«Je me faisais chambrer par mes potes du quartier car l'Algérie du ballon peinait à exister !» Madjid Bougherra a accordé une interview au quotidien français Le Parisien au sujet de sa qualité de capitaine des Verts. Il a évoqué différents aspects liés à sa fonction, mais aussi à son parcours avec la sélection nationale. En voici une synthèse. «Celui qui ne comprend pas que personne n'est au-dessus de l'équipe, je lui rentre dedans» «Dans le vestiaire, j'essaye de détendre l'atmosphère. Jusqu'au dernier moment. Et puis, je fais mon discours dans le tunnel, au moment d'entrer sur la pelouse. Mon message est clair : «Personne n'est au-dessus de l'équipe. On joue pour son pays, alors personne ne fait son petit numéro dans son coin. Il n'y a pas de stars dans cette équipe. Si on n'est pas soudés, pas solidaires, si on ne fait pas d'efforts les uns pour les autres, on n'a aucune chance. Le mec qui ne comprend pas ça, je lui rentre dedans». «Pendant longtemps, je n'ai connu que des échecs, mais nous ne voulions pas être la génération de la honte» «Quand j'arrêterai, je me rendrai compte de ce qu'on a fait. Je me souviens de mes débuts, on jouait partout et nulle part, on a même évolué à Goussainville, au fin fond de la région parisienne. Pendant longtemps, je n'ai connu que des échecs. On a échoué à se qualifier au Mondial-2006, puis aux CAN suivantes (...) Je ne me suis jamais dit : «Que fais-tu dans cette galère ?» Avec Nadir (Belhadj), Karim (Ziani), Antar (Yahia), on s'est donnés une mission : nous ne devions pas être la génération de la honte. On n'a jamais lâché, on voulait rentrer dans l'histoire par la grande porte (...) (Les nouveaux joueurs) savent qu'on a galéré, on leur raconte... Ils sont demandeurs. Sofiane (Feghouli), Faouzi (Ghoulam), Yacine (Brahimi), Saphir (Taïder)... Ils sont à l'écoute ! Et ça rend ce groupe propre. Depuis que je suis capitaine, je n'ai jamais eu la moindre bagarre à gérer par exemple». «Je me faisais chambrer par mes potes du quartier car l'Algérie du ballon peinait à exister !» «J'ai d'abord flambé avec un maillot du Barça floqué du nom de Stoichkov. Après, j'ai eu le double passeport, comme citoyen et comme supporteur ! J'étais fou de l'Equipe nationale algérienne, mais les matches étaient rarement retransmis. Sur le skatepark qui nous servait de terrain de foot, je me faisais chambrer par mes potes du quartier, d'origines tunisienne, malienne, marocaine ou sénégalaise, car l'Algérie du ballon peinait à exister sur le continent ! Et puis, je vibrais avec les Bleus. En 1998, on est sortis dans la rue avec les copains, c'était une sacrée fête». «J'aimerais bien rencontrer Zidane dans le cadre de ma fondation» «(Zidane est) Un modèle, pour tous, les Français et les Algériens. Pro, calme, gentil, discret, simple, exemplaire depuis son départ en retraite. J'ai créé une fondation en Algérie qui finance notamment des projets pour les handicapés cette année. J'aimerais bien rencontrer Zidane dans ce cadre-là. Il avait assisté en tribune à notre premier match du Mondial-2010. Au Brésil, j'espère qu'il reviendra nous voir et finira dans le vestiaire !» «Si Saïfi s'était appelé Saïfinho, sa valeur aurait été multipliée par trois» «Nombre de joueurs d'origine algérienne, et plus largement d'origine maghrébine, qui viennent des quartiers ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Beaucoup de jeunes ne réussissent pas à cause de la mentalité qu'on leur prête d'office. Certains coachs ou formateurs les cassent, détruisent leurs qualités. Combien de fois entend-on : «Tu dribbles trop !» ? Par rapport à un Brésilien, un Algérien de même niveau souffrira d'un déficit d'image. Certaines nationalités sont plus respectées que d'autres (...) Prenez Rafik Saïfi, l'un des joueurs les plus talentueux techniquement du football algérien. S'il s'était appelé Saïfinho, sa valeur aurait été multipliée par trois et il n'aurait pas fini à Istres. Beaucoup de jeunes s'épanouissent après avoir quitté la France (Belfodil, Brahimi, Taïder), des inconnus au bataillon percent plus facilement à l‘étranger, comme Guedioura chez nous à Crystal Palace ou Benatia, le Marocain, à l'AS Rome».