Afin de tâter le pouls de ce qui se passe actuellement en matière de négoce dans les souks algériens des produits de large consommation et de ce qui nous attend avec l'avènement du ramadhan, il a fallu faire le tour des marchés à Oran en recueillant, bien sur, les avis et impressions de quelques ménagères et autres marchands. A moins de deux semaines, les prix des produits de large consommation ne portent guère à l'optimisme. La mercuriale qui est restée bloquée pour la majorité des produits agricoles et notamment les légumes, et ce depuis le début du mois de juin. Plusieurs marchands de gros et de détails ont déclaré qu'il faut attendre la première semaine d'août pour avoir des indices des prix du ramadhan. Aujourd'hui, si le prix de la pomme de terre, aujourd'hui fixé à 40 ou 50 dinars, est redescendu depuis peu des cimes, alors qu'il atteignait facilement la barre des 80 DA le kilogramme selon la qualité et le calibre, c'est loin d'être le cas pour le reste des autres légumes. Hier, au marché du gros d'Oran, le prix a atteint les 28 dinars le kilo, ont déclaré plusieurs marchands. Quant aux chères tomates, elles restent stables autour de 20 dinars puisque c'est leur saison propice, déclarent nos interlocuteurs. Idem pour la salade laitue qui avait atteint les 100 DA le kilo pour descendre légèrement à 80 DA. Selon les marchands, oranais, le ramadhan sera entamé sans fruits puisque la production locale n'était pas bonne cette année. «Les desserts du ramadhan seront exclusivement le raisin rouge et les cucurbitacées (pastèque et melon) car les autres fruits et variétés du raisin ne seront pas disponibles avant septembre, ce qui va faire substantiellement augmenter les fruits importés (pommes, bananes etc.)». Le poulet prend des ailes Quant aux viandes blanches, elles ont tout simplement pris des ailes. En effet, les prix du poulet ont grimpé de 110 DA/kg. Pis encore, depuis une semaine, les prix augmentent de10 DA/kg d'un jour à l'autre, témoignent plusieurs marchands. «Pendant le week-end, les prix sont passés de 280 DA/kg à 300 DA/kg», a précisé un vendeur, affirmant que même les commerçants voient leurs recettes s'amenuiser suite au recul de la demande. Les prix pratiqués durant la journée d'hier ont oscillé entre 270 et 310 DA/kg pour le poulet et ont atteint les 750 DA/kg pour l'escalope de dinde. Pour la chorba des pauvres, un commerçant d'Aïn El Tûrck affichait le prix de 120 dinars pour le cou et les ailes de poulet et les abats à 250 dinars. Approchés, des bouchers oranais expliquent cette flambée des prix par la hausse intempestive des températures estivales qui provoque une forte mortalité des poussins dans les élevages. En revanche, d'autres imputent cette flambée au monopole exercé par «des grands éleveurs» qui s'entendent sur les quantités à écouler sur le marché pour maintenir les prix élevés. Cependant, des marchands ont expliqué la hausse des prix par le dispositif, lancé par l'Etat, concernant le stockage des poulets en prévision du mois de Ramadhan. Ce stockage a contribué au recul de l'offre sur le marché au moment où la demande est en hausse, notamment pour les besoins des fêtes familiales, selon plusieurs volaillers. Isaâd Rebrab : «l'anarchie pénalise surtout le consommateur » Pour le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, les mécanismes archaïques du marché algérien génèrent une «concurrence féroce loin de tout monopole, ce qui pousse l'opérateur à faire de son mieux au profit du consommateur». Issad Rebrab qui intervenait ce jeudi en marge d'une journée de coordination sur la mise en œuvre de la stratégie d'approvisionnement du marché national en produits de large consommation, a annoncé au passage que les prix du sucre et de l'huile «vont connaître une baisse durant le Ramadhan». Cette journée, qui entre dans le cadre des préparatifs du mois de ramadan, a été organisée par le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Ce dernier a appelé les opérateurs économiques privés activant dans l'agroalimentaire de base à assumer leur mission de service public parallèlement à l'activité commerciale lucrative qu'ils exercent. «Les producteurs et importateurs exerçant dans cette filière «doivent adopter la vocation citoyenne et de service public notamment lors des situations d'emballement des prix et de perturbation du marché». Pour arriver à trouver l'équilibre des prix, le ministre a promis «une coordination positive avec ces opérateurs à travers la création de cellules d'écoute et le développement d'un dispositif juridique et relationnel à même de leur épargner des efforts et des coûts inutiles».