La législation très controversée sur l'immigration en Arizona a été vidée de sa substance par la juge de district. Pour le plus grand bonheur de Barack Obama. Les immigrés de l'Arizona - et tous ceux qui pourraient seulement en avoir l'air - ont obtenu une première victoire. La guerre des nerfs envahit l'Arizona où la loi sur l'immigration fait rage à tous les niveaux. Les tiraillements sont d'une actualité brûlante. La dernière décision de la juge de district a eu l'effet d'une bombe lorsque plusieurs articles non des moindres ont été invalidés. Tout de suite cela a renvoyé à une sérieuse victoire de Barack Obama dans tout le dossier sur la législation migratoire, ce qui laisse croire que le « contrôle du dossier passerait au niveau fédéral ». Inutile de préciser alors toute la fête populaire qui s'est emparée des rues de toutes les villes de l'Etat où de très nombreuses banderoles ont fait leur apparition pour dénoncer le racisme sous toutes ses formes. Mais, la gouverneure d'Arizona, Jan Brewer, ne s'avoue pas vaincue. Déjà, elle a annoncé son intention de faire appel contre cette décision. Les experts juridiques s'attendent à ce que la question remonte jusqu'à la Cour suprême. La loi votée il y a trois mois par le Congrès d'Arizona, à majorité républicaine, est la plus répressive jamais envisagée contre les immigrés dans un des cinquante Etats américains. Mais le juge Bolton en a annulé mercredi plusieurs volets, dont celui très controversé qui enjoignait aux policiers d'enquêter sur le statut d'immigré de toute personne en état d'arrestation ou en garde à vue s'ils pouvaient "raisonnablement" soupçonner cette personne d'être un sans-papiers. Les élus républicains de l'Arizona veulent par cette loi réduire le nombre d'immigrants illégaux dans l'Etat, où leur nombre est estimé à un demi-million, et endiguer le flux de clandestins mexicains qui franchissent illégalement le mur de la honte érigé pour « sécuriser » la frontière et lutter contre le trafic de la drogue. Soutenue par une majorité d'Américains à en croire les sondages, elle a inspiré des projets similaires dans une vingtaine d'autres Etats, alors que le nombre d'immigrés clandestins est estimé à 10,8 millions aux Etats-Unis. Profilage racial Mais les adversaires de la loi, issus en particulier de la communauté latino, dénoncent un texte contraire à la Constitution et voient dans ces mesures la porte ouverte au harcèlement systématique des Américains d'origine hispanique. Sans attendre la décision du juge Bolton, plusieurs milliers de militants comptaient se rendre à Phoenix jeudi pour protester contre la nouvelle législation. D'autres rassemblements sont prévus à travers le pays. L'administration démocrate n'avait pas tardé à réagir. Le gouvernement Obama avait saisi la justice début juillet contre la législation de l'Arizona en arguant qu'elle interférait "avec les intérêts vitaux de politique étrangère et de sécurité nationale en perturbant les relations des Etats-Unis avec le Mexique et d'autres pays". La Maison Blanche s'efforce d'imposer une approche plus globale sur l'immigration qui relèverait de l'Etat fédéral et non de chaque Etat individuellement. À la veille de l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi sur l'immigration, une juge fédérale de Phoenix a prononcé une injonction préliminaire qui empêche l'Etat du sud-ouest américain d'appliquer les articles les plus controversés de la mesure adoptée en avril. Dans une décision de 36 pages, la juge Susan Bolton a notamment estimé que la disposition la plus explosive de la loi mènerait à coup sûr au profilage racial, au harcèlement et à l'arrestation non seulement d'étrangers mais également de citoyens américains. Cette disposition exige qu'un policier essaie de déterminer le statut migratoire d'une personne contrôlée ou arrêtée s'il peut «raisonnablement» soupçonner que cette personne se trouve illégalement présente aux Etats-Unis, ce que les détracteurs de la loi assimilent à un délit de faciès. «Maintenir le statu quo au moyen d'une injonction préliminaire est moins dommageable que de permettre l'application de lois locales qui seront probablement rendues caduques par une loi fédérale à venir», a écrit la magistrate, qui devra se prononcer sur la constitutionnalité des articles contestés. Les autres plaignants, dont l'association de défense de droits civils ACLU, ont plutôt insisté sur la discrimination raciale à laquelle cette loi exposerait les Américains d'origine hispanique. Le ministère de la Justice américain a accueilli avec satisfaction la décision de la juge. «Même si nous comprenons la frustration des citoyens de l'Arizona face à un système d'immigration déréglé, un patchwork de mesures locales nuirait sérieusement à l'application des lois fédérales sur l'immigration et serait contre-productif», a déclaré Hannah August, porte-parole du ministère de la Justice. Barack Obama avait tenu le même raisonnement au début du mois de juillet dans son premier discours officiel sur l'immigration depuis son entrée à la Maison-Blanche. Appelant le Congrès à adopter une réforme de l'immigration, il s'était contenté de termes généraux qui donnaient à penser qu'il ne croyait guère à une action prochaine de la Chambre des représentants ou du Sénat sur cette question.