Belfodil : «La présence aujourd'hui de Rivaldo et Zanetti montre la grandeur du Ballon d'Or» Taïder : «Voir Zanetti et Rivaldo dans une telle cérémonie démontre que l'Algérie attire les stars» Il était 17h 45 lorsqu'un jet privé s'est posé sur le tarmac de l'aéroport international d'Alger, en provenance de Milan. A son bord, il y avait le légendaire joueur de l'Inter de Milan, Javier Zanetti, Edoardo Caldara, directeur de la communication et des relations extérieures de l'Inter et Andrea Renna, responsable de la communication. A bord de l'avion spécial, il y avait aussi les deux joueurs algériens de l'Inter de Milan. Ishak Belfodil et Saphir Taïder. Les deux joueurs invités pour la cérémonie, ont eu l'agréable surprise d'être décoré. Ishak Belfodil a reçu le trophée du sacrifice en faisant le choix de jouer avec l'Equipe nationale A, tout en étant joueur de l'Equipe de France U-20. Une décision courageuse de la part de l'attaquant de l'Inter Milan, sans se soucier des conséquences que pouvait engendrer une telle décision. Saphir Taïder a reçu quant à lui, le prix de la révélation de la saison. Après une saison pleine avec le FC Bologne, Taïder a fini par attirer l'attention des dirigeants de l'Inter de Milan. En sélection, il a aussi inscrit deux buts très importants. De l'aéroport Houari Boumedienne, les deux joueurs ont rejoint l'hôtel Hilton où ils ont pris leurs quartiers avant le début de la cérémonie. C'est dans une ambiance fraternelle et décontractée qu'on a interviewé les deux joueurs dans leur chambre numéro 933. On vous laisse le soin de découvrir. Vous avez assisté à la cérémonie du Ballon d'Or, vos impressions ? Ishak Belfodil : C'est un immense plaisir pour moi d'assister à cette cérémonie, très suivie par les Algériens. Elle regroupe la famille sportive algérienne et notamment celle du football. Je suis content d'être là. Saphir Taïder : C'est un plaisir pour moi d'être là. Tout d'abord, je suis content d'avoir été nominé pour remporter le Ballon d'Or, même si je n'ai pas eu la chance de remporter ce trophée. Ça été une occasion pour moi de retrouver certains de mes amis de la sélection nationale. Vous avez suivi par le passé le Ballon d'Or du Buteur ? I. B. : Non, je n'ai jamais pu suivre des séquences de la cérémonie du Ballon d'Or. Par contre, je suis suivais un peu pour connaître le lauréat. Je sais que c'est Sofiane Feghouli qui a remporté la précédente édition et, avant lui, c'était Ryad Boudebouz. S. T. : Pour être sincère avec vous, je n'ai jamais suivi à travers la télévision le Ballon d'Or. Par contre, j'ai suivi un peu les résultats à travers l'internet pour connaître le vainqueur. Ishak Belfodil, vous avez reçu le prix du sacrifice par rapport au choix de l'Algérie, alors que vous étiez toujours avec les U-20 français... C'est un prix que je prends avec une immense fierté. Je suis content et je vous remercie. J'ai choisi l'Algérie parce que c'est le pays du cœur. Ça a été très facile pour moi de choisir l'Algérie, mon pays d'origine et le pays de mes parents. Un choix que j'ai fait sans hésitation mais avec fierté. Saphir Taïder, vous avez été nominé pour le Ballon d'Or, mais finalement vous allez vous contenter du prix de la révélation de la saison... Je suis content d'avoir été nominé pour le Ballon d'Or. C'est déjà une satisfaction pour moi. Tous les nominés sont des grands joueurs et il fallait un gagnant. Pour le prix de la Révélation de la saison, c'est une immense joie et une fierté pour moi. Sans doute bien des joueurs auraient voulu être à ma place. Bon, je suis jeune, ce prix va m'encourager pour l'avenir. Je dois encore travailler pour progresser encore plus. C'est votre première distinction personnelle ? I. B. : Oui, c'est ma première distinction personnelle au niveau professionnel. Quand j'étais jeune, j'avais remporté de petits trophées lors des tournois, mais au niveau professionnel, c'est le premier et j'en suis content. S. T. : Oui, c'est ma première distinction professionnelle et ça m'a fait beaucoup de plaisir. Le Ballon d'Or est un objectif pour vous la saison prochaine ? I. B. : Non, ce n'est pas un objectif particulier, mais si je l'ai, cela voudrait dire que j'ai fait une bonne saison et que je suis le meilleur. Un tel trophée, c'est