«Cette rage qui habitait les joueurs égyptiens a été égarée avec cela l'efficacité et le rendement de son jeu.» * Plusieurs techniciens, sollicités pour donner leurs avis sur cet Egypte-Algérie, n'ont pas hésité à conseiller Saâdane sur la tactique qu'il doit mettre en place pour contrer les Egyptiens. Selon vous, quelle est la meilleure stratégie qu'on doit adopter pour un match aussi particulier ? Rabah Saâdane est mieux placé que moi pour choisir et mettre en place la tactique la mieux appropriée face à un adversaire aussi redoutable que cette équipe d'Egypte. L'avantage qu'il a est «la proximité, la connaissance» de l'état physique et psychologique de chaque joueur, ce qui lui permettra de choisir l'homme qu'il faut à la place qu'il faut en tenant compte de l'objectif qu'il a défini, des qualités et des défauts de l'adversaire et ceux de son équipe . * Sur le plan du jeu, quels sont justement les points forts et les points faibles de l'Egypte ? Le téléspectateur algérien qui avait suivi la finale de la Coupe d'Afrique des nations Egypte-Côte d'Ivoire sur l'ENTV avait entendu les propos que je tenais sur cette équipe égyptienne. J'avais parlé de l'ossature de cette équipe et je disais que c'était Al Ahly qui allait rencontrer la Côte d'Ivoire et ceci pour parler de la cohérence du dispositif, de l'homogénéité du collectif, de l'interaction, de la collaboration entre les joueurs, de la facilité de se retrouver grâce à la connaissance de chacun d'eux, des actions et des comportements de l'autre partenaire. De plus, le jeu des Egyptiens était orienté vers le but adverse. Mais ce qui était encore plus important à l'époque, la soif de gagner. On voyait sur le terrain des compétiteurs. Aujourd'hui, l'ossature de 2006 et les qualités de son collectif ne sont plus présentes. Et surtout cette flamme, cette rage qui habitait les joueurs égyptiens a été égarée avec cela l'efficacité et le rendement de son jeu. La question qui se pose est de savoir si on n'a pas réveillé cette équipe par notre comportement, nos festivités. * L'Egypte actuelle, par rapport à son potentiel offensif, est-elle capable de nous marquer trois buts ? L'Argentine a pris 6 buts, le Real et le Bayern aussi. Tout est possible en football et chaque match a ses vérités. Le score d'un match est un résultat et non une revendication. * José Manuel, l'ex-entraîneur d'Al Ahly, pense que c'est presque irréalisable. Un commentaire ? «Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute.» L'irréalisable n'existe pas en football et ne doit pas exister dans la bouche d'un technicien qui se respecte. Il existe aussi des «techniciens-opportunistes» qui savent utiliser le cirage et qui savent tromper leur monde. Le football aujourd'hui, c'est l'inconstance des résultats et la fragilité du collectif. Le plus important pour nous sera la capacité ou non de notre collectif (et non de nos joueurs) à résoudre les problèmes que nous posera l'adversaire. * Il estime aussi, compte tenu de sa parfaite connaissance des joueurs égyptiens, qu'hormis Aboutrika, les autres attaquants sont loin de pouvoir inquiéter sérieusement notre défense… Lors de la Coupe des confédérations, cette équipe a montré qu'elle avait encore «sous la chaussure». * Techniquement, quels sont les plus grands atouts des Verts ? Au niveau du mental, l'enthousiasme, l'engagement, un cœur gros et une volonté d'atteindre un résultat. Au niveau du registre technique, nos joueurs n'ont rien à envier aux Egyptiens. Physiquement, nous pouvons nous opposer à nos frères égyptiens sans aucun problème. Tactiquement, nos joueurs doivent opter pour une responsabilité collective et non individuelle sur chaque action (en possession de balle ou en perte), patience et conservation du ballon afin de priver l'adversaire de ce ballon, le faire courir afin de l'user, lui faire perdre sa lucidité, ce qui peut engendrer des erreurs de placement ou de replacement et qui peuvent nous permettre d'exploiter les espaces laissés par notre opposant. * Selon vous, doit-on compter sur ces atouts pour aller contrer les Egyptiens, ou faut-il plutôt tenter de neutraliser les leurs ? Il faut partir avec un projet de jeu : quoi, qui, où et comment faire lorsque l'Egypte aura le ballon ? * Comment, qui et quoi faire lorsque notre équipe aura le ballon ? Un plan de fonctionnement (où chacun connaît son rôle et ses tâches et pas en ordre dispersé) et surtout un ou plusieurs objectifs : marquer un but. * L'Algérie a choisi d'annuler son match amical qui était prévu avant le 14 novembre, alors que l'Egypte a préféré jouer contre la Tanzanie. Comment analysez-vous ces deux stratégies d'avant-match ? Chaque action doit être porteuse d'un sens et pour un objectif bien déterminé. Si notre staff technique a préféré l'annuler, c'est qu'il avait ses raisons. * Avez-vous suivi la confrontation Egypte-Tanzanie ? Non, je ne l'ai pas suivie. * Peut-on la considérer comme un match référence et quelle idée peut-on en tirer ? Même si je ne l'ai pas vue, je peux dire qu'un match amical est organisé comme une plate-forme de développement ou d'évaluation du travail qui a été développé. Donc, il intéresse plus le staff technique que les spectateurs ou les analystes. Un match amical ne peut jamais être une référence, car l'adversaire n'est pas le même et les problèmes posés autour et sur le terrain ne seront pas les mêmes. Entretien réalisé par M. S.