«Je suis retourné au NAHD une nouvelle fois car c'était le souhait de mon père, avant sa mort» Le défenseur central du MOB, Sid Ahmed Kheddis, s'est exprimé dans ce long entretien sur l'ensemble de sa carrière. Du NAHD au MOB, en passant par la JSK et le MCA, Sid Ahmed nous a ouvert son cœur en parlant de certains points jamais évoqués dans les médias. Il nous a aussi parlé de son plus mauvais souvenir, à savoir la disparition de son père. Sid Ahmed nous a donné, pour la même occasion, les raisons de son retour au NAHD, même s'il a été marginalisé par les dirigeants. Le stage a pris fin ; un premier bilan ? Le stage s'est déroulé dans les meilleures conditions possibles. Je tiens à dire qu'on s'est vraiment fatigués durant cette préparation. En fait, nous sommes conscients que cela fait partie de notre travail. La préparation estivale est importante pour nous tous, c'est la raison pour laquelle ont s'est préparés pour résister à l'effort. A mes yeux, l'important est que tout ce soit bien déroulé. Effectuer un stage à l'étranger en plein mois de Ramadhan n'a-t-il pas été trop difficile pour vous ? Il est vrai que ça n'a pas été facile en début du stage, du moment que les joueurs voulaient le passer auprès de leur famille. Même sur le plan physique, on a eu du mal à trouver notre rythme. Mais par la suite, on s'est adaptés à la charge de travail qui était très élevée. Mais bon, on sait aussi que nous sommes des professionnelles et que nous devons nous sacrifier dans l'intérêt du club. Malgré cela, il y a eu une excellente ambiance au sein du groupe, non ? C'est d'ailleurs cette bonne ambiance qui nous a permis d'aller jusqu'au terme de cette préparation sans problème. Il est vrai que nous avons un groupe superbe, composé de jeunes joueurs. L'autre avantage est qu'il n'y a pas eu de blessure grave dans l'équipe. Seul Erouji (il fait allusion à Bendjenine) s'est blessé à la cheville. Mis à part lui, tous les autres joueurs étaient dans le coup. Toutefois, il va falloir confirmer cela avec le coach qui fera lui aussi le bilan général sur cette préparation. L'équipe-type s'est-elle dessinée ? A l'heure actuelle, les avis divergent. Je n'ai pas le même avis avec le coach et c'est normal, du moment que nous sommes en pleine période de préparation. Mais je pense que les choses vont s'éclaircir dans les prochains jours. Mais ce qui est certain, c'est que le niveau des joueurs est presque le même. Je pense aussi que tout se décidera d'ici à la fin du stage. L'entraîneur Rahmouni vous a déjà aligné en arrière gauche. Préférez-vous ce poste ou l'axe central ? Mon poste de prédilection est défenseur central. Il est clair que c'est là où je me sens le plus à l'aise. Mais lorsque le coach m'aligne sur le flanc gauche, je n'ai pas à discuter ses choix. Je joue sans le moindre souci. Sans doute, il a voulu me tester sur le côté gauche, histoire de voir s'il a des solutions de rechange ou pas. En tous les cas, cela ne me pose aucun problème. Mais beaucoup pensent que ce poste vous convient bien, du moment que vous avez réalisé d'excellentes prestations en latéral gauche ? Lorsqu'on a beaucoup joué dans le haut niveau, je pense qu'on prend l'habitude de jouer à différents postes. Lorsque j'occupe le flanc gauche, je sais ce qu'attend l'entraîneur de moi. Je dois d'abord tenir mon rôle de défenseur convenablement, mais aussi donner un plus à l'attaque. Je me suis habitué aux différents postes en défense et le coach peut se rassurer. Parlons maintenant un peu de vous et de votre carrière, beaucoup pensent que Sid Ahmed Kheddis est un joueur en fin de carrière, alors que vous n'avez pas encore dépassé les 27 ans. Êtes-vous conscient de cela ? (Il éclate de rire) C'est vrai ce que vous me dites là. Beaucoup pensent que je suis un joueur âgé, alors que je suis encore jeune. Je rigole souvent lorsque j'entends les enfants de mon quartier dire : «Vous vous souvenez de l'époque de Kheddis ?» Ça me fait marrer. Mais je pense que cela est dû au fait que j'ai commencé à jouer très jeune en seniors avec le NAHD. J'ai 27 ans aujourd'hui et j'ai 10 ans de carrière en 1ère division. Parfois, je ne vous cache pas que je me dis que j'aurais pu réaliser une bien meilleure carrière. Mais lorsque je pense qu'il y a des joueurs qui se sont relancés à 28 ans, ça me remonte le moral. Je prends exemple sur Ammour qui s'est relancé à 34 ans au CRB. Pensez-vous que vous êtes passé tout près d'une grande carrière ? Lorsque je sais que les gens considéraient Halliche et moi comme les futurs défenseurs de la sélection, oui, je me dis que je suis passé tout près d'une grande carrière professionnelle. Je pense que mon erreur est d'avoir pris la décision de quitter le NAHD précipitamment. L'année où je suis partie à la JSK, Halliche a joué une saison supplémentaire