Une fiesta bon enfant, sans débordements Samedi dernier, certains supporters algériens avaient commencé à faire la fête avant même que l'arbitre ne siffle la fin du match et leur déception avait été grande d'apprendre, par la radio, que l'Egypte avait inscrit un deuxième but synonyme de sursis pour eux et de la tenue d'un match d'appui au Soudan. Hier soir, la prudence a été de mise et personne n'a commencé à faire la fête avant que le match ne soit bel et bien terminé. Déjà, en voyant que le quatrième arbitre a annoncé seulement quatre minutes de temps additionnel, l'espoir est demeuré vivace. «Tant que ce n'est pas six minutes…», ont commenté beaucoup de gens. Ils ont eu raison : les Verts ont bien tenu cette fois-ci, jusqu'au bout, et ont obtenu le billet qualificatif pour la Coupe du monde en Afrique du Sud. Comme on peut le deviner, la fiesta a été totale et nationale. On a fêté l'affront lavé Comment peut-il en être autrement puisqu'avant même le match, et trois jours durant, les Algériens se sont tous mis aux couleurs nationales et ont commencé à faire la fête avant même le coup d'envoi de la rencontre ? Nulle surprise donc que sitôt le coup de sifflet final donné, des millions d'Algériens sont sortis dans les rues des 48 wilayas du pays pour fêter non seulement la qualification pour la Coupe du monde, mais surtout l'honneur sauvé et l'affront lavé contre des Egyptiens au comportement mesquin et chauvin durant la présence des joueurs et supporters algériens au Caire. Hier, c'était plus qu'un match. C'était un combat pour l'honneur et les Algériens sont tous sortis pour fêter l'honneur sauf. Les couleurs nationales à tous les coins Des marées humaines ont investi tous les quartiers d'Alger. Hier, il n'y avait pas des supporters du MCA, de l'USMA, de la JSK, du CRB, de l'USMH, du RCK… Il y avait des Algériens avant tout. Jamais, de mémoire d'Algérois, il n'y a eu autant de drapeaux algériens dans les rues de la capitale. Chaque citoyen en tenait un ou, à tout le moins, arborait qui un tee-shirt, qui une écharpe, qui un cache-nez, qui un serre-poignet aux couleurs nationales. Le sentiment national était exacerbé à son paroxysme et tout le monde était fier de se sentir algérien. D'ailleurs, le slogan qui a été le plus scandé a été «Les Algériens !» Même les femmes et les filles sont sorties ! La fête a été telle que les gens sont sortis en famille exprimer leur joie. Miracle du football : des femmes et des jeunes filles ont défilé à pied au centre-ville sans qu'ils ne soient nullement embêtés par les hommes. Même des petits enfants, arborant fièrement l'attirail du parfait supporter, étaient de sortie. Hier soir, la solidarité était réelle, vraie, présente. Les drapeaux algériens étaient accrochés de manière ostentatoire à tous les balcons. Les slogans à la gloire des Verts étaient légion et scandés par les femmes et les hommes, les vieux et les jeunes, sans distinction aucune. Les you-yous ont fusé des voitures et des balcons. C'était la fête, tout simplement ! Shehata, Zaher et Moubarak en prennent pour leur grade Bien sûr, comme il fallait s'y attendre, les Egyptiens en ont pris pour leur grade. Le souffre-douleur a été le sélectionneur égyptien, Hassan Shehata, largement tourné en bourrique. Les «Allahou Akbar, Shehata mat» (Allahou Akbar, Shehata est mort), «Shehata himaroun» (Shehata est un âne) et autres “Shehata makayin walou” (Shehata est nul) ont été entonnés à gorge déployées par des millions de gens, les filles compris. Même Samir Zaher, le ci-devant président de la Fédération égyptienne de football, commanditaire du guet-apens ayant visé les joueurs algériens, et le président Hosni Moubarak n'ont pas été oubliés dans les «gentillesses» déclamées à l'égard des Egyptiens. Une fiesta bon enfant, sans débordements Par précaution, plusieurs axes menant vers des institutions sensibles, comme la présidence de la République, l'Assemblée populaire nationale, le siège du gouvernement ou l'ambassade d'Algérie en Egypte, ont été fermés à la circulation. Les services de sécurité se sont montrés vigilants tout en se montrant discrets. Aucun débordement n'a été signalé au moment où nous mettons sous presse. C'était tout simplement une fête populaire qui s'est terminée très tard dans la soirée… ou plutôt très tôt ce matin. F. A. S.