«Arriver aux buts de Gaouaoui ne sera pas facile pour les Egyptiens.» * A quelques encablures de la rencontre décisive entre l'Egypte et l'Algérie, les médias égyptiens mènent une campagne médiatique contre notre sélection en rediffusant sans cesse le match de mars 2001 auquel vous avez pris part avec cette défaite historique que l'Algérie a subie ce jour-là. A l'époque, vous avez été la cible de Djadaoui et d'autres joueurs qui vous ont fait porter le chapeau de cette débâcle… Je répéterai toujours ce que j'ai dit sur cette rencontre. Je ne me considère pas comme responsable de cette défaite. Si vous revoyez les images des trois buts, vous allez vous apercevoir que je ne suis fautif sur aucun. Nous avons encaissé ces buts suite à des erreurs collectives. Le premier est arrivé sur corner, alors que notre défense s'était contentée de regarder Mohamed Baraket reprendre tranquillement le ballon sans qu'il soit gêné. Non seulement les défenseurs ont adopté une position de spectateurs, mais en plus, ils m'ont gêné sur l'action. Ce ballon, je ne l'ai vu qu'une fois à l'intérieur des filets. * Attribuez-vous la responsabilité du deuxième but à Billel Dziri ? Lorsque Dziri a récupéré le ballon, un joueur adverse est allé exercer un pressing sur lui, je suis sorti pour lui apporter mon soutien, mais finalement il a préféré jouer seul et il s'est fait chiper cette balle. Je ne vois pas où se situe ma responsabilité sur ce genre d'action. * Mais vous aviez raté votre sortie sur le centre de Baraket… Peut-être que j'ai mal apprécié la trajectoire du ballon. Déjà, le fait d'être mal placé après ma sortie à la rescousse de Dziri n'a pas joué en ma faveur, sans oublier la blessure dont je souffrais et qui a handicapé mes mouvements quelque peu dans ce match. * Que diriez-vous sur le troisième but marqué sur coup franc direct. En attribuez-vous également la responsabilité au mur qui n'était pas placé comme vous le souhaitiez ? Non, le mur était bien en place. Tout ce qu'il y a eu, c'est que les joueurs égyptiens ont bien joué le coup en exécutant le coup franc de manière indirecte. Si le ballon est rentré du côté que j'avais choisi, ma responsabilité aurait été entière, mais cela n'a pas été le cas du tout. Tout le monde reconnaît, dans des cas pareils, que la responsabilité du gardien n'est pas engagée lorsqu'un coup franc est marqué via un côté du mur. * Avez-vous fait exprès de jouer ce match en étant blessé ? Si j'avais pris la décision de jouer ce match, c'est parce que je suis quelqu'un de patriotique, qui aime son pays, je voulais donner un coup de main à mon équipe dans un match aussi important. J'ai été encouragé par mes camarades qui ont insisté sur ma participation du moment que j'étais à mon meilleur niveau et au point que l'entraîneur égyptien à l'époque nous a qualifiés Driouèche et moi de points forts de l'équipe, en s'appuyant sur les matches que j'avais joués en Egypte que ce soit sous le maillot de la JSK contre Al Ismaïli où j'ai été incontestablement l'homme du match ou avec la sélection militaire où nous avons réalisé un nul là-bas grâce à un but de Merakchi. * Cela dit, les joueurs qu'Al Gowhari avait qualifiés de points forts ont été les plus critiqués après le match… Tout ce qu'il y a, c'est qu'il existe des joueurs qui jouent au football pour aider leur pays et des autres qui le font avec leur langue. Ces derniers sont connus pour leur art de la diversion en incriminant les joueurs et oublient leur piètre prestation. * Reconnaissez-vous que vous avez été égoïste en insistant pour jouer ce match malgré votre blessure ? Non, j'étais plutôt poussé par l'engouement d'un jeune Algérien, parce que je n'ai jamais pensé à mon intérêt personnel aux dépens de celui de mon pays. Je le dis et je le répète, je ne suis pas responsable de la défaite dans ce match. * Qui est donc responsable de cette défaite qui visiblement est devenue la fierté des Egyptiens ? Peut-être les changements opérés dans notre défense. N'oubliez pas que Belbey a joué dans un poste qui n'était pas le sien, à savoir dans l'axe de la défense. Mamouni a joué sur le couloir gauche qui n'était pas son poste non plus. Ces changements ont perturbé