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Découvrez Marc Wilmots, le sélectionneur de la Belgique : «Quand je suis devenu entraîneur national, j'ai proposé à ma petite famille de s'exiler à Bordeaux»
Publié dans Le Buteur le 13 - 12 - 2013

«Avec mon épouse, on a quand même déjà déménagé une quinzaine de fois» «Il faut peu de chose pour qu'un joueur devienne un héros ou un renégat»
Ce jour-là, ce petit village était enveloppé dans un châle de brouillard vaporeux, le distinguant à peine des champs et des vergers en toile de fond. À deux pas de l'église, une masure légèrement en retrait. Une ancienne ferme de briques rouges restaurée sobrement. Des bâtiments imposants mais pas ostentatoires. Comme le maître des lieux. Marc Wilmots nous ouvre les grilles. Des buis taillés s'alignent entre les vieux pavés. On entre par la cuisine, comme on le faisait avant. À la ferme. La cuisine est une grande pièce de vie où l'on vit. Pas de tape à l'œil. Marc Wilmots est un homme de la terre. Quand il a commencé à jouer en division 1 de football, il montait encore sur le tracteur quelques heures avant le match. Une leçon de réalisme et de travail. «Moi, j'ai fait de la muscu naturelle.» Ça ne l'a pas quitté. À 49 ans, il travaille toujours autant. «Maintenant, j'ai moins le temps, mais dans cette maison-ci, j'ai quand même mis les trois couches de peinture avec mon épouse.» Katrien, avocate et maman des deux fistons, Reno et Marten, et de la grande dernière, Lena.
«Avec mon épouse, on a quand même déjà déménagé une quinzaine de fois»
Son métier de coach national l'accapare beaucoup, d'autant plus avec cette qualification pour le Mondial. Il y a peut-être aussi une certaine lassitude : «Avec mon épouse, on a quand même déjà déménagé une quinzaine de fois.» D'accord, ce n'était pas des taudis à restaurer. Mais le voilà entraîneur. Il le dit et le répète : «Ce n'est pas ma tasse de thé.» C'est, aussi, une façon de se faire désirer. L'homme est malin en affaires.
«Je n'ai pas besoin d'argent, je suis libre de faire ce que je veux»
Mais il coupe court : «A 36 ans, on m'a proposé un boulot de directeur sportif en Allemagne. J'ai refusé. Ce n'était pas la vie que je voulais. Je me suis fait engueuler par ma femme.» Pourtant, elle n'est pas une fan de foot. «Mais elle est la première à faire les valises. Moi, j'ai géré ma carrière.» C'est-à-dire : «Je n'ai pas besoin d'argent. Je suis libre de faire ce que je veux. J'ai toujours été prudent. Jamais de placement hasardeux. Je ne joue pas en bourse parce que je ne contrôle pas. Ou alors, je dis au banquier, on fait moitié-moitié. Là, il est moins vite partant.»
«Si le métier d'entraîneur ne m'était pas tombé dessus, je serais actif dans l'immobilier»
Entraîneur n'est pas une fin en soi : «Il y a d'autres choses dans la vie. J'aime bien arranger les maisons, intérieur comme extérieur. S'il n'y avait pas eu ce boulot d'entraîneur qui m'était tombé dessus, je serais peut-être actif dans l'immobilier.» En attendant, il est à la tête de l'Equipe nationale. Et ça lui prend du temps, beaucoup de temps. «Mais j'en réserve pour ma famille, mes enfants. Comme je vais voir beaucoup de matches (il faut que je voie de mes propres yeux), j'emmène mes fistons à tour de rôle. C'est l'occasion d'avoir un rapport privilégié avec eux.» Il prend aussi le temps d'aller les conduire au foot. Et même de les entraîner.
«Le nom Wilmots n'est pas toujours facile à porter. On n'imagine pas toujours l'agressivité des gens»
«Il faut les suivre. Être attentif. À 12 ou 13 ans, j'avais des mauvaises fréquentations, c'est ma maman qui m'a rapidement remis sur le droit chemin. Ici, ce n'est plus une ferme. Ils sont plutôt bien lotis. Mais je veux leur inculquer que tout passe par le travail. Et les protéger du nom Wilmots qui n'est pas toujours facile à porter. On n'imagine pas toujours l'agressivité des gens. Quand je suis devenu entraîneur national, j'ai proposé à ma petite famille de s'exiler à Bordeaux (où la famille à un pied à terre). Tout le monde a refusé.» Pas interdit de s'amuser, non plus. Dans un parc d'attractions ? Le mentor n'est pas très chaud. «J'aime garder le contrôle. Là, je ne l'ai pas.» Comme il n'aime pas céder le volant. Garder les commandes : c'est sa marque de fabrique.
«Il faut peu de chose pour qu'un joueur devienne un héros ou un renégat»
C'est sans doute l'homme qui a la cote de popularité la plus élevée pour l'instant en Belgique. Marc Wilmots, l'entraîneur des Diables Rouges, dribble tout son monde sur le terrain des médias. On le voit partout. Il incarne le sérieux et la franchise avec un naturel rassurant. En plus, il gagne. La renaissance des Diables, c'est lui. La qualification pour le Brésil, c'est lui. Comme les Diables sortent du périmètre réservé aux sportifs pour conquérir les nuls en ballon rond, il n'en faut pas plus pour soigner sa popularité. Homme de médias pour autant, Marc Wilmots ? Oui mais avec la prudence du sioux. Sa carrière de footballeur l'a déjà confronté à l'influence de la presse dans le monde du ballon rond. Comme il le disait et le redit : «Il faut peu de chose pour qu'un joueur devienne un héros ou un renégat.» Même s'il dit avoir la carapace pour que les mots glissent dessus, il n'hésite pas à mettre une couche de protection supplémentaire.

