Chose promise, chose due. Il avait promis de frapper fort et il a tenu parole. Farès Hamiti, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a été l'homme du match en cette soirée de vendredi dernier face au WAT. Après un premier but inscrit à la 32' de jeu, l'ex-Blidéen a réussi à doubler puis tripler la mise pour son équipe, respectivement aux 75' et 84'. En réalité, personne ne s'attendait à un tel réveil de l'attaquant kabyle, après 6 journées de championnat. En effet, Hamiti n'avait pas inscrit le moindre but durant les 5 premiers matches, à l'image de l'attaque des Canaris qui s'était montrée stérile jusque-là. Nous sommes tentés de dire que lorsque Hamiti se porte bien, l'attaque marche bien. Si certains ont été étonnés de la bonne forme de leur attaquant, ce n'est pas le cas du joueur qui n'a guère été surpris par sa prestation. Dans l'entretien qui suit, Farès nous a expliqué les raisons de cette résurrection. En fait, plusieurs paramètres entrent en jeu. D'un côté, la pression des médias qui ont souvent parlé du manque d'efficacité des attaquants ; de l'autre, la pression qu'il ressentait en tant qu'attaquant de la JSK. En outre, la confiance dont il bénéficie de la part du staff technique, des dirigeants et supporters l'a poussé à ne pas les décevoir une fois de plus. Ce hat-trick lui a surtout permis de retrouver toute sa confiance, lui qui est passé par des moments de doute. A. A. «Ce hat-trick est pour ceux qui ont toujours cru en moi» Après une semaine mouvementée, vous avez réussi à vous racheter en réalisant une éclatante victoire face au WAT. Comment avez-vous vécu ce match ? Je dirai que la rencontre a été très difficile, notamment en première période. Certes, nous avons réussi à scorer les premiers, avant d'être rattrapés au score. Dieu merci, la chance était cette fois-ci de notre côté. En seconde période, nous avons sorti le grand jeu et tout le monde connaît la suite. Avec du recul, je dois dire que la pression engendrée la semaine dernière a été bénéfique en quelque sorte, puisqu'elle nous a poussés à nous défoncer lors de cette rencontre. Que vous a dit votre entraîneur à la pause, avant de vous métamorphoser ? Il nous a dit qu'il avait confiance en nous et que le match était à notre portée. Ce qui a eu pour effet de nous faire prendre conscience de nos capacités. On ne s'imaginait pas terminer la rencontre avec un nul ou une défaite. De plus, le président nous a longuement encouragés à la pause. Tout cela nous a transcendés en seconde période. Tout le monde s'attendait à vous voir marquer un jour ou l'autre, mais certainement pas en réalisant un hat-trick. Savez-vous que vous avez émerveillé l'assistance ? Heureux de l'avoir fait. Toutefois, je dirai que ce fut peut-être une surprise pour certains, mais pas pour moi. Depuis la première journée de championnat, j'avais cette rage de marquer. A la fin de chaque rencontre, je passais des nuits blanches. Je n'admettais pas cette idée de ne pas marquer. Ce qui me rendait encore plus malade, c'est de voir les supporters m'applaudir à la fin de chaque rencontre alors que je n'avais pas encore rempli ma part du contrat. J'avais le sentiment de ne pas avoir accompli mon devoir. Avez-vous douté, à cette période-là ? Bien évidemment. Un attaquant qui ne se remet pas en question n'a rien à faire en football. Lorsqu'on veut faire quelque chose de bien, on se remet toujours en question. Moi, je n'arrêtais pas de le faire. J'avais par la suite peur d'avoir un complexe face au but. Sans se rendre compte, on se met de la pression. C'est comme ça, c'est la JSK. Qu'on le veuille ou non ! Cela aurait pu être pire, si les supporters vous avaient maltraités ? Exact. D'ailleurs, je n'image même pas vivre cette situation. C'est d'ailleurs dans ces situations difficiles que je me suis rendu compte de la chance que j'ai. On ne peut pas passer à côté lorsqu'on a un public pareil. De plus, j'estime que le soutien que m'ont accordé le staff et les dirigeants m'a beaucoup motivé. Après 5 journées sans marquer le moindre but, l'entraîneur n'a jamais songé à me mettre sur le banc. Je dirai que tous ces paramètres m'ont donné à réfléchir. C'est ce qui m'a permis de me révolter en quelque sorte lors de cette rencontre. Peut-on dire aujourd'hui que Hamiti s'est définitivement libéré ? Je l'espère. En tous les cas, après ce triplé j'ai repris confiance en moi-même. Maintenant, le plus dur reste à faire. Je dois confirmer cette bonne forme lors des prochaines journées. Je souhaite aussi que mon coéquipier Missou (le surnom de Braham-Chaouch) puisse lui aussi s'épanouir et marquer beaucoup de buts cette saison, car il a le talent et l'expérience pour y arriver. Il m'a toujours conseillé et j'apprends beaucoup à ses côtés. Pensez-vous au prochain derby de la Kabylie, vendredi prochain ? Pas pour l'instant. On va d'abord savourer cette belle victoire et penser à la suite du championnat. Nous aurons avant tout la possibilité de passer la fête de l'Aïd à la maison avec nos proches. Cela nous permettra de faire le break. Par la suite, on se penchera dès notre retour sur le prochain match face à la JSMB.
Ce sera votre premier derby kabyle, n'est-ce pas ? Exact. Et je ne vous cache pas que je meurs d'envie de le jouer. J'ai entendu dire qu'il a un cachet bien particulier. En tous les cas, c'est avec un grand plaisir que je découvrirai cette grande fête de la Kabylie. Mais avant toute chose, on doit se préparer convenablement pour ce match. Les derbies sont souvent caractérisés par un grand engagement physique. Entretien réalisé par Lyès Aouiche