la stabilité de l'équipe. * C'est Djadaoui donc le responsable de cette défaite ? Je n'ai pas dit ça. Avant cette rencontre, nous avions affronté la Slovaquie en amical avec la même défense qui a joué contre l'Egypte. Les choses s'étaient bien passées contre la Slovaquie face à laquelle on a fait un nul. Djadaoui a pensé que ça marcherait également contre l'Egypte. * Imaginez un peu si vous aviez joué derrière des gars comme Bougherra, Halliche, Yahia et Belhadj, pensez-vous que vous auriez pu éviter une telle défaite ? Je ne peux pas répondre à une question pareille, car même en 2001, l'équipe possédait des défenseurs de haut niveau. Le problème était dans le changement de postes qui n'était pas en faveur de nos défenseurs. * Quel a été votre sentiment en encaissant un but après l'autre ? J'étais naturellement frustré, d'autant plus que notre équipe parvenait à chaque fois à remettre les pendules à l'heure. C'est un résultat injuste, la preuve, les deux derniers buts ont été marqués dans les ultimes moments de la rencontre. * Est-ce Djadaoui qui avait procédé à votre remplacement ou était-ce vous qui aviez demandé le changement ? C'est moi qui ai demandé le changement. J'ai senti des douleurs au début des échauffements et ça a empiré au cours de la rencontre, ce qui m'a contraint à demander à être remplacé. * Quelqu'un vous a fait des reproches à la fin du match ? Non, personne ne l'a fait. Parce que tout simplement, je n'étais en rien responsable de cette défaite. En plus, les observateurs et les analystes ne m'avaient pas incriminé l'époque. Mon retour à la sélection avec la nomination de Madjer qui a succédé à Djadaoui en est la meilleure preuve. * Sincèrement, si vous retournez en arrière, auriez-vous pris la décision de jouer le match ou de laisser votre place à votre remplaçant Belhani ? Je n'aurais pas joué cette rencontre, car j'étais blessé, et la meilleure solution était de laisser Belhani jouer à ma place. * Que sentez-vous lorsque les chaînes de télévision égyptiennes rediffusent les images de cette rencontre ? Je ne regarde pas les programmes égyptiens, je sais qu'ils sont de bons acteurs. Ils passent leur temps à parler et à critiquer, mais je ne suis pas gêné par la rediffusion de ces images. Je possède moi aussi la cassette de la rencontre que j'ai visionnée trois fois. Je ne me contente pas de revoir seulement les bons matches comme ceux de la finale de la CAF. * Les Egyptiens disent qu'ils referont le scénario de 2001 ; votre commentaire ? Cela fait partie de leur imagination. Nous avons une défense solide, la meilleure de ces éliminatoires. Arriver aux buts de Gaouaoui ne sera pas facile pour les Egyptiens. * Les Egyptiens qualifient justement Gaouaoui de maillon faible de l'équipe ; que pensez-vous de cela ? Ils le pensent parce que Gaouaoui est le seul joueur titulaire issu du championnat local. Ils se trompent énormément et ne savent pas qu'il est l'un des joueurs les plus expérimentés surtout dans des matches pareils. * Le considérez-vous comme le meilleur gardien actuellement ? C'est évident. Je connais bien Gaouaoui qui était mon remplaçant à la JSK pendant trois ans. C'est un gardien très calme sur et en dehors du terrain. Comme je le connais, il est incontestablement le gardien des grands événements. Je sais qu'il sera l'homme du match le 14 novembre et que c'est lui qui nous qualifiera au Mondial. * Comment un gardien de but prépare-t-il un match de cette envergure ? Jouer un match comme celui contre l'Egypte demande beaucoup de concentration pour un gardien, peut-être plus que pour les joueurs de champ. Son rôle sera essentiel puisqu'il sera le plus sollicité. Il devra rester sur ses gardes durant toutes les quatre-vingt-dix minutes du match. * Quel conseil pouvez-vous lui donner ? Sa longue expérience fait qu'il n'a besoin d'aucun conseil. Il sait bien à quoi s'en tenir. Le conseil que je lui donnerai, c'est de garder sa concentration sur son sujet et de ne prêter aucune attention à ce qui se dit ici ou là, surtout ce que racontent les médias égyptiens. Je lui conseille aussi de ne pas lire leurs journaux ni de suivre leurs programmes de télévision. Entretien réalisé par Chouaïb K.