«On ne pense qu'à battre le Burkina sur le terrain et avec nos propres armes» «Oublions l'arbitre et pensons au match du 19 novembre !» «J'espère remporter le Ballon d'Or algérien. Maintenant si ce n'est pas moi, je féliciterai le vainqueur» Le centre d'entraînement de l'Inter de Milan est un véritable bijou. Il couvre une très vaste superficie où on trouve des terrains d'entraînement, des locaux et toute la logistique d'un grand club de la stature de l'Inter de Milan. Ledit centre, qui porte le nom d'Angelo Moratti, est situé loin de Milan. En effet, il faut parcourir un long chemin à destination de Como, avant de rejoindre la ville de Appiano Gentile. Ce centre est situé à côté d'une très vaste forêt. L'accès au centre d'entraînement de l'Inter de Milan n'est pas du tout aisé. D'ailleurs, au moment où nous sommes allés interviewer les deux joueurs algériens Ishak Belfodil et Saphir Taïder, nous avons été obligés d'attendre devant le poste de garde du centre, le temps que le responsable de la sécurité ait le feu vert pour nous laisser rentrer. Il a fallu patienter une dizaine de minutes, avant d'avoir le OK pour accéder au centre. Pas question d'assister à une séance avec Mazzarri ! A notre arrivée au centre Angelo Moratti, jeudi vers 11h, l'équipe de l'Inter de Milan s'entraînait, en prévision de son match face à Livourne. Nous avons demandé à y assister un moment ou prendre quelques photos de Belfodil et Taïder, mais notre requête fut refusée. On nous a fait savoir que le coach Walter Mazzarri refusait la présence des médias aux entraînements du club. Seule la chaîne Inter Chanel autorisée Si Walter Mazzarri ne souhaite pas que les hommes de la presse assistent aux séances d'entraînement, ce n'est pas le cas des médias officiels du club. En effet, le journaliste du site internet et même ceux de l'Inter Chanel y compris le cameraman sont autorisés à assister à la séance. Le service communication a accepté uniquement une interview de Taïder... Pour ce qui est de l'interview, il était prévu au départ à ce qu'elle se fasse uniquement avec Saphir Taïder qui a donné son accord. Pour Ishak Belfodil, le service de communication du club nous a fait savoir, il y a quelques jours, que le joueur préférait attendre, avant de s'exprimer. Du coup, on s'est rendus à Milan juste pour Taïder... ... d'une durée de 20 minutes Le service communication de l'Inter de Milan nous a ainsi accordé une seule interview avec Saphir Taïder pour une durée de vingt minutes. C'était d'ailleurs d'un commun accord. Belfodil a accepté de s'exprimer quelques minutes seulement avant le RDV Seulement, les données ont carrément changé jeudi matin, soit le jour de l'interview. En effet, juste après la séance d'entraînement, Ishak Belfodil avait constaté notre présence au centre d'entraînement de l'Inter de Milan. Il a alors changé d'avis, en décidant de nous parler. Il ne voulait pas laisser le public algérien sur sa faim, mais surtout par correction au journaliste du Buteur qui s'est déplacé jusqu'à Milan. Un geste noble de sa part. Des séquences spéciales sur les deux joueurs ont été préparées pour nos interviews Le service communication de l'Inter de Milan, qui a tout fait sur place pour faciliter le travail du journaliste du Buteur a mis à notre disposition des séquences spéciales de Saphir Taïder avec le maillot nerrazzurri, étant donné que l'entretien était filmé. Une fois que le Belfodil a accepté de nous accorder l'interview, d'autres séquences spéciales Ishak Belfodil ont été préparées et projetées au moment de l'entretien. Les deux joueurs arrivent vers 14h Alors que le rendez-vous était fixé à midi, un retard a eu lieu puisque l'équipe était en plein entraînement. Ainsi, nous avons attendu jusqu'à 14h pour voir les deux joueurs arriver tout souriant. C'est 10 minutes pour chaque joueur ! Alors qu'il était prévu une seule interview de vingt minutes, cela a changé lorsque Ishak Belfodil a accepté de s'exprimer. Le responsable de communication nous a ainsi fait savoir que ce sera désormais dix minutes pour chaque joueur. Saphir invite Ishak à commencer... Une fois avec les deux joueurs, nous avons eu tout d'abord une discussion amicale d'une dizaine de minutes, avant de commencer l'interview. A ce moment-là, Saphir Taïder a invité son ami et compatriote Ishak Belfodil à commencer le premier. .. il lui recommande aussi d'enlever son bonnet Au moment où Ishak