Nous sommes à peine à la mi-Ramadhan que jamais, les plus grandes discussions familiales ne portent que sur l'aid el fitr talonné par la rentrée scolaire. Le hic, c'est inévitablement l'hémorragie financière qui pointe à l'horizon alors que le Ramadhan a déjà lessivé bien des foyers côté budget. La saga va se poursuivre. Les rues commencent à s'animer un peu plus que ce soit de jour ou de nuit. Les magasins d'habillement sortent leurs stocks, garnissent leurs vitrines et se frottent les mains. La moisson de la sortie de Ramadhan et de la rentrée scolaire s'annonce prometteuse pour les revendeurs, catastrophique pour les familles qui ne savent plus où donner de la tête. À voir les prix suggérés mais rarement affichés, ce n'est ni plus ni moins que la berlue. Y a de quoi perdre la tête et le nord face à la flambée qui a déjà brûlé plusieurs budgets. Côté fournitures scolaires, on est loin, très loin de la morale. Les prix des cahiers donnent la chair de poule. Les stylos brûlent les doigts. Les manuels, pourtant monopoles des établissements scolaires, enlèvent toute envie de lecture. Les crayons se cassent et les calculettes s'affolent. Quant aux cartables et autres sacs à dos, ils donnent le vertige. Le tout provoque la nausée et pousse bien des familles démunies à déclarer forfait face à un manque criard de contrôle. Certains parents achètent et en rachètent encore au fil des évènements qui se succèdent. D'autres n'en peuvent plus et brandissent le drapeau blanc en signe de repli. Et à un chef de famille de s'avouer vaincu car il ne comprend pas pourquoi les prix ne cessent d'augmenter. « Ils augmentent à vue d'œil et ne tiennent compte d'aucune logique, sauf la logique du gain facile ». La pratique des gros bénéfices semble faire tache d'huile en cette dernière moitié de Ramadhan. Un exercice en prévision des de l'Aid el fitr et de la rentrée des classes. La fièvre a gagné même les revendeurs à la sauvette. Chacun veut avoir sa part. C'est l'occasion. C'est une aubaine qu'il ne faut pas rater. Car une fois dans l'année. Mais c'est une fois de plus. Une fois de trop. Certes, les Algériens ont les traditions, les us et les coutumes dans les tripes. l'Aid, c'est l'Aid est rien d'autre. La rentrée c'est un peu moins et qu'à cela ne tienne. Les enfants auront leurs habits neufs pour la fin de la Ramadhan. Peu importe s'il manque un ou deux cahiers le jour de la reprise des cours. Pas grave si l'enfant n'aura pas tous ses livres à temps. Mais, encore une fois, l'Aid c'est l'Aid. La surenchère dans le quartier et chaque famille voudrait voir les siens en tenue de parade ne serait-ce que le premier jour. De là, toute une complicité non avouée semble s'installer entre les revendeurs et les consommateurs. Peu importe la facture pour ne pas dire fracture et hémorragie. l'Aid c'est sacré. Qu'à cela ne tienne même s'il faut faire un crochet par les amis pour se faire dépanner. Demain, il fera jour. Les enfants auront été contents. Heureux. Mais quel prix aura coûté l'hémorragie de l'été 2010 ? Heureusement que le ministère de l'Education nationale assurera la gratuité des livres scolaires à près de quatre millions d'élèves. Mieux vaut cela que rien du tout.