La tuberculose, une maladie infectieuse transmis sible et contagieuse est de retour à Oran. Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme. Ils redoutent notamment la propagation d'une nouvelle souche résistante causée par le traitement incomplet. Le nombre des nouveaux cas de tuberculose dite résistante ne laisse planer aucun doute sur la gravité de la situation. Les services sanitaires ont recensé depuis le début de l'année en cours 150 nouveaux cas de tuberculeux résistants, qui ont besoin d'un traitement spécifique nécessitant le recours à des médicaments dits de deuxième intention moins bien supportés et plus coûteux que les antituberculeux de première intention. Le nombre des malades atteints de la tuberculose dite classique a aussi progressé durant la même période pour atteindre 1.000 nouveaux cas. Ce retour en force de la tuberculose est dû en fait à de nombreux facteurs et en particulier, le manque de traitement intensifié et l'absence de prise en charge adéquate des personnes contaminées. Les tuberculeux qui sont soumis à un traitement efficace ou un suivi rigoureux de leur maladie sont rares, ce qui a eu comme conséquence directe une apparition de souches résistantes. Les malades se plaignent, d'ailleurs ces dernières semaines d'une énième pénurie de médicaments antituberculeux. Plusieurs unités de contrôle de la tuberculose et des maladies respiratoires (UCTMR) relevant des établissements publics de santé de proximité de la wilaya sont, depuis plusieurs semaines, à sec de médicaments (RH). Le médicament en question est une bithérapie (isoniazide et rifampicine), que les malades prennent pour le traitement de soutien qui dure quatre mois. Les établissements sanitaires, qui ont adressé des bons de commandes à la PCH, attendent toujours leur approvisionnement. Des produits de substitution (combinaison de molécules) parfois inefficaces pour certains cas sont administrés aux patients. Il est à noter que la tuberculose a coûté la vie à 13 personnes, dont six prisonniers âgés entre 12 et 60 ans, durant l'année 2009. Cette maladie contagieuse semble trouver dans les prisons un terrain propice pour se propager en raison de la surpopulation carcérale et des mauvaises conditions d'hygiène. Autre cause de la propagation de cette maladie à Oran est la progression du sida. Un sidéen a cinquante fois plus de risque de développer une tuberculose active. Il y a aussi le manque de prise en charge médicale adéquate dans les services de références. A Oran, un seul service accueille l'ensemble des malades de la région Ouest. Pénurie de médicaments et réactifs, inexistence d'un budget spécial et absence de centres médicaux spécialisés destinés à la prise en charge et au suivi des malades jusqu'à leur guérison…sont autant d'entraves pour une lutte efficace contre cette maladie. Selon de récentes études épidémiologiques, la wilaya d'Oran est classée au deuxième rang des wilayas les plus touchées en Algérie par la tuberculose à cause d'une extension anarchique des zones urbaines. Les principaux foyers de propagation dans la wilaya d'Oran sont Es Senia, Aïn El Beida et Hassi Bounif. La DSP avait réalisé récemment trois nouveaux centres de diagnostique et de suivi de cette pathologie à Es-Sénia, Gdyel et Ain El Turck, pour la détection précoce des nouveaux cas, précise-t-on.