«Depuis que je l'ai connu à Valence, en 2010, il a beaucoup grandi comme footballeur» Le rendez-vous avec Juan Mata, l'international espagnol de Chelsea, était prévu à Recife, le 15 juin. A la dernière minute, toutes les rencontres des internationaux espagnols avec la presse ont été annulées. Le joueur a quand même tenu à honorer ses engagements en nous fixant un autre rendez-vous, à Rio de Janeiro, à trois heures de vol du lieu de notre rencontre avortée. Mauvaise nouvelle pour nous, le jour du rendez-vous, on devait rentrer au pays. Il fallait que Mata accepte de faire l'interview à l'arrivée de la délégation espagnole à Rio de Janeiro. La Roja devait arriver au Sheraton Rio vers 13h 30 en provenance de Recife, dans l'extrême-nord du Brésil, et notre vol pour Madrid était prévu à 18h 30. Va-t-il vouloir nous parler, après un vol de trois heures et au lendemain d'un match intense ? Pour connaître la réponse, il fallait se déplacer au Sheraton avec les bagages et tenter de convaincre le buteur de la finale de la Coupe d'Europe 2012. «On ne m'a pas parlé de camera» Vers 13h 35, un bus luxueux s'arrête devant l'entrée du Sheraton. Avant même la sortie des joueurs, des cris stridents d'une cinquantaine d'adolescentes commençaient à fuser, à quelques mètres derrière un impressionnant cordon de sécurité. Del Bosque descend le premier, suivi de quelques responsables de la Fédération puis des megastars espagnoles : Piqué, avec ses casques vissés sur les oreilles, Fabregas, Iniesta, Xavi, quatre joueurs qui se sont déjà exprimés sur les colonnes du Buteur. Défileront par la suite, Casillas, Sergio Ramos, Mata. L'occasion de dire au joueur de Chelsea qui nous sommes. «En principe c'est OK, mais adressez-vous à l'attachée de presse.» Premier contact avec l'attachée de presse et première douche froide : «D'accord pour quelques minutes, mais vous devrez attendre qu'il se douche et déjeune avant de lui parler, et pas de camera s'il vous plaît, on m'a parlé d'un journal algérien, pas d'une télé.» «Dans votre intérêt et le mien, il faut faire vite» Il fallait donc patienter encore un peu et vivre des moments de stress intenses, sachant qu'il y avait de fortes chances qu'on rate notre avion. Presque une heure plus tard, l'attachée de presse nous invite à descendre au sous-sol à côté du restaurant, pour éviter à Mata de rencontrer les nombreux fans qui ont réussi à pénétrer jusqu'à la réception. Vêtu d'un short bleu et du maillot rouge de la sélection espagnole, Mata est arrivé;,accompagné de l'attachée de presse de la Fédération espagnole, toujours au four et au moulin. Cette dernière nous a rappelé qu'il n'était pas question de filmer l'interview, mais Mata, qui n'arrêtait pas de sourire, lui a fait un signe de la main pour lui dire que la camera ne le gênait pas du tout. «Par contre, l'interview ne doit pas durer trop longtemps et ce, dans votre intérêt et le mien», nous a-t-il dit avant d'ajouter : «Vous avez un vol tout à l'heure, non ? Et moi, j'ai besoin de m'assoupir un peu pour récupérer du voyage.» Il fallait donc essayer de compresser tant bien que mal la vingtaine de questions qu'on avait en tête. Dommage, car on n'a pas l'occasion de rencontrer des gens aussi corrects dans ce monde fermé de stars. --------------------------- Feghouli meilleur pro de la saison, selon un sondage du Buteur Dans un sondage effectué dans le site internet du Buteur (www.lebuteur.com), Sofiane Feghouli a été désigné, par les internautes, meilleur joueur algérien évoluant en Europe de la saison 2012-2014. Le milieu de terrain du FC Valence a recueilli 25 % de voix, soit 42 126 votes sur les 173 464 enregistrés, devançant Faouzi Ghoulam (21 % de votes, soit 36 384) et Djamel Abdoun (20 %, soit 34 551 votes). --------------------------- «Depuis que je l'ai connu à Valence, en 2010, il a beaucoup grandi comme footballeur» Malgré le long voyage, malgré la fatigue, malgré vos engagements professionnels, vous avez accepté de nous accorder ces quelques minutes pour vous adresser aux Algériens. Nous vous en remercions vivement. Il n'y a pas de quoi me remercier. C'est un plaisir de discuter avec vous. A chaque fois, on dit que c'est la fin de l'équipe d'Espagne et de son fameux tiki-taka. Puis vous nous sortez des matchs d'une autre planète, comme face à l'Uruguay. C'est quoi votre