une immense joie de le recevoir. S. T. : Mon objectif est de progresser et de pousser mon équipe vers l'avant. Moi, je pense beaucoup plus à mon club et la sélection. Lorsque je suis sur le terrain, je ne pense pas à être performant pour remporter le Ballon, je le fais pour aider mon club ou la sélection. Après, si je reçois le trophée, ça me fera beaucoup plaisir car c'est une merveilleuse distinction. Islam Slimani est l'heureux gagnant. Il remporte le treizième Ballon d'Or... I. B : Je suis content pour lui et je profite de cette occasion pour le féliciter. Il ne faut pas oublier qu'il a fait un excellent parcours avec l'Equipe Nationale lors de la campagne des éliminatoires de la Coupe du Monde. Il a contribué à cette qualification grâce aux buts qu'il a inscrits. Si le Ballon d'Or lui a été décerné, c'est qu'il le mérite. En plus, c'est un joueur que j'estime beaucoup. C'est un type exceptionnel sur le plan humain. J'aurais aimé que mon ami Saphir le remporte (rire), mais je suis tout de même très content pour Islam qui le mérite bien. S. T. : Je suis très content pour lui et je le félicite. Islam est un pote, un coéquipier en sélection qui a beaucoup donné. Il a marqué beaucoup de buts avec les Verts en peu de matchs, c'est vraiment quelque chose de très important, c'est pour cela d'ailleurs qu'il le mérite. En plus de ça, c'est un joueur qui a beaucoup progressé. Il a quitté le championnat algérien pour aller jouer dans un grand club portugais, qui est le Sporting, un choix judicieux. Il mérite le Ballon d'Or à mon avis pour tout ce qu'il a donné à la sélection et surtout le courage qu'il a eu d'aller jouer au Sporting. Saphir Taïder, vous avez rejoint Alger en compagnie de Javier Zanetti, vous avez parlé du Ballon d'Or avec lui, surtout que vous étiez nominé pour être le lauréat ? Oui, on est venus dans le même avion, on a parlé puisque c'est mon coéquipier de club. Mais, on n'a pas parlé précisément du Ballon d'Or. Est-ce que la présence du Brésilien, Rivaldo, signifie pour vous le début de la Coupe du monde ? I. B. : Si les organisateurs l'ont invité c'est peut-être pour faire un clin d'œil avant la Coupe du monde. Mais c'est une grande chose de trouver des stars mondiales comme Rivaldo, qui ont inscrit en lettres d'or le football brésilien et international. La présence aujourd'hui de Rivaldo et Zanetti montre la grandeur de cette cérémonie car ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir de tels joueurs. S. T. : C'est un plaisir d'avoir dans cette cérémonie deux stars comme Zanetti et Rivaldo. C'est un plaisir parce que cela démontre que l'Algérie peut attirer des stars comme les deux joueurs cités. Ce sont deux grands joueurs légendaires qui ont marqué leur passage dans le monde du football. Parlons de la sélection nationale ; les Verts ont hérité du groupe H avec la Belgique, la Corée du Sud et la Russie... I. B. : Oui, c'est un groupe difficile, mais qui nous laisse optimistes. Ce tirage nous donne de l'espoir, mais je préfère prendre en compte le discours du coach, qui a l'esprit conquérant. S. T. : En Coupe du monde, il n'y a pas de match facile. Les équipes qualifiées sont toutes difficiles. En tout cas, nous avons une très bonne équipe, capable de faire un bon parcours. On va prendre du plaisir en Coupe du monde tout en travaillant pour progresser encore. Il faut jouer pour se qualifier car, dans un match, tout est possible. Pensez-vous que l'EN a les moyens de passer le cap du premier tour ? I. B. : Oui, j'ai le sentiment et la conviction que la sélection nationale peut passer le cap du premier tour. Seulement, il faut que tout le monde soit au top niveau et surtout compétitif, ce qui n'est pas toujours le cas en sélection. Il faut travailler dur. S. T. : Honnêtement, je suis confiant, mais il faut tout de même travailler comme nous l'avons toujours fait. Les paroles sont belles, mais il faut arracher la qualification sur le terrain. Les déclarations pessimistes de Vahid Halilhodzic vont-elles vous éloigner de la pression ? I. B. : Connaissant le coach, oui. Les déclarations de Vahid Halilhodzic ont été faites pour nous éloigner de la pression. Lui, c'est quelqu'un de conquérant qui veut gagner tous les matchs. En tout cas, on n'a pas de grande pression