Les programmes de dessalement d'eau de mer et pétrochimiques accaparent aujourd'hui le gros des fonds bancaires prêtables, risquant d'assécher les financements bancaires pour les autres secteurs. Les surliquidités bancaires ont atteint fin 2008 plus de 2 000 milliards de dinars, soit plus de 20 milliards d'euros. Si la tendance est à une progression des ressources détenues par les banques, le problème de l'intermédiation se pose toujours. Puisque les résultats en matière de création d'emplois et de richesses restent modestes, par rapport à l'importance des fonds prêtables. Le taux de chômage hyperélevé chez les jeunes semble renseigner sur cette incapacité bancaire à traduire les ressources disponibles en projets productifs de biens et services créateurs d'emplois et de richesses. En ce sens, la question est de savoir si après plus de six ans de mise en œuvre de la réforme, les banques ont amélioré leur capacité d'analyse des dossiers d'investissement. Une insuffisance maintes fois constatée sans que les autorités financières aient durant cette période apporté une réponse adéquate. La solution proposée consistant à créer au niveau des banques publiques des structures d'analyses des dossiers de crédits d'investissement par des experts nationaux et étrangers compétents n'a pas été retenue. Aujourd'hui, il est question de financement des grands projets d'investissements : dessalement d'eau de mer, projets pétrochimiques. Le seul programme pétrochimique nécessite 20 milliards de dollars de financements. À eux deux, ces segments accaparent le gros des fonds bancaires des banques publiques. Comme les fonds propres des banques publiques s'avèrent insuffisants à faire face au financement de l'ensemble de ces grands projets eu égard aux règles prudentielles, l'autorité monétaire a autorisé une entorse à cette réglementation, en acceptant de porter à 25% au lieu de 15% le seuil de fonds propres mobilisable pour un seul client (promoteur d'un grand projet). En dépit de cet effort, chaque banque publique n'a pas la capacité de financer aujourd'hui seul un projet d'un coût de un milliard de dollars, a averti un spécialiste financier, d'où la nécessité de recapitaliser les banques publiques. En clair, ces programmes ambitieux risquent de provoquer un assèchement des fonds bancaires prêtables pour les autres secteurs. Les banques privées, sous capitalisées, ne peuvent, elles, intervenir qu'en appoint et pour des montants beaucoup plus modestes. Même si l'orientation des pouvoirs publics en direction de ces établissements est le financement de l'investissement et non le commerce extérieur. La parade face à ce sérieux problème de financement de l'investissement a été de créer un fonds d'investissement d'Etat doté d'une enveloppe de 150 milliards de dinars, les ressources des banques étant courtes. Cet instrument de relance des investissements ne suffira pas, nous semble-t-il, eu égard au large champ ouvert en matière d'éligibilité au financement puisé de ce fonds. Finalement, on n'aura pas réglé la question pendante de la capacité d'analyse des dossiers d'investissements. K. R.