Belfodil s'apprêtait à prendre place en face de la caméra de notre ami italien Emmanuele pour entamer l'interview, Saphir Taïder a recommandé à Belfodil de se débarrasser de son bonnet. Chose que Belfodil a refusée puisqu'il s'est senti plus à l'aise avec. Il faut dire que le joueur aime beaucoup porter les bonnets, notamment durant cette période où il fait froid. Rigolade et taquinerie entre les deux Pour ceux qui ne le savent pas, Saphir Taïder et Ishak Belfodil sont plus qu'amis. Ils ont, en effet, la particularité d'avoir joué ensemble en équipe de France, à Bologne et maintenant à l'Inter de Milan, sans oublier aussi la sélection algérienne. Les deux joueurs ont d'excellents rapports et sont carrément inséparables. En tout cas, avant le début de l'interview avec Ishak Belfodil, nous avons assisté à un moment de détente, de rigolade et surtout de taquinerie entre eux, ce qui prouve les forts liens d'amitié qui unissent les deux joueurs. Belfodil a éclaté de rire après la première question L'atmosphère était tellement détendue et que les deux joueurs étaient à l'aise. D'ailleurs, Ishak Belfodil a éclaté de rire, à la première question du journaliste du Buteur. L'attaquant algérien n'a pu se retenir, alors qu'il y avait en face de lui son ami Saphir Taïder. A son tour, Taïder a fait autant et on a dû interrompre l'interview le temps que ça se calme. Ils ont été choqués d'apprendre lé décès d'un cameraman de l'ENTV Ishak Belfodil et Saphir Taïder ont été vraiment choqués en apprenant, avant le début de l'interview, le décès d'un cameraman de l'ENTV, après son retour du Burkina Faso. Les deux joueurs ne s'attendaient pas du tout à une telle nouvelle. Ils ont même eu une pensé aux supporters qui sont hospitalisés à cause du paludisme. ---------- «On ne pense qu'à battre le Burkina sur le terrain et avec nos propres armes» S'il y a bien un joueur algérien qui a réussi à s'imposer cette saison dans le haut niveau du football européen, c'est bien Saphir Taïder. En s'engageant à l'Inter Milan, le milieu de terrain algérien était face à un défi, celui de prouver que l'Algérien peut évoluer dans le haut niveau. Petit à petit, le joueur est devenu un élément incontournable dans l'échiquier de Walter Mazzarri. Véritable révélation, notamment en sélection nationale, Saphir Taïder a accueilli Le Buteur, au centre d'entraînement de l'Inter, Angelo-Moratti, situé à Appiano Gentile. L'Algérien n'a pas oublié de parler des cinq supporters algériens, hospitalisés depuis leur retour de Ouagadougou. Entretien ! Merci d'avoir accepté de nous accorder cette interview. Cela fait déjà quatre mois que vous êtes ici à Milan, quel constat pouvez-vous faire ? Tout d'abord, bonjour à tout le monde et soyez les bienvenus. C'est vrai, ça fait déjà trois ou quatre mois que je suis ici avec l'Inter de Milan. Je me suis engagé dans un club qui est en en pleine reconstruction. C'est un club qui a gagné des titres et qui aspire à en remporter d'autres. Pour l'instant, ça se passe vraiment très bien. Notamment avec votre ami Ishak Belfodil... (Rire) C'est vrai, j'ai la chance d'être aux côtés d'Ishak et sincèrement, ça se passe vraiment bien. A Bologne, vous étiez un titulaire indiscutable alors qu'ici à l'Inter, vous êtes parfois sur le banc de touche, même si la plupart du temps, vous êtes titulaire. Aujourd'hui, vous ne regrettez pas votre choix d'avoir opté pour un grand club comme l'Inter ? Non, sincèrement, je ne regrette rien. Je ne vous cache pas que je suis très content d'être ici à l'Inter qui est un grand club. Je suis jeune et j'ai la chance de pouvoir jouer dans ce grand club qui me permettra de progresser. Ici à l'Inter, il y a une rude concurrence et cela va me permettre de progresser davantage. Je suis aussi content de pouvoir jouer régulièrement, ce qui est très important pour moi. Pour le moment, je pense que ça se passe très bien. Je travaille dur à l'entraînement pour décrocher une place de titulaire. Que pouvez-vous dire sur le parcours de l'Inter Milan cette saison. En dépit de la défaite à domicile face à la Roma, le club a réalisé de bons résultats... Oui, je pense qu'on a réalisé un très bon parcours jusque-là. Pour ce qui est du match face à la Roma que nous avons perdu chez nous, je pense que ce jour-là, nous n'avons pas été mauvais. Nous avons eu des occasions nettes de scorer mais on était malchanceux. Sur les occasions et même la