Hidalgo : «N'oubliez pas de saluer les Algériens de ma part.» Ancelotti : «C'est un nul logique.» «Il n'y a qu'un Clasico OM-PSG qui vaille vraiment la peine de se déplacer au Vélodrome, même si l'équipe donne l'impression de bien se porter en ce début de saison. Si je vais au stade ce soir, c'est pour aller crier ma haine du PSG et des Parisiens. Aux aaaarrrrmeees !» L'auteur de ce cri de guerre s'appelle Karim. Un Algérien originaire de Sétif qui vit à la Castellane, le quartier de Zidane. Vêtu du maillot de l'OM et tenant un drapeau algérien dans la main, il est fier de cette double appartenance qu'il n'hésite pas à rectifier aussitôt avec l'humour approprié. «Pourquoi vous dites «double» ? Mais Marseille est une wilaya algérienne ! C'est donc une seule et unique appartenance. Ici, on est chez nous, mon frère !» nous lance Karim en guettant avec impatience l'arrivée du bus des Parisiens. Une haie... d'horreur pour les ennemis de Paris 18h44. «L'embuscade» est située juste avant l'entrée du parking des visiteurs, à l'accès Grassi plus précisément. La foule de supporteurs est dense. C'est une haie d'horreur qu'ils tiennent à réserver aux ennemis de la capitale. «Les Parisiens sont des p..., Paris, Paris, on t'...» Que des grossièretés débitées une heure durant pour chauffer les esprits et narguer leurs hôtes indésirables dans toute la ville, à commencer par les bouches de métro qui n'arrêtent pas d'avaler et d'éructer les supporteurs bruyants venus très nombreux d'un point à l'autre des Bouches du Rhône. Car dans ce derby de la Ligue 1, le club de la capitale jouera seul contre toute une région. «Contre Paris, ça peut partir vite ici», nous dit Houari Les CRS sont tendus et cela se voit dans la brutalité et la fermeté dont ils usent pour imposer le respect et faire reculer la foule. A cette cinquantaine de policiers de la brigade antiémeutes s'ajoutent autant d'agents de sécurité répartis aux endroits les plus sensibles. Parmi eux, Houari, un Oranais qui travaille pour la société Onet. On s'approche de lui par curiosité pour le faire parler un peu du match. «Ce n'est pas tout le temps aussi tendu. C'est normal quand ce sont les Parisiens qui viennent. Le derby est toujours spécial. Tout le monde est sur ses gardes. On n'a pas le droit à l'erreur parce qu'on n'est pas à l'abri de débordements. Ça peut partir trop vite ici... », nous dit cet agent de sécurité qui gagne quelque huit euros de l'heure pour ce match. «Oulala, ils arrivent. Ça va chauffer ! » «Je ne sais pas combien touchent les agents de sécurité au bled pour un derby comme celui-ci», rigole le cousin, nostalgique d'El Hamri et du MCO. Le sourire ne s'est pas complètement effacé de son visage que son supérieur l'appelle en urgence pour le replacer quelques mètres plus loin. Dans le talkie-walkie du patron l'alerte est générale. «Le bus arrive, tenez-vous tous prêts». «Quelle équipe dedans ?», demande le récepteur. «Paris». «Oulala ! ça va chauffer les gars. Ils arrivent !» A peine a-t-il terminé sa phrase que des sifflements stridents parvinrent de loin avant d'être relayés jusqu'à nous, comme une ola sonore, suivie du traditionnel «Paris, Paris, on t'... » Quand la haine accompagne les insultes Le bus défile à toute allure dans l'artère principale, escorté par une dizaine de camions des CRS, mais aussi par les insultes de tout genre émanant des supporteurs marseillais en délire. Le dernier virage avant l'accès au parking du vélodrome ne sera pas paisible non plus. A défaut de pierres pour caillasser le bus, les joueurs parisiens virent s'écraser dans leur direction sur les vitres, des chaussures, des sacs poubelle et des mégots allumés, heureusement sans gravité. La foule était en transe. La haine avait accompagné les sifflements et les insultes. Les CRS avait bien du mal à maîtriser la situation, jusqu'à la disparition du bus des «ennemis». Hidalgo : «N'oubliez pas de saluer les Algériens de ma part» Vint alors l'accalmie dans l'allée, avant la guerre qui attendait Zlatan Ibrahimovic et ses coéquipiers sur le terrain. Pas loin de la tribune de presse, nous eûmes droit à un vrai défilé de stars. L'un derrière l'autre, les joueurs passaient et saluaient leurs fans. Michel Hidalgo fut le premier à s'arrêter pour se rappeler des bons moments qu'il a passés à Alger à l'occasion du Ballon d'Or gagné par Rafik Saïfi. «Je reviendrai avec plaisir en Algérie, nous dit-il. Je suis un grand ami des Algériens. J'ai même remis un projet au Président Bouteflika pour bâtir une structure de base de la formation des jeunes footballeurs dans votre pays, mais malheureusement, je n'ai pas eu de suite à cela. N'oubliez pas de saluer mes amis Algériens à travers votre journal», nous lance amicalement l'ancien sélectionneur des Bleus, champions d'Europe 1984. Abedi Pelé est venu du Ghana pour voir jouer ses fils contre le PSG Abedi Pelé que nous avons