recette ? Il ne faut pas oublier que cette sélection est en train de bien faire les choses depuis des années déjà. Exactement depuis la première Coupe d'Europe des nations gagnée en 2008 avec Luis Aragonès. Je crois que le secret, c'est l'envie et le talent : l'envie de continuer sur cette voie qui a ramené l'Espagne vers les sommets du football mondial et le talent d'une génération unique de footballeurs. Vous jouez dans l'une des meilleures équipes du monde, à savoir Chelsea, mais vous avez du mal à faire votre trou en sélection espagnole. Est-il si difficile d'être titulaire dans cette sélection ? D'un côté, je suis fier de faire de partie de la meilleure sélection de l'histoire de notre football, de notre pays. De l'autre, il est très compliqué de se faire une place au milieu de tous ces joueurs de très haut niveau. Il y a très peu de places à prendre et le coach a une mission très difficile pour choisir les meilleurs. Le plus important pour moi, c'est que je suis là et j'essaye de profiter de la moindre opportunité qui me sera donnée. La Roja a déjà remporté un triplé historique. Vous imaginez-vous gagner la Coupe du monde avec un quadruplé unique dans l'histoire ? Pour moi personnellement et pour tous les Espagnols, ce serait un rêve de remporter encore une fois la Coupe du monde. Mais on sait que personne ne nous fera de cadeau, comme cela a été le cas depuis quelques années. Je sais toutefois que notre atout, c'est notre envie de continuer à dominer le football. Je sais que l'été prochain, on sera encore plus forts. Il sera difficile de gagner la Coupe du monde, certes, mais ce sera très difficile de nous battre aussi. Lors de votre dernière saison à Valence, vous avez joué avec Sofiane Feghouli. Vous rappelez-vous encore de ce jeune joueur d'à peine 20 ans, venu du championnat de France ? Bien sûr ! Je me rappelle parfaitement bien de Soso. Nous avons joué à Valence pendant ma dernière saison là-bas, même si lui avait été prêté à Almeria, avant de revenir au moment où moi je quittais le club. Entretemps, il a beaucoup grandi en tant que footballeur, au point de devenir l'un des joueurs les plus importants de Valence. Il est important et il le sera encore pour de longues années, parce qu'il est encore jeune. C'est un joueur capable de déséquilibrer n'importe quelle défense. Ces dernières années, le FC Valence a été un excellent tremplin pour beaucoup de joueurs, vous-même, Silva, David Villa et d'autres. Pensez-vous que Feghouli a les qualités pour faire le grand saut dans une très grande équipe comme vous ? On verra bien. Ça dépendra de lui, de ses prestations, mais ça dépendra aussi des intentions du FC Valence. C'est-à-dire de la situation économique du club et de l'envie ou non des dirigeants de vendre certains joueurs. Notre cas est différent, que ce soit Silva, Villa ou moi-même, nous avons été transférés parce qu'à cette époque, le club était dans une très mauvaise situation économique et avait donc besoin de vendre des joueurs. Malgré tout, Feghouli est en train de jouer à un très haut niveau et il est en train de prouver d'une saison à une autre. Il vient de réaliser une autre très bonne saison d'ailleurs. Je sais qu'à Valence, les gens lui témoignent à chaque fois beaucoup d'affection. Vous trouvez normal qu'une équipe comme Valence laisse partir ses meilleurs joueurs chaque saison ? C'est normal dans la mesure où la situation financière du club impose cela. Toutefois, cela prouve la grandeur de ce club qui arrive toujours à faire partie des meilleures équipes de la Liga malgré le départ de ses meilleurs joueurs. Le jour où Valence réussira à garder ses meilleurs, il redeviendra un grand club d'Europe comme il l'a été il y a quelques années. L'Algérie est à une étape de la qualification en Coupe du monde. Vous voyez-vous en duel avec Feghouli lors d'un Espagne – Algérie l'été prochain ? On ne sait jamais vous savez ! Maintenant que je vous ai connu et que je vous ai accordé cette interview, je voudrais bien affronter Soso en Coupe du monde parce que c'est un très bon ami avant d'être un coéquipier. Vous allez donc souhaiter bonne chance à l'Algérie pour se qualifier en Coupe du monde... Je salue chaleureusement mes amis algériens et je souhaite beaucoup de chance à la sélection de votre pays pour la qualification en Coupe du monde.