«On doit mettre à profit ce match pour rapprocher les deux peuples» Modéré, Abdeddahar Al Sekka l'est jusqu'au bout des doigts. Le défenseur de la sélection égyptienne, rappelé par Hassan Shehata pour le match face à l'Algérie, a tenu à tempérer les ardeurs à quelques jours du rendez-vous du 14 novembre, à travers une interview accordée au site Goal. Com. «La dernière fois, j'ai surfé sur certains sites internet égyptiens et feuilleté des journaux et en toute franchise, j'ai été frappé par certains écrits. Je pense qu'on en fait un peu trop avec ce match face à l'Algérie que certains veulent transformer en une question de vie ou de mort. Ce qui n'est pas du tout le cas. Ce match doit rester dans son cadre sportif. Je pense qu'on devrait imiter les Turcs qui ont mis fin à un siècle de querelles avec l'Arménie grâce à un match de football qui avait opposé les deux nations lors d'un match de barrages pour le Mondial 2010. Au lieu de verser dans l'anti-sportivité et raviver les tensions, les politiques turques ont prêché la réconciliation. Le football l'a emporté au bout, l'amitié aussi ! Plusieurs accords entre les deux pays sont nés à l'issue de ce match. Chaque pays s'est ouvert sur l'autre avec l'ouverture des frontières», faisait savoir Al Sekka. «La qualification doit se jouer sur le terrain et pas ailleurs !» «Chez nous, j'ai constaté un certain chauvinisme qui frise le fanatisme. Je comprends que le peuple égyptien souhaite nous voir aller en Coupe du monde, mais ce n'est pas en menaçant l'équipe algérienne qu'on va nous aider. Je lis qu'on promet l'enfer à l'équipe d'Algérie le 14 novembre prochain, ce qui n'est pas bien. Nous les joueurs, nous ne voulons pas aller de cette manière en Coupe du monde. La qualification doit se jouer sur le terrain et non dans les coulisses. On dit que nous sommes les meilleurs, techniquement, c'est donc à nous de le prouver. On doit non seulement justifier notre ticket pour le Mondial, mais aussi y faire bonne figure. Ça ne servira à rien d'y aller juste pour faire de la figuration, comme l'avait fait le Togo qui a complètement dégringolé après.» «On doit mettre à profit ce match pour rapprocher les deux peuples» «Contrairement à ce qui se passe en Turquie et un peu partout en Europe, chez nous, le football, c'est la pression. Ce qui est une fausse conception de la discipline. Le sport est fait pour rapprocher les gens et consolider les liens. L'Egyptien est connu pour son éducation et son hospitalité. On ne va tout de même pas passer pour un peuple mal éduqué ! Nous avons participé à deux phases finales de Coupe du monde et échoué à maintes fois, mais nous sommes restés dignes. Si on ne se qualifie pas le 14 novembre prochain, ça ne sera pas la fin du monde. Nous sommes très motivés. On veut y aller, mais en toute sportivité.» «Un Turc m'a dit un jour : ‘‘L'hospitalité et la sympathie de votre peuple valent mieux que le Nil et les Pyramides réunis''» «Le peuple égyptien est connu pour son hospitalité et son éducation, et un match de football aussi décisif soit-il ne devrait pas nuire à cette réputation qui a dépassé nos frontières. Un jour, mon chauffeur personnel en Turquie m'avait accompagné chez moi en Egypte. Je voulais lui faire visiter le pays. Figurez-vous que ce qui l'a frappé le plus, c'est la sympathie et l'hospitalité des gens. Il me rappelle à chaque fois que ces deux qualités valent mieux que le Nil et les Pyramides qui l'ont pourtant subjugué. Des années après, il n'oublie pas ce marchand de glaces qui lui avait offert un cornet gratuitement en guise de bienvenue. La morale : je ne veux pas que nos qualités se disloquent dans un match de football.» «Les Algériens ne risquent pas d'être impressionnés par la pression du Cairo Stadium» «La pression qu'on entend exercer sur l'équipe algérienne ne risque pas, à mon avis, de faire effet sur eux. C'est des joueurs professionnels qui ont appris à faire fi de tout ça. Ils savent pertinemment qu'il y aura un service d'ordre et des surveillants de la FIFA pour veiller sur leur sécurité, avant, durant et après le match. L'hostilité ne fera qu'accroître leur détermination à nous battre chez nous», prévient-il. «Attention au scénario de 93» Le défenseur du club turc d'Eskisehir tient par ailleurs à avertir contre toute forme de violence qui risquerait, prévient-il, de nuire à la sélection égyptienne et à l'image de l'Egypte toute entière. «Le peuple égyptien devra faire attention à ce que le scénario de 93 lorsque la FIFA avait décidé d'annuler et de faire rejouer notre match face au Zimbabwe en raison des scènes de violence qui ont eu lieu pendant la rencontre. La meilleure manière de nous aider est de nous soutenir tout au long de la rencontre dans la sportivité». «Les présidents des deux nations devraient appeler à la sagesse» Pour finir, Abdeddahar Al Sekka a tenu à faire appel aux présidents des deux nations pour défraîchir le terrain avant cet Egypte-Algérie. «Le match Turquie-Arménie devrait nous servir d'exemple. Les responsables des deux pays doivent faire de même, en signant, je ne sais pas moi, des protocoles à même d'apaiser les esprits. Il est très important que ce match se déroule dans un esprit de fraternité», conclut-il. Voilà un discours dont on devrait s'inspirer. In Goal.com