et il a décroché un contrat professionnel à l'étranger. Avec du recul, je me dis que je n'aurais jamais dû prendre des décisions hâtives. Il faut dire aussi que les blessures m'ont quelque peu freiné durant ma carrière. Quel est le choix que vous regrettez le plus dans votre carrière ? Avec du recul, je pense que je n'aurai pas dû quitter le NAHD, même si j'ai gagné des titres avec la JSK puis le MCA. Je reste convaincu que j'aurais pu décrocher un contrat professionnel en Europe. Mais je me dis aussi qu'à cette époque, les dirigeants du NAHD avaient tout fait pour se débarrasser de moi. Personnellement, je trouve que le NAHD méritait mieux que ces pseudo dirigeants qui n'ont rien à voir avec le football. Peut-on avoir des noms ? Je ne veux pas donner de noms. Mais tout ce que je peux vous dire, c'est que le fils du président à cette époque était un haggar. Nous les jeunes étions marginalisés. On nous donnait notre argent au compte gouttes. Je suis pourtant un joueur fidèle à son club formateur. Je pense que si on m'avait garanti mon argent, j'aurais passé toute ma carrière au NAHD. Mais puisque vous étiez marginalisé, pourquoi vous êtes alors revenu à nouveau au club ? C'est une longue histoire. Lorsque j'étais à la JSK, j'ai eu un grave problème avec l'entraîneur Moldovan qui m'a marginalisé. J'ai alors discuté avec le président Hannachi et j'ai demandé à quitter le club. Lorsque j'étais revenu à la maison, mon père était choqué par ma décision. Et le lendemain, il est allé voir Hannachi pour récupérer ma lettre de libération. Mais avant de sortir de la maison, il m'a dit : «Retourne au NAHD, mon fils !» Un mois plus tard, il nous a quittés. J'ai donc signé au NAHD pour réaliser son souhait. Je n'oublierai jamais aussi ce qu'il m'avait dit un jour. Peut-on le savoir ? Oui. C'était après le match USMH-NAHD. Le match était télévisé et j'avais réalisé une grande rencontre. Lorsque je suis rentré à la maison, mon père m'avait déclaré : « C'est maintenant que ton jeu commence à me plaire.» Et c'était une semaine seulement avant sa mort. Il faut savoir aussi que c'était la 1re fois que mon père m'avait parlé de football. Jamais il n'a discuté mes choix. Lorsque je lui disais que j'allais négocier avec telle ou telle formation, il m'a toujours dit : «Débrouille-toi !» Où étiez-vous lorsque vous avez appris la nouvelle de sa disparition ? La veille, on était à Saïda. On s'est parlés au téléphone et il m'avait demandé de me concentrer sur le match du Mouloudia d'Alger. Il m'avait dit qu'on allait les battre cette saison, après 15 ans sans victoire. Et le lendemain, j'ai appris qu'il était décédé (il marque un long silence). La Ligue a refusé de reporter la rencontre. Je n'ai pas joué, car j'étais très affecté, et le NAHD a réellement battu le MCA sur le score de 4 buts à 2. C'est l'une des confidences de mon père. Que Dieu ait son âme. Pourquoi avoir alors quitté à nouveau le NAHD ? Toujours pour les mêmes problèmes. C'était un scénario similaire que la première fois. J'étais capitaine d'équipe et les dirigeants n'ont pas apprécié que je défende les joueurs, or c'était mon devoir de le faire. Et le MOB, dans tout ça ? Il est vrai que je n'ai pas beaucoup apporté à l'équipe la saison dernière, pour cause de blessure. Mais je ne manque de rien ici. J'ai trouvé mes repères et je me sens parfaitement bien. Rejoindre le MOB était un défi pour moi. J'étais quasi certain qu'on allait accéder en Ligue 1. Aujourd'hui, je suis fier d'avoir marqué l'histoire de ce club en contribuant à son accession, pour la première fois de son histoire. Cette saison, l'objectif sera différent... Oui, je sais. Même si nous avons de jeunes joueurs, je pense que nous pourrons maintenir le club en Ligue 1. La force de cette équipe est qu'il n'y a pas de vedette. Tous les joueurs se disputent une place de titulaire. Je suis vraiment épaté par le rendement de certains jeunes, à l'image de Yettou, Betrouni et Boulaïnceur. J'essayerai de faire en sorte pour les aider et leur donner des conseils, afin qu'ils réussissent. Parmi les titres que vous avez gagnés, quel est celui qui demeure le plus précieux à vos yeux ? J'ai gagné 2 titres, l'un avec la JSK et l'autre avec le MCA. Ils sont tous importants à mes yeux. Mais je dois dire que le titre le plus précieux à mes yeux, je ne l'ai pas encore gagné. Lequel ? Celui de remporter la Coupe d'Algérie avec le NAHD. Le Nasria n'a qu'une seule coupe remportée par mon père. Je voudrais ajouter une seconde Coupe d'Algérie dans l'histoire de ce club. Je sais que ce sera difficile de le réaliser, mais je continuerai à rêver de ce titre. J'ai aussi plein de bons souvenirs avec le NAHD. Une fois, j'ai défilé de Boufarik jusqu'à Alger lorsqu'on avait battu le CRB. J'ai tout de même vécu de bons moment durant ma carrière.