L'ex-baroudeur des Verts, Ali Meçabih, affirme que les protégés de Saâdane ont les moyens physique et mental de s'imposer même au Caire. * Tout d'abord, que devient Ali Meçabih ? Je coule des jours heureux à Hammam Bouhadjar où, lorsque l'opportunité m'est offerte, je joue des matchs avec des amis. Sinon, je me rends à l'étranger de temps à autre pour régulariser un problème administratif avec mon ancien club professionnel, Martigues. * Suivez-vous le parcours de l'Equipe nationale ? Vous croyez que je suis déconnecté du monde du football ? Alors là, pas du tout. Je suis avec beaucoup d'attention les matches de l'EN ainsi que ceux de mon ancienne équipe, le MCO, qui est en train d'effectuer un bon parcours en championnat. Pour revenir à l'EN, je dois dire que les bons résultats qu'elle a réalisés ne peuvent laisser personne indifférent. * Justement, comment jugez-vous le parcours des Verts jusque-là ? Sensationnel ! Si ma mémoire est bonne, cela fait 23 ans, soit depuis les éliminatoires au Mondial mexicain de 1986, que les Verts n'ont pas réalisé un aussi bon parcours. Sincèrement, les joueurs algériens ont atteint un tel degré de maturité qu'il est difficile pour toute équipe africaine ou arabe d'atteindre. L'EN en est à son 10e match ou plus sans défaite, si l'on comptabilise bien sûr les matches amicaux. Cela prouve qu'on a retrouvé l'équipe des années 1980 où l'on dominait le football africain. Ce qui me plaît chez nos internationaux, c'est cette rage de vaincre qui les caractérise, même à l'extérieur. Ce qui fait aussi sa grandeur, c'est le fait de s'adapter à n'importe quelle situation. Je citerai, à titre d'exemple, le dernier match contre le Rwanda où l'équipe était menée au score. C'est avec beaucoup de métier que nos joueurs ont pu remonter d'abord le score et faire la différence en fin de match. C'est ce qu'on appelle la victoire du mental. Je dis donc bravo à nos joueurs qui ont prouvé qu'ils ont du mental. * Vous faites là allusion au match contre l'Egypte ? Tout à fait. Avec cette mentalité de gagneurs, nos joueurs sont capables de damer le pion aux Egyptiens dans leur antre. * Vous avez personnellement disputé un match contre eux en 2001 ; pourriez-vous nous décrire l'ambiance du Cairo Stadium ? Les Egyptiens étaient chauffés à blanc pour nous battre. Seulement, on avait tenu tête aux joueurs d'Al Gohary, l'entraîneur de l'époque. Nous avions égalisé à deux reprises. La première fois par Tasfaout sur une passe de Belmadi ; la deuxième fois, c'était moi à la suite d'un retrait de Benarbia. J'avais inscrit un but d'un retourné acrobatique. A 2-2, on faisait jeu égal jusqu'à l'ultime minute de la première mi-temps où on a encaissé un but bête sur coup franc. En deuxième mi-temps, on avait assiégé le camp égyptien dans l'espoir de remettre les pendules, ce qui n'aurait pas été une surprise. Mais dans les cinq dernières minutes de la rencontre, on a encaissé deux buts sur des contres. En fin de compte, notre équipe s'est inclinée sur le score de 5 à 2 alors pas du tout mérité. * Les Egyptiens se croient capables de nous refaire le coup ; qu'avez-vous à dire ? Ils rêvent les yeux ouverts. A part ce 5-2 de 2001, l'Egypte n'a jamais battu l'Algérie par un écart de plus d'un but. En 1989, ils ont gagné 1 à 0 avec la bénédiction de l'arbitre Bennacer. En 1984, c'était aussi sur le score d'un but à zéro qu'ils nous ont battus. Hormis ces deux défaites de l' Algérie, on leur a souvent tenu la dragée haute. Rappelez-vous, le 2-2 en 1980, 3-1 en 1984, 2-0 en 1990, 2-1 en 2004 et 3-1 en 2009. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Concernant le match retour, je dirais aux Egyptiens que les jeux sont faits. Ils n'ont qu'à penser au Mondial de 2014, parce qu'ils ne pourront rien faire le 14 novembre. * Comment voyez-vous le scénario de cette rencontre ? Les Egyptiens seront contraints de jouer à fond pour espérer faire la différence de deux buts qu'ils accusent. La pression sera terrible sur eux. Le facteur temps jouera contre eux. Nos joueurs pourraient alors les surprendre. A partir de ce moment-là, ils perdront tout leur football. L'équipe nationale est quasiment qualifiée pour le Mondial sud-africain. Shehata, il est clair, misera sur la première mi-temps pour espérer inscrire un but dans les 15, voire 20 premières minutes pour ensuite ajouter un autre en seconde période qui fera perdre les pédales aux nôtres. Connaissant bien notre entraîneur, je suis sûr que ce scénario a été pris en compte. Je crains toutefois une chose : que les joueurs égyptiens réussissent à énerver nos joueurs. Ce qui pourrait contraindre l'arbitre à expulser un de nos joueurs. Voilà ce que j'appréhende le plus. A part cela, je ne vois pas comment l'équipe égyptienne pourrait battre notre sélection qui lui est supérieure sur tous les plans * Vos propos sont empreints de beaucoup de confiance… Ce sont les propos d'un joueur ayant beaucoup d'expérience dans le monde du football. Cela me rappelle la confrontation Algérie-Tunisie de 1977. L'équipe tunisienne était venue à Alger avec un avantage de 2 buts. Au match retour, tous les Algériens croyaient qu'on allait se qualifier, surtout avec le rappel de Mustapha Dahleb. Je ne crois pas que les Egyptiens pourraient nous battre par un écart de trois buts. * Un pronostic sur ce match ? J'ai deux scores en tête : soit un résultat d'un but partout et c'est l'Algérie qui marquera la première, soit une victoire de nos capés de 2 à 1. De toutes les façons, j'ai le fort pressentiment que les Verts surprendront la bande à Shehata. Entretien réalisé par Salah Belkallouche