«Ce serait irresponsable de ma part de dire qu'on peut se qualifier aux 8es» Le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic s'est longuement exprimé hier matin sur les ondes de la Radio Chaîne III, dans l'émission «Football Magazine» où il est revenu sur plusieurs points importants qui concernent la sélection nationale, ses objectifs pour le prochain Mondial et, surtout, son avenir à la tête de cette équipe, lui qui verra son contrat prendre fin à l'issue de cette Coupe du monde. Fidèle à ses habitudes, le coach bosnien n'a pas manié la langue de bois et a répondu sans détour aux questions de notre confrère Maâmar Djebbour. Le sélectionneur national, et au sujet des discussions qu'il a eues dernièrement avec le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, en ce qui concerne une possible prolongation de contrat, a démenti catégoriquement que celui-ci lui a fixé une date butoir pour rendre sa réponse (Ndlr : 31 janvier). Une affirmation qui va à contre-courant de ce qu'avait déclaré la veille Raouraoua, au cours du Forum qu'avait organisé la chaîne de télévision, Dzair TV. «Qui vous a dit qu'on m'avait fixé une date butoir, hein ? Mon contrat, que je sache, prendra fin après la Coupe du monde et je ne vois pas pourquoi je vais me presser pour donner une réponse six mois à l'avance», a-t-il d'emblée rétorqué. «Prolonger ou pas, je ne prendrai de décision qu'après le Mondial» Une nouvelle fois, le sélectionneur national a affirmé que, pour l'heure, sa plus grande préoccupation, c'est comment bien préparer la sélection nationale pour la Coupe du monde. Prolonger son contrat, il va y réfléchir aussitôt que cette compétition prendra fin, a-t-il assuré. «Je l'ai dit et je le redis, ce n'est qu'après le Mondial que je prendrai ma décision. Je ne vais pas donner mon accord pour prolonger avant de savoir ce qui se passera après cette compétition. J'ai six mois devant mois pour réfléchir sereinement. Je le dis haut et fort et devant tout le monde afin qu'on sache la vérité à ce sujet.» «Des problèmes familiaux pourraient me pousser à partir» Par la suite, Vahid Halilhodzic, comme pour donner une petite explication sur les raisons qui font qu'il ne veut pas s'avancer sur ce sujet et donner son accord pour prolonger dès maintenant, a expliqué qu'il rencontre actuellement des soucis familiaux qui le font réfléchir par deux fois. «Après la CAN, j'ai accepté de continuer ma mission, car je savais que cette équipe avait le potentiel pour se remettre sur les rails et se qualifier au Mondial. Maintenant, je ne sais réellement pas ce que je ferai, sachant qu'il y a beaucoup de paramètres qui entrent en jeu. En ce moment, j'ai quelques difficultés familiales et je dois bien réfléchir, car cela pourrait me pousser à ne pas rester.» «Désormais, je ne parlerai plus de ce sujet» Irrité qu'on évoque sans cesse ce sujet de prolongement de son contrat dans les médias et qu'on lui pose à chaque fois cette question, Halilhodzic d'un ton ferme a déclaré : «Désormais, je ne parlerai plus de ce sujet et ne répondrai plus aux questions relatives à ça. Cela me concerne uniquement moi et je ne veux pas qu'on profite de ça pour déstabiliser la sélection à quelques mois du début du Mondial.» Il maintient le cap et refuse l'objectif du 2e tour «Ce serait irresponsable de ma part de dire qu'on peut se qualifier aux 8es» Au cours du Forum de Dzair TV auquel il a été invité jeudi, Mohamed Raouraoua avait de nouveau souligné que l'objectif de l'EN au Brésil sera de viser une qualification au 2e tour. Un objectif «écrit noir sur blanc dans le contrat de Halilhodzic», a-t-il précisé. Toutefois, cela ne semble pas pour autant faire changer d'avis le sélectionneur national, qui maintient toujours ses déclarations, qui sont pour certains défaitistes et d'autres réalistes. «Ça serait de l'irresponsabilité de dire dès maintenant qu'on peut battre nos adversaires du groupe et se qualifier au 2e tour. Certes, il peut y avoir des surprises, mais il faut que les gens sachent que le niveau au Mondial est très exigeant. Il faudra surtout penser à bien nous préparer, et rester modestes. Ça ne sert à rien de trop parler. On n'aura peur de personne, mais ça serait normal que nos adversaires nous battent aussi.» «Quand je vois où évoluent les joueurs belges, j'ai peur» Par la suite, le coach national a commencé à décortiquer nos adversaires, en commençant par la Belgique, le favori du groupe. «La Belgique est l'une des meilleures équipes d'Europe actuellement. Les médias belges assurent même que c'est la meilleure équipe que n'a jamais connue jusque-là la Belgique. Quand je vois dans quels clubs évoluent leurs joueurs, cela me fait peur. Néanmoins, je ne dis pas qu'on ne peut pas battre cette équipe, mais il faut avouer que ça sera mission extrêmement difficile.» «La Russie a battu le Portugal de Ronaldo et dispose d'un entraîneur de renom» «Concernant la Russie, n'oublions pas que cette sélection a battu le Portugal de Cristiano Ronaldo lors des éliminatoires et a terminé première de son groupe. C'est une sélection référence qui participe régulièrement à la Coupe du