«Waseige, soit tu le tuais, soit tu le soutenais.»
Il a vécu quatre mondiaux. Les trois derniers ont été émaillés d'incidents entre le groupe et certains journalistes. En France, l'entraîneur avait fini par confiner son équipe dans une sorte de camp retranché d'où rien ne filtrait tant la tension était grande. Au Japon, la presse flamande avait décidé de tailler un costume au coach de l'époque, Robert Waseige. Là, cinq joueurs, avec Wilmots en leader, ont pris les choses en main : «Soit, tu le tuais, soit tu le soutenais.» Résultat : black-out total vis-à-vis de la presse. On coupe les robinets et on serre les rangs derrière l'entraîneur.
«Moi je n'utilise pas les médias pour monter un joueur contre un autre»
Etait-ce déjà le futur entraîneur qui sommeillait en lui ? «Chacun doit pouvoir faire son travail, mais il ne faut pas vouloir faire le travail de l'autre. Certains entraîneurs utilisent les médias pour susciter la polémique, pour monter un joueur contre un autre, dans un but de motiver. Je ne joue pas à ça, c'est un procédé à court terme.» Lui, c'est plutôt l'explication entre quatre yeux. C'est le Wilmots au naturel. L'homme poursuit : «Le métier de jeune entraîneur est très difficile. Certains ont peur de se mettre à dos de gros quotidiens. Alors, ils s'achètent une protection en refilant des infos.» Ce n'est pas l'apanage des jeunes entraîneurs. Certains vieux roublards en ont usé et abusé.
«Je n'ai pas parlé à un journal pendant un an et demi»
Marc Wilmots ne mange pas de ce pain-là : «La preuve, je n'ai pas parlé à un journal pendant un an et demi. Alors... » Homme prévoyant, il a déjà son plan média. Pour les joueurs : «Je sais qu'une campagne de déstabilisation de certains joueurs a commencé. Car s'il n'y a rien, il faut provoquer. Evidemment que je ne sais pas contrôler ce qu'ils vont raconter en dehors des conférences de presse. Il y a les réseaux sociaux.» Alors ? «Ils peuvent communiquer mais il leur est demandé de ne parler que d'eux, de leur hobby, de tout ce qu'ils veulent de leur vie mais que d'eux, pas des autres. Le reste ce n'est pas leur problème.» Les choses sont-elles claires ? Pour la presse, le coach national a demandé au syndicat de la presse un plan de travail pour la future Coupe du monde. «Après, on tentera de mettre au point une charte qui conviendra à tout le monde. Mais s'il y en a qui font du zèle... » Sa réponse fuse : «Avec les moyens de communication actuels, on peut informer les supporters en ne passant pas par les journaux. Avec Twitter et Facebook, on peut donner des nouvelles de l'équipe. L'Equipe nationale appartient au peuple, à personne d'autre.» À son image : sérieuse, franche mais... maîtrisée.
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Une interview 25 ans après
Notre confrère Christian Carette a écrit deux livres sur Marc Wilmots. Dans l'un, le joueur répondait à un questionnaire de Proust du haut de ses 25 ans. Qu'en est-il presque 20 ans plus tard ?
Quelle est la première qualité d'un homme ?
«Son honnêteté.»
C'est toujours le cas.
Le défaut pour lequel vous avez le plus d'indulgence ?
À 25 ans : «Dépenser beaucoup d'un coup pour se faire plaisir.» À l'époque, il venait d'acheter une belle voiture.
Et maintenant ? «Mon bazar dans mes vêtements. Tout termine sur une chaise ou à côté. Je suis hyper organisé mais là, je ne me suis jamais amélioré. C'est catastrophique et j'ai un fiston qui me ressemble.»
Le défaut que vous supportez le moins ?
«Le mensonge. Quelqu'un qui me roule, je ne l'oublie jamais.»
Vingt ans plus tard, ça n'a pas changé.
C'est quoi le bonheur ?
«La santé et le petit monde autour de moi. Mes proches, mes amis, ceux qui ne sont pas là pour la gloire et l'argent.»
Vous savez quoi ? C'est toujours la même chose.
La solitude ?
«Je n'aime pas.»
Et il n'aime toujours pas.
La musique qu'il aime.
«Sardou, Bruel, Goldman.»
À 44 ans, il aime toujours Sardou mais «mes goûts ont évolué avec les enfants.»
Superstitieux ?
À 25 ans, il disait qu'il l'avait été mais qu'il ne l'était plus : la radio sur la même longueur d'onde pour aller au match, même paire de chaussures. Plus tard, jambières porte-bonheur. «C'est fini tout ça. C'est de la faiblesse mentale, de la vraie connerie.» Et l'inamovible costume du coach avec la chemise blanche ?
«C'est un sponsor, et j'ai choisi sobre. Et s'il est souvent trempé, ben c'est parce qu'il pleut. Je ne vais pas rester assis sur mon banc pour ne pas être mouillé.»
Dieu et la messe de Noël ?
«À 25 ans, c'était oui. J'étais croyant mais pas pratiquant, sauf à la messe de Noël. Maintenant, ben, il ne reste plus rien.»
Que fera-t-il après sa carrière de footballeur ?
Il le jurait, à l'époque : «Je ne serai pas entraîneur. Fini le stress, l'inconfort, l'insécurité. Pourquoi pas les terres familiales ?» Il l'a été, et l'est encore. Non sans humour : «Oui mais on m'a un peu forcé quand mon prédécesseur est parti ! Je confirme, entraîneur, ce n'est pas mon monde.» Voilà qui est dit.


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