possession de la balle, on était vraiment bons. Je pense que notre adversaire s'est montré plus réaliste, et c'est ce qui compte dans le football moderne. On est satisfaits de notre parcours, mais il faut garder cette dynamique de bons résultats. On sait que pour rester collés aux équipe du haut du tableau, il faudra bien négocier nos matchs et c'est ce que nous comptons faire. Passons à un sujet qui vous tient à coeur : la sélection algérienne accueillera le Burkina Faso à Blida, un rendez-vous très important pour vous, non ? Oui, je pense que ce match sera très difficile et même chaud. On sait qu'une victoire nous permettra d'aller au Brésil. Le match aller n'a pas été du tout facile, comme tout le monde l'a constaté. Après, il faut se concentrer sur le terrain pour battre les Etalons au retour. Tout le monde a vu les erreurs d''arbitrage et les conditions difficiles au Burkina Faso et je pense qu'il faut oublier tout ça pour se concentrer sur le match retour. Nous en sélection, notre point fort c'est de vouloir toujours gagner nos matchs sur le terrain et avec nos propres armes. Je ne vous cache pas qu'on est vraiment confiants pour ce match. On va bien travailler durant cette semaine de stage à Alger pour bien préparer cette rencontre décisive. Vous avez parlé des conditions climatiques, on vous a vu épuisé en seconde mi-temps... Oui, c'était difficile pour nous, surtout pour un milieu de terrain. Vous savez, dans de telles conditions, ce n'est pas du tout facile d'attaquer et de défendre. Donc, on a essayé de rester en bloc et gérer le match comme on a pu. En seconde mi-temps, on est revenus au score à deux reprises, je pense que c'est quelque chose d'important. Pour nous, c'était un score équitable, raison pour laquelle on ne voulait pas prendre beaucoup de risques. C'est la première fois que vous avez joué dans de telles conditions ? Ce n'est pas la première fois que je joue en Afrique noire. J'avais déjà joué deux matchs au Bénin et au Rwanda aussi. Seulement, je pense que ce jour-là, le climat était difficile au Burkina Faso. Il y avait une très forte chaleur et un taux d'humidité assez élevé. C'était un handicap pour nous. On nous a fait jouer l'après-midi et c'était difficile. Je pense que nous avons su surmonter ces aléas. En Afrique noire, ce n'est pas facile de réaliser de bons résultats, mais je pense aussi qu'il ne faut pas se cacher uniquement derrière ça. En tout cas à la fin du match, on était vraiment contents car on avait donné le meilleur de nous-mêmes. On a aussi respecté les consignes du sélectionneur. On aurait aimé revenir à Alger avec un score nul, mais ce penalty a tout chamboulé. Le penalty cadeau... Oui, c'est un penalty cadeau. Si on revoit les images, on constate bien qu'il s'agit d'un penalty immaginaire. Il n'y avait pas du tout la moindre faute. Je ne vous cache pas que je n'aime pas trop parler des arbitres, mais c'était flagrant. Maintenant, il faut bien se concentrer sur notre match qui nous attend, c'est très important. Avant ce match, vous a-t-on parlé des conditions difficiles en Afrique noire ? Oui, on savait que les conditions allaient être difficiles, je pense au climat. On avait une idée sur ça, mais pas l'arbitrage. Après, je pense que l'arbitre s'est trompé, ça peut arriver parfois. Maintenant, il faut se concentrer et travailler pour remporter le match retour sur le terrain et avec nos propres armes, comme je vous l'ai dit, pour se qualifier en Coupe du monde. En tout cas la qualification passe par une victoire... Oui, la qualification passe par une victoire mais pas par n'importe quel score. Oui, sauf un succès de 4-3... Voilà, sauf une victoire de 4-3, on peut se qualifier, je pense qu'on sera un peu avantagés. Maintenant sur le terrain, il faut bien attaquer, concrétiser nos occasions et surtout être irréprochables défensivement. C'est ce qu'il nous faut pour battre le Burkina Faso et aller au Brésil. En pénétrant sur le terrain à Ouagadougou, vous étiez surpris de constater une forte présence des supporters algériens dans les gradins ? Surpris ? Non ! Tout simplement parce que je connais le public algérien. qui est impressionnant. On connaît la ferveur du public algérien qui est tout le temps derrière son équipe. On était tous content de les voir dans les gradins. Leur présence était très importante pour nous. Ils nous ont beaucoup encouragés et poussés. Je tiens beaucoup à