eu l'occasion d'interviewer à plusieurs reprises, est venu nous saluer chaleureusement. Il est venu de son lointain Ghana spécialement pour voir ses deux fils affronter le grand Paris Saint-Germain au vélodrome. «Je ne pouvais pas rater un tel match tout de même ! Hier c'était moi qui étais sur le terrain, aujourd'hui, ils ont pris le relais. J'espère qu'ils vont bien jouer et que Marseille l'emporte à la fin, même si ça va être un peu difficile», nous dit l'ancien numéro 10 de l'OM, champion d'Europe des clubs champions et capitaine emblématique des Black Stars du Ghana, avant de s'engouffrer dans l'accès aux tribunes officiels. Le défilé se poursuivra avec le passage des nageurs français champions olympiques, acteurs et chanteurs des plus célèbres en France. Sans oublier le grand Pape Diouf qui dut montrer sa carte à l'agent d'entrée qui n'a apparemment pas reconnu l'ancien directeur sportif de l'OM. Hafid Derradji a fêté son anniversaire au vélodrome ! A l'intérieur du stade, l'on a été frappé par le vide laissé par la tribune en réfection. Mais cela n'empêcha pas les supporteurs marseillais de remplir les espaces de leurs chants. Des chants, faut-il le souligner, exclusivement haineux contre tout ce qui est parisien. «C'est la coutume, ici. Et ce sera pareil pour nous à Paris. A chacun son match», nous dit un confrère français. Derrière nous, notre ami Hafid Derradji avait déjà déclenché le turbo en compagnie de son collègue Mohamed Louadahi, l'homme tout-terrain d'Al Jazeera Sports en France qui s'activaient à débiter le max d'infos à leurs abonnés. L'image devant, le son derrière avec... Derradji ! 20h50. Les deux équipes revinrent sur le terrain pour en débattre dans une ambiance d'enfer. La température est vite montée en flèche à la sortie du grand Zlatan Ibrahimovic que tout le stade craignait. A juste raison d'ailleurs, puisque le Bosniaque d'origine refroidira à lui seul Marseille à deux reprises, avant que la ville ne s'enflamme de nouveau grâce à Pierre André Gignac, tous deux auteurs de doublé. Au-dessus de nous, Hafid Derradji donnait le tempo par une rythmique verbale digne des grands moments. On avait l'image devant et le son derrière. Le spectacle était parfait ou... presque. Car on avait oublié le gâteau et les bougies pour fêter l'anniversaire de notre ami Derradji. Joyeux anniversaire Hafid ! ------------------ Baup : «Un match de haut niveau» «C'était un match âprement disputé. On a essayé de rester dans ce qu'on sait faire, avec beaucoup de détermination dans l'engagement. Je n'ai pas grand chose à reprocher à nos joueurs, au contraire, ils ont donné le maximum, a confié Baup. Cela a été difficile, on a tenu jusqu'au bout dans nos intentions. C'est un match de haut niveau, c'est une équipe qui dispute la Ligue des Champions mais ça montre que tout ce qu'on a fait jusque-là est intéressant.» Il espère que la large défaite concédée à Valenciennes servira d'avertissement à ses joueurs : «Il faut être calme et tranquille, faire attention. Il ne faut pas rééditer ce qu'on a fait à Valenciennes. Pour faire un parcours sur la durée, il faut de la vigilance, mais petit à petit on va retrouver des joueurs». Sirigu qualifie Amalfitano d'idiot ! Le milieu de terrain de l'OM Morgan Amalfitano (27 ans, 6 matchs et 1 but en Ligue 1 cette saison) s'est fait remarquer dimanche soir face au PSG (2-2), en assénant un mauvais coup à Blaise Matuidi, à qui il a ensuite donné une gifle dans les vestiaires. Le gardien parisien Salvatore Sirigu (25 ans, 7 matchs en L1 cette saison) n'y va pas par quatre chemins pour qualifier le Marseillais. «Amalfitano a mis un coup à Matuidi, commente le portier parisien au micro de la Gazetta Dello Sport. Et après, il a fait comme si c'était lui qui en avait reçu un. Mais c'est normal, quand on est idiot, on fait des choses d'idiot». Ancelotti : «C'est un nul logique» «C'est un nul logique, je pense. Marseille a très bien commencé. Après, nous avons eu une très bonne réaction, l'OM est ensuite revenu dans le match. Après le deuxième but, nous avions la possibilité d'avoir un meilleur contrôle. Le résultat n'est pas mal, la performance non plus. (...) Nous n'avions pas imaginé être leader après ce match, nous sommes venus ici pour faire un bon match. Marseille est une équipe solide avec une belle expérience, il y aura une belle course pour le titre». Gignac : «On a mal géré l'ouverture du score» «On ne va pas parler de cas personnel un soir où toute l'équipe a fait un bon match. Mais, bien sûr, je suis heureux d'avoir marqué. On a une grosse débauche d'énergie pendant 15 minutes, puis on prend les deux buts à un moment où on a un coup de moins bien. On leur est rentré dedans mais on a mal géré l'ouverture du score. Dans l'ensemble, c'est encore un match solide. Zlatan, on ne le paie pas ce prix-là si c'est un joueur en bois. Il a réussi deux beaux gestes».