monde. Ajouter à cela qu'elle dispose d'un grand entraîneur, l'un des meilleurs au Mondial. C'est l'école italienne. Il n'est pas là pour apporter du beau jeu, mais pour obtenir des résultats, et les statistiques lui donnent raison.» «Même face à la Corée du Sud, on n'est pas favoris» «La Corée du Sud participe, je crois, à sa huitième édition de Coupe du monde de suite. Elle a atteint même les demi-finales en 2002. Elle a des joueurs qui évoluent un peu partout en Europe et qui sont titulaires au sein de leurs clubs. J'ai regardé plusieurs cassettes de cette sélection et j'ai constaté qu'elle était redoutable elle aussi. Les Sud-Coréens sont des joueurs rapides et, tactiquement, ils sont très forts. Ils peuvent tenir 90' et tout cela risque de nous poser des problèmes. Même face à eux, on n'est pas favoris. 99% des gens en Algérie n'ont jamais vu cette équipe jouer et osent dire qu'on peut la battre.» «J'ai vu plusieurs cassettes de nos adversaires et je confirme mes déclarations d'après-tirage» «Je ne mentirai pas aux Algériens, quoi qu'il arrive. On est dans un groupe très très difficile. J'ai visionné quelques cassettes de nos adversaires et je confirme aujourd'hui encore mes premières déclarations faites tout de suite après le tirage au sort. Les deux favoris sont pour moi la Belgique et la Russie.» «Au Mondial, le niveau est 4 fois plus relevé qu'à la CAN. Soyons donc réalistes !» Et de poursuivre : «Vous savez, au Mondial, le niveau est 4 fois plus relevé qu'à la CAN. Ça ne sera pas facile du tout. J'aimerais bien aller le plus loin possible dans cette compétition et même la remporter, mais il faut qu'on soit réaliste. Que je sache, l'Algérie, lors de ses deux précédentes Coupes du monde, n'a marqué qu'un seul but et c'était en 1986. Aujourd'hui, on voit que nos joueurs ne sont pas titulaires au sein de leurs clubs européens et cela est un gros problème. On n'a pas une équipe compétitive. » Pas de nouveaux joueurs avant le Mondial «Belaïli est-il meilleur que Soudani, Feghouli, Djabou et les autres ? Peut-il vraiment apporter un plus ?» Halilhodzic a de nouveau affirmé qu'il n'y aura sans doute pas de nouveaux joueurs qui intégreront la sélection avant le Mondial. Sur le cas de Youssef Belaïli, il a répondu : «Vous pensez que Belaïli peut vraiment apporter un plus à l'équipe ? Qu'il est meilleur que Soudani, Djabou, Feghouli, Kadir ou même Brahimi ? Est-ce qu'il est plus fort ? Il faut rester raisonnable. Il n'est pas le seul qui postule pour la sélection, mais on dispose de joueurs meilleurs.» «J'ai mis deux ans pour construire cette équipe, ce n'est pas le moment de la briser» «Jusque-là, j'ai convoqué 73 joueurs, mais seuls 49 ont joué. J'ai construit une équipe en deux ans et, en même temps, j'essayais des joueurs. C'est un risque que j'ai pris. A présent, je ne pense pas que je vais ramener de nouveaux joueurs avant la Coupe du monde, car cela risquerait de briser l'élan de ce groupe. Après, tout dépendra des blessures et de l'état de forme de certains joueurs.»
Il assure que son discours sera différent avec ses joueurs «Ils savent que je suis un gagneur et que je leur demanderai toujours plus» A la question : n'avez-vous pas peur que votre discours défaitiste en perspective du Mondial affecte vos joueurs et les poussent à ne pas faire de gros efforts ? Halilhodzic a répondu : «Allez demander aux joueurs si je suis satisfait après une défaite. Je deviens complètement malade et, rassurez-vous, ils vont souffrir et travailler durement. Je ne laisserai rien au hasard. Je suis un gagneur et je vise toujours la victoire. Je ne peux rien promettre au peuple algérien, mais avec les joueurs, c'est sûr que je tiendrai un autre discours. Je leur demanderai toujours plus et le maximum». «Le match face à la Slovénie, l'occasion pour leur parler» A propos du prochain match amical face à la Slovénie, prévu à Blida, le 5 mars, Vahid dira : «Ça sera un match important, mais pas uniquement sur le plan du résultat. J'établirai une liste élargie pour ce match et j'en profiterai pour discuter avec les joueurs et commencer à préparer le Mondial. Au départ, je voulais jouer ce match amical à l'étranger, mais ensuite et vu le manque de temps, on a décidé de rester à Blida». «Celui qui ne sera pas content d'être remplaçant, n'aura qu'à rester chez lui» «Depuis mon arrivée en sélection, j'ai mis à l'écart deux ou trois éléments du fait qu'ils n'aiment pas rester sur le banc. Pour moi, c'est clair, celui qui déstabilise le groupe sera immédiatement écarté. Je serai intransigeant sur ça. Un joueur qui ne sera pas content d'être remplaçant, il n'aura qu'à rester chez lui. Personne n'a le droit de me faire du chantage.» «J'ai peur de l'individualisme de certains joueurs au Brésil» Enfin, l'ancien driver du PSG a exprimé son inquiétude quant à la réaction individualiste que pourraient avoir certains joueurs au Brésil. «A vrai dire, j'ai peur de l'excès d'individualisme de certains joueurs pour cette Coupe du monde. Ils voudront certainement profiter de cette compétition pour se montrer. Je les mettrais en garde, car l'intérêt de la sélection en dépend.»