sur nos épaules, si ce n'est le fait de vouloir rendre le peuple algérien heureux. S. T. : Halilhodzic n'est pas le genre de coach qui se vante. C'est un coach très réaliste. Il a fait de telles déclarations pour nous sensibiliser afin de ne pas prendre la grosse tête. C'est vrai, on s'est qualifiés, mais on doit désormais travailler pour se qualifier au deuxième tour. Halilhodzic nous a responsabilisés à travers cette déclaration. A votre âge vous disputez une Coupe du monde, ça vous fait quelque chose ? I. B. : D'ici à la Coupe du monde, je ne sais pas ce qui va se passer et si je serai retenu ou non. C'est le coach qui va décider car c'est lui le responsable du plan technique. Je ne vous cache pas, je souhaite disputer la Coupe du monde car c'est le rêve de tout footballeur. S. T. : C'est vrai je suis jeune, mais il faut être ambitieux. Je souhaite disputer la Coupe du monde. Il faut mettre notre âge de côté et penser professionnellement. La Coupe du monde est la plus importante compétition de football. Il ne faut pas être bloqué sur l'âge. Dans le football moderne, il n'y a plus de limite. Ishak, ça ne vous dérange pas d'accuser un manque de compétition, avant la Coupe du monde ? Au-delà de la Coupe du monde, oui. Mais même sans la Coupe du monde, c'est la même chose. Je suis quelqu'un qui veut jouer. Je vais voir en tout cas prochainement. Laquelle des équipes craignez-vous en Coupe du monde ? I. B. : La Belgique. Je pense que beaucoup de formations craignent cette équipe par rapport à son excellent parcours durant les éliminatoires. Si on jette un coup d'œil dans l'effectif de la Belgique, on trouve de grands joueurs. Il y a de quoi avoir peur de cette équipe. S. T. : Sincèrement, on ne craint personne. On a une très bonne équipe capable de rivaliser avec les meilleures. Il y a la Belgique qui renferme un très bon groupe et surtout d'excellentes individualités. En général, aucune équipe ne nous fait peur. L'optimisme démesuré du public algérien vous met de la pression ? I. B. : Le contraire aurait été bizarre parce que, en Algérie, il y a toujours eu cette tendance à l'exagération. Mais on est habitués à cela, ça ne va pas poser de problème pour nous. On va se préparer comme il se doit pour réaliser un bon tournoi. On ne va pas dire que l'Equipe nationale va remporter la Coupe du monde car, mais que le peuple algérien soit sûr que nous ferons de notre mieux. S. T. : Je pense qu'il vaut mieux être optimiste mieux qu'autre chose. Avec de l'ambition, on peut réaliser quelque chose lors de cette Coupe du monde. Pour revenir à votre question, nos supporters sont vraiment optimistes et je pense que c'est de leur droit. Est-ce qu'on peut dire que les Verts ont réalisé un parcours parfait durant les éliminatoires ? I. B. : On peut dire que les Verts ont réalisé un parcours parfait durant les éliminatoires car on s'est qualifiés en Coupe du monde. C'est l'essentiel dans ce genre de chose. S. T. : Oui, l'Algérie a réalisé un excellent parcours durant les éliminatoires. Mis à part la défaite au Burkina Faso, on a réussi quand même à remporter des matchs importants comme nos deux déplacés (ndlr : Bénin et Rwanda). Même si je suis venu au milieu des éliminatoires, les Verts ont fait un excellent parcours. Au début de la campagne, l'EN a réussi à s'imposer face au Rwanda avant de perdre face au Mali, un match qui était largement à sa portée. Ce jour-là, l'EN pouvait facilement gagner. Ishak Belfodil, vous avez suivi la dernière défaite de l'EN à Naples... Oui, cette défaite m'a beaucoup gêné. On est tombés sur une équipe de Naples séduisante et qui a fait ses preuves en Ligue des champions. On avait bien commencé le match, puis l'expulsion d'un de nos joueurs, nous a pénalisés. Notre mission était devenue très difficile à ce moment-là. Etes-vous optimiste pour un bon parcours durant la phase retour, après une première partie de saison difficile ? I. B. : Oui, pourquoi pas ? C'est vrai qu'on a fait un parcours moyen lors de la première partie de la saison. On s'est fait beaucoup rejoindre durant les dernières minutes. A mon avis, il faut analyser la situation pour repartir sur de bonnes bases lors de la deuxième partie de saison. Notre objectif, c'est de bien démarrer la phase retour. S. T. : On