les remercier. Je sais que financièrement, ce n'est pas du tout évident car ils ne sont pas chanceux comme nous les joueurs. On les attend en tout cas à Blida pour fêter avec eux, inch'allah, la qualification. A mon avis, c'est le meilleur cadeau qu'on puisse leur offrir. Il y a eu malheureusement cinq supporters algériens qui sont tombés malades à leur retour à Alger et sont actuellement hospitalisés... Franchement, je ne le savais pas. D'ailleurs, c'est vous qui me l'avez appris tout à l'heure. Je suis vraiment triste qu'ils soient malades et hospitalisés en ce moment. Ils sont venus au Burkina Faso pour nous, afin de nous soutenir pour ce match important. Malheureusement, ils sont retournés malades. Je suis de tout cœur avec eux et même tous les joueurs de la sélection seront solidaires avec eux. Je tiens à leur souhaiter un prompt rétablissement. On pense à eux et aussi à leurs proches. Le 19 novembre sera une journée pas comme les autres en Algérie... Bien sûr, surtout si on arrive à se qualifier en Coupe du monde. Je ne vous le cache pas que j'ai une grande envie de vivre ces beaux moments de joie en fêtant la qualification en Coupe du monde car je n'ai jamais vécu ce moment unique. Ça se sera vraiment un moment particulier pour nous, du fait que nous allons rendre heureux des millions d'Algériens. Tout le peuple sera fier de nous. 18 novembre 2009 - 19 novembre 2013, une coïncidence ? Sincèrement, on y pense toujours, même moi. Après, je pense qu'il ne faut pas se focaliser sur ça. Il faut se concentrer sur le plus important qui est le terrain. Pour nous les joueurs, il faut impérativement bien travailler en club afin d'être prêts le 19 novembre. Après, je sais que ce ne sera pas facile car il y aura beaucoup de choses qui seront en tête, le club, l'entraînement et la sélection. La sélection algérienne, c'est vraiment différent. Ce n'est pas comme les autres équipes nationales. Je pense qu'on a une ferveur unique. Personnellement, je préfère me concentrer actuellement sur mon club pour être bon et performant et une fois à Alger, je penserai au match. Comme ça, je serai bon en sélection. Vous avez été chanceux en inscrivant votre premier but avec les Verts lors de votre première sélection. Sans doute que vous avez eu un sentiment particulier, notamment envers votre maman qui vous a encouragé à opter pour l'Algérie... Dans ma carrière de footballeur, le plus beau moment, c'est lorsque je marque des buts. Pour revenir à votre question, je peux vous dire que je n'oublierai jamais ce moment-là. C'était ma première sélection avec les Verts, il y avait ma famille, mes parents et surtout ma mère qui était là. J'avais marqué un but important pour nous, c'était un moment unique. J'ai porté le maillot de l'Algérie pour la première fois et j'ai réussi à marquer. Ma joie était indescriptible. Ce but inscrit en juin dernier à Kigali face au Rwanda est-il le plus important pour vous ? C'est vrai, ce but était très important car il nous a permis de gagner et de nous qualifier aux barrages. Mais je pense que ce jour-là, c'était la victoire du groupe. Ce sont tous les joueurs qui se sont donnés à fond sur le terrain pour gagner cette rencontre, même si c'était moi qui avais inscrit l'unique but de la partie. Vous êtes nominé pour le Ballon d'Or algérien qui est décerné par Le Buteur, en compagnie de Soudani, Feghouli, Slimani et Belkalem. Cette distinction est-elle un objectif pour vous ? Sincèrement, je ne savais que je figurais parmi les nominés au Ballon d'Or algérien, je viens de l'apprendre. C'est toujours important de remporter un titre. Après, je pense que celui qui remporte le trophée l'aura mérité et je serai content pour lui. Pour moi, il faut continuer à travailler, que ce soit en sélection nationale ou en club. Le plus important maintenant, c'est d'assurer la qualification en Coupe du monde, le titre personnel viendra après. Au cas où ce sera un autre joueur qui remporte le trophée, vous allez le féliciter ? Oui, bien sûr. Je le féliciterai et je lui souhaiterai de continuer sur sa lancée car remporter le Ballon d'Or algérien, ça se mérite vraiment. Un dernier mot au public algérien... Je dis au public algérien d'être derrière la sélection. Je demande aux supporters de venir nombreux le 19 novembre. Nous les joueurs allons nous donner à fond sur le terrain pour gagner le match et décrocher la qualification en Coupe du monde.