«Tout ce qu'on a réalisé jusque-là n'aura pas de valeur si on passe à côté samedi» «Les anciens nous parlent beaucoup de leur Mondial, on a envie de vivre le nôtre» Yacine Brahimi parle comme un ancien. Bien qu'arrivé presque au même moment que tous les autres «bleus», le milieu offensif de Granada CF a ce recul nécessaire qui fait qu'il a la lucidité d'analyser un aussi important Burkina Faso-Algérie, comme s'il n'en était pas à son premier du genre. Ses déclarations mesurées restent, néanmoins, empreintes de l'ambition d'écrire une autre page de l'histoire du football algérien, comme l'ont fait les Ziani, Yahia, Matmour, Gaouaoui... avant lui. Comment se déroule la préparation de ce match aller face au Burkina Faso, dernier écueil avant le Brésil ? On essaye de se remettre en question. Le plus important sera de rester concentrés. De ne pas se focaliser sur l'adversaire. On a tous conscience que c'est un tournant dans notre vie. Une Coupe du monde ne se joue pas tous les mois ! L'Algérie voyage bien, croyez-vous que cet état de fait vous donnera plus de confiance avant ce match ? C'est bien de s'appuyer sur nos statistiques à l'extérieur, mais gare à l'excès de confiance. En tout cas, on a un coach qui ne cesse de nous rappeler ça (rires). La meilleure manière de préparer ce rendez-vous est d'oublier les bons et les mauvais résultats enregistrés jusque-là. L'important est de répondre présents, samedi à 16h. C'est ce jour-là qu'il faudra gagner. Ce match aller à Ouagadougou nous donnera plusieurs réponses à nos interrogations Pour vous, ce match sera celui des joueurs ? Des supporteurs ? ou.... (Il nous coupe) Ecoutez, c'est le match de tout le monde. C'est celui des joueurs, du coach, de toute l'Algérie ! On est tous concernés par cet objectif. Certains de vos camarades manquent de temps de jeu, cela ne risque-t-il pas de poser problème ? Avec la détermination et la rage, il y a des choses qu'on peut surmonter dans un match comme ça. On a le devoir de se surpasser, samedi, on n'aura pas le droit de passer à côté, c'est le match qu'il ne faut pas rater. La différence, on la fera en restant ensemble, compacts et collectifs pendant 90 minutes. Ne rien lâcher jusqu'au bout ! Vous côtoyez Jonthan Pitroipa, connaissez-vous d'autres joueurs du Burkina ? Je connais bien Pitroipa et je connais aussi trois ou quatre autres joueurs qui évoluent en Europe. Après, c'est sûr qu'ils ont de très bons joueurs. Ça reste une bonne équipe, mais l'important, c'est de ne penser qu'à notre jeu. Rolland Courbis a dit que le groupe algérien est supérieur à son homologue burkinabé en matière de talent intrinsèque, est-ce votre avis ? Je ne dirais pas qu'on est largement supérieurs aux Burkinabés, maintenant si c'est le cas, on le montrera sur le terrain, samedi. Ça ne sert à rien de parler comme ça, avant un match. Une chose est sûre, on ne pourra dire qu'on est supérieurs au Burkina que lorsqu'on aura réussi à se qualifier. Physiquement, ils sont supérieurs, non ? On sait que les équipes africaines sont impressionnantes physiquement, mais lorsqu'on est déterminés, on peut aller les chercher. Quelle est votre état de forme actuelle ? Personnellement, ça va de mieux en mieux. J'ai connu une petite période difficile, après ma blessure à la cuisse, mais là je reviens bien. Le fait de savoir qu'il y aura beaucoup de supporteurs qui seront du voyage avec vous au Burkina doit vous réconforter... Bien sûr. Lorsqu'on entend dire qu'il y aura beaucoup supporteurs à Ouagadougou, forcément on est réconfortés. On a des supporteurs magnifiques. Ça va nous pousser à être plus déterminés , ça nous donnera plus de motivation à nous surpasser. Parmi vous, il y a encore des joueurs qui ont vécu la qualification de l'Algérie en 2012, est-ce qu'ils vous transmettent cette expérience? Oui, c'est normal, ils essayent surtout de nous parler du match barrage qu'ils ont joué contre l'Egypte et des moments fantastiques qu'ils ont vécus. Les anciens nous ont surtout expliqué qu'une qualification en Coupe du monde est quelque chose d'inoubliable qui ne se produit pas 10 fois dans une carrière. Petit à petit, on prend conscience de ce qui nous attend. Cette jeune génération dont vous faites partie a-t-elle pris conscience de la responsabilité de la mission ? Notre responsabilité se limite à la qualification. Donc, c'est sûr qu'on est conscients de cela. On sait aussi que disputer une Coupe du monde, ça reste dans l'histoire. C'est quelque chose d'énorme, mais pour réussir ces deux matchs, il faudra tout donner. Le fait de recevoir à Blida arrange certainement vos affaires ? A mon avis, c'est un petit avantage qu'il faudra valoriser sur le terrain. Il va falloir d'abord sortir un gros match à Ouagadougou. Il faut gagner là-bas. C'est vous dire que le match retour chez nous ne sera décisif que si l'on revient avec une bonne performance de là-bas. Tout le monde dit que vous êtes les favoris, cela ne risque-t-il pas de vous mettre plus de pression ? Nous restons sereins. On a une bonne équipe, ça on le sait bien, mais dans des matchs comme ça, le favori se vérifie sur le terrain. Comment est l'ambiance au sein du groupe ? Tout le monde est arrivé aujourd'hui (lundi, ndlr). On rigole tous ensemble, on travaille tous pour le même objectif, l'ambiance est magnifique. La sélection, c'est notre seconde famille. Concernant l'état du terrain, avez-vous des appréhensions ? Non, sincèrement, on ne le calcule même pas. On est tellement déterminés que quel que soit l'état du terrain, on va se bagarrer. C'est vrai qu'au niveau du jeu, ça va nous pénaliser un peu, mais on est prêts à tout pour relever le défi. Avez-vous revu les matchs de votre adversaire, avez-vous une idée sur sa manière d'évoluer ? Ah, ça je ne peux pas vous le dire, c'est au coach de voir. Nous les joueurs, on est là pour exécuter ses plans. On n'est arrivés qu'hier, on n'a pas encore eu le temps de voir ça, franchement. Maintenant, c'est sûr qu'on va le faire, comme d'habitude.