a une très jeune équipe mais qui ne cesse de progresser. L'Inter est un club habitué des compétitions européennes, il faut donc tout faire pour décrocher une participation européenne l'année prochaine. A mon avis, on a les moyens de réaliser quelque chose, mais à condition de ne pas perdre espoir, même après une défaite. Saphir Taïder, vous avez disputé le match face à Naples, êtes-vous satisfait de votre prestation ? Oui, je suis satisfait. Déjà, je suis content du fait d'avoir eu la chance à plusieurs reprises avec l'Inter, cette saison. Le fait d'être utilisé régulièrement me permet de progresser encore plus. Moi, je suis un joueur ambitieux qui veut toujours progresser pour réussir. Donc, je préfère travailler toujours que se soit à l'entraînement ou sur le terrain pour progresser. Vous jouez le Milan AC dimanche prochain, ce sera un moment particulier ? I. B. : Ça va être un match très important pour nous où nous devons réaliser un bon résultat. Le derby de Milan, c'est un match pas comme les autres et passionnant. On va tout faire pour réaliser un bon match et chercher la victoire. On est obligés de faire un bon résultat car, on doit rester coller aux équipes du haut du tableau. S. T. : On connait tous l'importance de cette rencontre. C'est un match tant attendu par nos supporters. La victoire est obligatoire. C'est un match à trois points qu'on doit prendre. Il faut terminer la phase aller par un succès comme celui-ci, même s'il reste encore deux matchs à disputer. Ishak Belfodil, vous faites vos entrées en cours de jeu et même si parfois vous démontrez que vous pouvez être titulaire, l'entraîneur Walter Mazzarri ne compte toujours pas sur vos services. Ça vous encourage à penser à changer d'air ? Franchement, je ne sais pas quoi dire. Moi, une fois que l'entraîneur me fait rentrer, j'essaye toujours de donner le meilleur de moi-même, afin d'essayer de conduire mon équipe vers le succès. Seulement, en cinq ou dix minutes, je ne peux pas faire de miracle, sachant surtout que je travaille pour progresser dans certaines choses. Pour revenir à votre question, je ne peux rien dire en ce moment sur mon avenir, tant que je n'ai pas eu une discussion avec les dirigeants ou l'entraîneur. C'est vrai, je n'ai pas beaucoup de temps de jeu, mais on va voir. Comment vous trouvez le niveau du championnat italien par rapport aux autres championnats européens ? I. B. : Je pense que le championnat italien est un des trois meilleurs championnats d'Europe. C'est un championnat qui permet de progresser. Chaque week-end, on tombe sur des équipes conquérantes. S. T. : Le championnat italien est un des grands championnats. Pour un joueur qui évolue en Italie pendant des années, ça lui permet par la suite d'évoluer à n'importe quel championnat, que soit l'Espagne, l'Allemagne ou l'Angleterre. Le nom du club préféré ? I. B. : Depuis que j'étais petit, j'aimais le Real Madrid, même maintenant, je supporte le Real. S. T. : Je vais peut-être vous surprendre. Je n'ai pas de club préféré à part ceux où mon frère s'est produit. Je partais au stade pour voir mon grand frère (ndlr : Nabil) qui est un footballeur, lors des matchs. Du coup, on peut dire que je supporte les clubs là où mon frère est passé. En Algérie ? I. B. : Lorsque j'étais jeune, je supportais le Mouloudia d'Alger, c'est connu (rire), mais maintenant je ne suis plus l'évolution du championnat d'Algérie. S. T. : Pareil, je n'ai pas de club préféré en Algérie, j'essaye parfois de suivre quelques résultats. Pour le Ballon d'Or de la FIFA, on trouve trois nominés pour le sacre final. Il s'agit de Ribery, Messi et Ronaldo... I. B. : Islam Slimani (rire). Je ne vous cache pas que je préfère que ça soit Franck Ribery parce que c'est un musulman comme nous et c'est un Français aussi. Je pense que Ribery a fait une bonne saison avec le Bayern. Ronaldo est revenu en force ces derniers temps, aussi. Même si le choix sera difficile, je pense que Cristiano Ronaldo va remporter le trophée. S. T. : Pour moi, le meilleur joueur au monde c'est incontestablement Cristiano Ronaldo. Le Ballon d'Or de la FIFA veut dire meilleur joueur au monde et là je pense qu'il ne faut pas faire une recherche pour trouver le meilleur joueur car, tout est clair, c'est Ronaldo.