«La Russie, c'est tout ou rien, ils sont capables du meilleur comme du pire» «La Corée peut sortir le grand jeu, c'est une équipe redoutable» Dans cet entretien accordé au Buteur, l'ancienne star du football belge, Enzo Scifo, qui avait porté les couleurs de prestigieux clubs européens, à l'instar de l'Inter de Milan, Torino et Anderlecht, nous parle de ses contacts en Algérie avec le Mouloudia d'El Eulma, du groupe H du Mondial 2014 et des récentes déclarations de Vahid Halilhodzic qui avait qualifié l'Algérie de petit du groupe H. Monsieur Scifo, avez-vous une idée sur cette équipe algérienne, futur adversaire de la Belgique en Coupe du monde ? Je ne connais pas bien cette équipe qui a été à ma connaissance renouvelée par l'entraîneur Vahid Halilhodzic, je n'ai pas aussi suivi la campagne qualificative de votre sélection nationale, mais j'ai une idée bien précise sur le football algérien qui me permet de dire que cette équipe algérienne est en nette progression par rapport à celle de 2010. On parle de génération magnifique de joueurs belges, mais d'aucuns pensent que la plupart manquent d'expérience internationale, est-ce votre avis ? C'est vrai, sur ce volet-là, on est loin de notre génération, puisque actuellement la plupart, si ce n'est pas la totalité des joueurs belges, n'ont pas fait une Coupe d'Europe ou une Coupe du monde, mais ça reste quand même un potentiel composé de très bons joueurs qui évoluent dans de très grands clubs européens, ce qui leur permet de jouer de grandes compétitions comme la Champions League. En tant qu'ancien joueur, voyez-vous les Diables rouges aller au bout, en 2014 ? Le plus difficile c'était de se qualifier, ils l'ont bien fait, avec un très bon parcours et la manière. Maintenant, le plus difficile c'est de durer en Coupe du monde. Et pour réussir effectivement, il leur faut plus de maturité contre des adversaires huppés, à mon avis. Halilhodzic avance que l'Algérie sera le petit du groupe H, votre commentaire par rapport à cette déclaration ? Tactiquement, c'est bien joué de sa part (rires). Il essaye de mettre ses adversaires sous pression et préserver ses joueurs, on connaît ça dans le football. C'est sûr que vous n'êtes pas favoris, mais ici en Belgique, on va prendre très au sérieux l'Algérie. Ça va être le premier match, ça sera certainement particulier, on se méfie beaucoup des Algériens, et on sait qu'ils peuvent être redoutables. Pourtant, l'Algérie compte des joueurs qui évoluent à l'Inter de Milan, au FC Valence, et dans de grands clubs français et européens, peut-elle créer la surprise ? Je sais que Taïder et Belfodil jouent à l'Inter de Milan. Donc, comme vous dites, cela veut dire qu'il y a de la qualité dans cette équipe. C'est pour cela que je vous ai dit qu'il faudra se méfier de l'Algérie. Un mot sur la Russie et la Corée du Sud, les autres adversaires du groupe H ? La Russie, c'est une nation habituée de la Coupe du monde, avec cette équipe, c'est tout ou rien. Lorsqu'ils sont à leur meilleur niveau, les Russes sont très redoutables, il y a aussi la touche de Capello qui a donné plus de rigueur à cette équipe. Ce n'était pas la même époque, mais on les avait déjà battus en Coupe du monde 86. Lors de ce Mondial, on avait une équipe légendaire, on avait même disputé la demi-finale, il y avait des erreurs d'arbitrage qui ont fait que nous soyons éliminés. Et la Corée ? La Corée du Sud est un adversaire très coriace. C'est un peu le même style que les Japonais. En Belgique, on parle beaucoup de nos adversaires, et pour ne rien vous cacher, on n'est pas à l'aise. Tout comme l'Algérie, la Corée peut nous mettre en difficulté. L'Algérie a fait preuve de réalisme, un jeu pas très agréable à voir, mais qui reste efficace, croyez-vous que c'est ce football qui fait gagner ? Vous savez, chaque entraîneur possède sa vision du football. Après, je pense que l'Algérie doit garder son identité, il ne faut pas essayer de changer la vraie nature des joueurs algériens. Il faut juste trouver un bon équilibre. Si j'étais l'entraîneur de l'Algérie, je garderais la vraie nature du jeu algérien, c'est ce qui fait sa force. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas attaquer. Sinon l'Algérie ne sera pas celle que je connaissais. Un match amical est prévu le 5 mars entre l'Algérie et la Slovénie, est-ce le bon adversaire pour préparer la rencontre face à la Belgique ? La Slovénie est un bon mélange de jeu belge et russe, je pense que c'est le bon choix pour préparer les rencontres de Coupe du monde. C'est un adversaire qui peut donner une idée sur la Belgique, mais avec bien sûr des joueurs plus talentueux chez nous, quand même. Hazard a des problèmes avec son entraîneur, il traverse une période difficile, êtes-vous inquiet pour ce joueur qui est un peu le meilleur joueur belge ? Il est occupé à s'imposer, il a été beaucoup critiqué, maintenant, il joue tous les matchs et commence à devenir décisif. Il se prépare à fond pour la Coupe du monde et je sais qu'il va être au sommet de sa forme lors du Mondial. La Belgique, c'est de grosses individualités, croyez-vous au travail accompli par Wilmots ? Bien sûr que oui, mais l'important, c'est d'abord de s'extraire du groupe, après on verra. Monsieur Scifo, on a appris que vous avez quelques contacts en Algérie, qu'en est-il au juste ? J'ai quelques propositions, dont celle d'un club algérien, mais je n'ai encore rien décidé, elles sont toutes intéressantes. Mon but est de tenter une expérience en Algérie ou ailleurs. Après, l'équipe qui m'offrira les conditions de travail que je veux, je la rejoindrai. C'est vrai, j'ai une proposition en Algérie, et elle est en cours d'étude. Vous étiez toujours dans l'ombre de grands footballeurs, on pense à cette génération Maradona, Zico, Platini et d'autres stars des années 1980, cela vous a-t-il empêché de mieux vous distinguer même si votre carrière est bien pleine ? C'était une génération dorée et de grande valeur. Vous savez, si on commençait à parler de cette époque du football, il nous faudrait au moins une heure de temps. Après, effectivement, j'ai eu la chance de connaître de très grands joueurs, chez qui le football était une passion qu'autre chose. Les tendances maintenant ont changé. C'est dommage parce que j'estime qu'avant ça parlait moins d'extra-sportif ou d'argent, et ça perd la passion du football. Vous avez connu Rabah Madjer, qui était un peu l'une des grandes stars de votre époque, connaissez-vous d'autres joueurs algériens ? Bien sûr que oui. Madjer est un très grand joueur professionnel qui a inscrit son nom en lettres d'or dans l'histoire de la Coupe d'Europe. Il y a aussi Belloumi qui est une légende vivante en Algérie, j'ai entendu parler de ce talentueux joueur, très technique. Tout comme Madjer, je sais que Belloumi a marqué son époque. Vous savez, quand on évoque Madjer, c'est comme si on parlait de Beckenbauer et Maradona. C'est un joueur qui donnait du plaisir à voir, il avait un niveau technique très élevé, je l'adorais. On vous laisse le soin de conclure... Je n'ai pas grand-chose à dire si ce n'est souhaiter bonne chance à l'Algérie. J'espère que vous aurez la même réussite que vous avez connue lors des éliminatoires. Et à bientôt peut-être.