l'Egypte au Soudan. Cette qualification est un cadeau d'Allah car nous le méritons vraiment cette fois. Comme vous voyez, même la télévision qatarie a été de la partie dans notre joie en m'invitant à l'une de ses émissions. L'accueil a été des plus chaleureux. C'est vraiment émouvant de recevoir autant d'éloges. C'est un honneur pour moi et pour tout le football algérien qui a prouvé qu'il peut rebondir et défier les grandes équipes dès lors qu'on veut bien lui donner de l'importance et les moyens nécessaires pour sa progression. * Vous attendiez-vous à de telles surprises à la télé ? Franchement non. Je pensais qu'on allait juste évoquer le match et tout ce qu'on a vécu au Caire et à Khartoum. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils ramènent cette tarte géante sur le plateau avec sus une photo de moi lorsque je jouais au Mouloudia d'Alger. Franchement, j'ai été bluffé, car la photo qu'ils ont choisie, je ne l'ai jamais vue auparavant. Cela m'a rappelé les moments de mes débuts avec les Chnaoua. Je ne peux que les remercier pour ce qu'ils ont fait. * Que vous ont dit les Qataris au sujet du match contre l'Egypte. Etaient-ils pour l'Algérie ou pas ? Tous ceux avec qui j'ai discuté, sans exception aucune, m'ont assuré qu'ils étaient pour l'Algérie. Je connais un peu plus les gens au Qatar, ce ne sont pas des menteurs ou des hypocrites. S'ils avaient supporté l'Egypte, ils me l'auraient dit sans souci. Mais je peux vous assurer que tout le monde était pour la victoire des Algériens. Les supporteurs d'Al Khor aussi m'ont dit qu'ils avaient vibré avec nous lors des deux matches qu'on a joués. * On suppose que dans le vestiaire aussi vos coéquipiers ont réagi à ce match, non ? Et comment ! Dès que j'ai fait mon entrée dans le vestiaire, mes coéquipiers sont venus me féliciter l'un après l'autre pour cette qualification, en scandant tous en chœur notre célèbre slogan «One, two, three… Viva l'Algérie !» C'était très émouvant de les entendre tous chanter pour moi et pour les Algériens. C'est un geste qui m'est allé droit au cœur. De même que les autres chants locaux que je ne connaissais pas et qui intégraient Saïfi dedans. Franchement, ils ont été parfaits avec moi. * Vous avez tenu à jouer le match contre Al Hilal malgré la fatigue des deux matches et des voyages. Pourquoi ? Je suis un joueur d'Al Khor à part entière. Ce n'est pas parce que j'ai joué avec la sélection de mon pays que je vais demander qu'on m'accorde une fleur pour me reposer. L'équipe a besoin de tous ses joueurs. Je suis un joueur professionnel et je me devais donc de respecter mes engagements envers mon club. Je me suis mis à la disposition de l'équipe malgré la compréhension du coach et des dirigeants qui m'ont demandé de me reposer. J'ai donc joué la deuxième mi-temps contre Al Hilal pour montrer que je m'implique totalement dans la vie du club. Mais malheureusement, on n'a pas pu gagner ce match (1-1). * Que dit la presse qatarie au sujet de la qualification algérienne ? A chaque fois que j'ouvre un journal, je lis des éloges et des félicitations suite à notre qualification au Mondial. Tout le monde est revenu sur notre prestation qualifiée d'«héroïque », surtout après ce qu'on nous a fait subir au Caire. Les commentaires des journalistes du Qatar sont tous en notre faveur. Cela réchauffe nos cœurs tous les jours, car ça nous confirme que nous avons été victimes de la hogra en Egypte. Les Arabes sont tous unanimes à nous soutenir et c'est cela le plus important médiatiquement parlant. * Vous imaginez votre fin de carrière internationale maintenant ? C'est clair que c'est la fin dont rêve chaque joueur. Finir en sélection par une participation à la Coupe du monde n'est pas donné au premier venu. Al Hamdoullah, Dieu a exaucé nos prières à nous les joueurs, mais aussi celles de tous les Algériens. * Les télés égyptiennes n'arrêtent pas de diffuser des émissions dans lesquelles ils insultent les Algériens. Qu'en pensez-vous ? Pour nous, l'Egypte, c'est de l'histoire ancienne. Nous les avons battus sur le terrain et nous sommes qualifiés en Coupe du monde. C'est notre drapeau qui flottera dans le ciel de l'Afrique du Sud, pas le leur. Ils n'ont pas admis la défaite, c'est leur problème. Les Algériens devraient arrêter de regarder ces émissions débiles car on n'a plus rien à voir avec ces imbécillités. Ils ont le cœur brûlé depuis le but de Yahia et surtout après le coup de sifflet final. Je dirai aux Algériens de zapper ces chaînes et d'aller chanter et danser pour notre bonheur. Qu'on laisse les Egyptiens se lamenter sans donner la moindre importance à ce qu'ils éructent. Regardons droit devant nous, l'avenir est plus beau pour l'Algérie. Et tournons la page de l'Egypte une bonne fois pour toutes ! Entretien réalisé par A. C. et N. D.
