Le Fonds national d'investissement boude le privé Créé en mars 2009 avec l'objectif d'impulser l'investissement productif public et privé en lui apportant les financements nécessaires que les établissements bancaires traditionnels ne peuvent supporter, le Fonds national d'investissement serait-il en train de devenir cet instrument au service exclusivement des entreprises publiques ? Si l'on se réfère aux propos d'opérateurs privés Algériens rapportés par le journal électronique TSA sur son site, on peut craindre la marginalisation pure et simple du privé Algérien par cet instrument financier dont les objectifs sont pourtant clairs. Le Fonds en question bouderait-il le privé national ? Et pour quelles raisons le ferait-il ? D'après TSA, le FNI a rejeté, depuis sa mise en place, les demandes de financements présentées par des groupes privés nationaux pour leurs projets d'investissements ou de développement. « Nous avons sollicité le FNI pour un prêt destiné à financer une partie de nos investissements. Sa réponse a été négative, sans aucune explication», témoigne le directeur d'une entreprise privée. Mais, ce qui choque apparemment encore plus les opérateurs privés c'est l'attitude du fonds à l'égard des demandes de financements provenant du secteur public. Là le fonds se montre en effet « très généreux ». Exemple à l'appui : le GICA (Groupe industriel des ciments d'Algérie) a bénéficié d'un crédit à long terme de 64 milliards de dinars (640 millions d'euros) du Fonds national d'investissement (FNI). Le GICA est en charge notamment de développer l'industrie nationale du ciment. Autre exemple, le groupe de médicaments Saidal a obtenu un crédit de 16 milliards de dinars du FNI pour le financement de son plan de développement et d'investissement. Sans compter que le FNI a racheté la totalité du groupe public de BTP Cosider à qui il a accordé un prêt de 25,7 milliards de dinars pour financer son développement. Plus récemment, le FNI a accepté de s'impliquer à hauteur de 35% (30% directement et 5% via sa filiale Cosider) dans la création d'Axa Algérie. L'objectif de cet investissement serait de permettre à l'Etat de disposer d'une minorité de blocage au sein de la filiale de l'assureur français. Issu de la transformation de la Banque Algérienne de Développement (BAD), le FNI est le bras armé de l'Etat pour financer des projets d'investissements importants dont les montants dépassent les capacités de financements des banques publiques. Doté d'un capital de 150 milliards de dinars, cette structure a pour mission de financer des projets d'équipements publics et des opérations du secteur économique, à hauteur de 10 milliards d'euros. Son champ d'intervention couvre la «gestion des financements de projets d'investissements publics et du secteur productif», ainsi que la «promotion du financement bancaire local des grands projets au lieu de recourir à l'endettement extérieur». Le fonds aura également pour tâche «l'accompagnement et la détermination des conditions et des besoins spécifiques au titre de la restructuration du secteur économique». Enfin, en matière de promotion de la politique d'encouragement des IDE, le Fonds sera appelé à fixer «un certain nombre d'objectifs comme la promotion de la production et des exportations hors hydrocarbures, la création d'emplois, l'utilisation des ressources financières internes, et la prise en compte de tout critère devant concourir à un bilan devises positif».