Le Maghreb est en train de devenir une terre de conquête pour la grande distribution. C'est là une des conclusions de l'enquête menée par le cabinet de consultants américains A.T. Kearney sur le marché de la grande distribution dans le monde et qui consacre une partie à l'évolution de ce circuit dans la région du Maghreb et du Moyen-Orient. Ces deux destinations restent pour les auteurs de l'étude les plus attractives pour le développement de la grande distribution. Cette enquête repose sur l'interrogation d'une soixantaine de sociétés internationales de distribution et se base sur vingt-cinq critères comme le risque économique et politique, l'attractivité du marché ou la croissance de la distribution. Selon la neuvième édition de son Global Retail Development Index (GRDI), « les commerçants, touchés notamment par la lenteur de la croissance dans les marchés développés encore en récession devraient se concentrer de plus en plus sur leur expansion internationale ». Mais, force est de constater que l'Algérie, comparativement à nos voisins marocains et tunisiens, demeure à la traîne dans le développement de la grande distribution. L'analyse d'A.T.Kearney, encourageante pour la majeure partie des pays de la région Maghreb et Moyen-Orient, relègue d'ailleurs notre pays à un classement qui ne correspond pas à la « taille » de son économie. En effet, si la Tunisie (passée du 14ème au 11ème rang des vingt plus prometteurs marchés mondiaux de 2009 à 2010) et le Maroc (du 19ème au 15ème) marquent clairement leur progression, l'Algérie s'enfonce en perdant dix places et en n'accrochant plus que la 21ème place, derrière ses deux voisins. Ce recul a-t-il un lien direct avec la nouvelle politique économique en matière d'investissements étrangers, très critiquée d'ailleurs par les opérateurs étrangers ? Il est vrai que perdre dix place en l'espace de quelques années seulement a de quoi pousser à l'interrogation. Pourtant, ce ne sont pas les projets qui manquent dans ce secteur, même si l'opinion garde toujours à l'esprit l'échec de l'expérience de la chaîne française Carrefour dont le partenariat avec l'algérien Arcofina n'a pu aller au bout. Les deux parties s'étaient même entendues pour ouvrir dix-huit hypermarchés en franchise. Mais, les deux partenaires décident de se séparer en février 2009. Carrefour se retire complètement du marché algérien, alors que le groupe algérien décide de poursuivre l'aventure avec la construction du premier magasin de la chaîne sous l'appellation Ardis, près de la foire d'Alger et de l'hôtel Hilton. L'hypermarché devrait ouvrir ses portes au premier trimestre, si l'on se fie aux prévisions de l'opérateur. On se souvient aussi de l'échec des marchés Promy du groupe Blanky qui a fini par couler avec la faillite de la maison mère. Selon des spécialistes, plusieurs paramètres continuent de gêner le développement de la grande distribution. L'ampleur de la contrefaçon, la faiblesse du pouvoir d'achat, les difficultés d'accès au foncier et la faiblesse de la production nationale rendent difficile le développement rapide de la grande distribution dans le pays. L'ampleur de la contrefaçon, la faiblesse du pouvoir d'achat, les difficultés d'accès au foncier et la faiblesse de la production nationale rendent en effet difficile une croissance rapide de la branche dans le pays. Il faut aussi ajouter le poids important de l'économie informelle qui représente près de 40 % de l'activité du pays. L'Algérie compte 500.000 commerçants travaillant au noir et 2.400 marchés informels, selon des données officielles. Le secteur de la grande distribution en Algérie vit donc actuellement ses moments de balbutiement, mais les dernières informations en la matière révèlent que nous sommes dans une sorte de veillée d'armes. Cevital, qui va s'appuyer sur sa filiale de grande distribution Numidis, montre l'exemple et affiche déjà son ambition de devenir le numéro un du secteur en Algérie. « Nous allons ouvrir d'ici à 2025 une dizaine de centrales logistiques d'achat, 1.500 supermarchés et des môles (grands centres commerciaux, Ndlr) », avait affirmé récemment le patron du groupe, M. Issaâd Rebrab. Le groupe a ouvert la première grande enseigne UNO City à Alger au niveau du tout nouveau Centre commercial de Bab Ezzouar. Un 45 000 m⊃2; comprenant quatre-vingt quatorze magasins pour un investissement de 70 M€ apportés par le suisse Valartis Group et la SCCA (Société des Centres Commerciaux d'Algérie). A noter par ailleurs, qu'au cours des dernières années, des supérettes (Galaxy, Opéra, Mini Prix Kheyar, Maxi Market ne relevant pas de réseau) ont ouvert leurs portes (moins de 750 m2).