Le gouvernement n'est apparemment pas près de lâcher du lest dans la réforme qu'il a engagé pour le marché du médicament. Et chaque semaine qui passe ramène son lot de surprises pour les acteurs de la filière. Ainsi, après avoir interdit à l'importation tous les médicaments produits localement et l'obligation faite aux producteurs d'assurer eux-mêmes la distribution de leurs produits, éliminant par là la corporation des grossistes-distributeurs de l'échiquier, les autorités s'apprêteraient à enfoncer le clou de la réforme en poussant la logique jusqu'à interdire simplement et clairement toute opération d'importation de médicaments qui sera désormais réservée aux producteurs locaux publics et privés. Selon le journal électronique TSA, cette nouvelle mesure est contenue dans le nouveau cahier de charges fixant les conditions d'importation du médicament qui est actuellement en phase de finalisation au ministère de la Santé. « Les sociétés importatrices seront interdites d'importer le médicament. Le gouvernement ne permettra qu'à des fabricants locaux d'exercer l'activité de l'importation », explique la source citée par TSA. La décision qui pourrait entrer en vigueur dès 2011 permettra aux producteurs locaux de récupérer un marché de deux milliards de dollars. L'autre décision qui va toujours dans le sens de découragement de l'activité import et d'encouragement de la production locale, a trait à la prise en charge du risque de change. « Le risque de change sera à la charge des exportateurs, c'est-à-dire des laboratoires étrangers. Il ne sera plus pris en charge ni par les producteurs locaux ni par la sécurité sociale, comme c'est le cas actuellement. Les prix d'achat seront enregistrés en dinars », indique la même source. Ces mesures viennent ajouter de la pression à un marché déjà en pleine ébullition depuis plusieurs mois. Les nouvelles orientations du gouvernement en la matière mettent les opérateurs pharmaceutiques devant un fait accompli : soit rénover leur stratégie pour participer à l'effort de production ou tout simplement disparaitre. Ce marché est estimé actuellement à 2,5 milliards de dollars. Il a enregistré, en 2010, une croissance de l'ordre de 0,13 milliard de dollars par rapport à 2009. Il atteindra, selon les prévisions des experts, les 3 milliards de dollars en 2013. Les importations continuent de se tailler la part du lion, avec une valeur de plus de 1,5 milliard de dollars, soit un taux légèrement inférieur à 65% pour le premier semestre 2010. Selon des données obtenues par TSA, le français Sanofi Aventis est actuellement leader, avec ses 13% de parts de marché. Il représentait en 2009 près de 320 millions de dollars. Il est talonné par Hikma pharma (164 863 013 USD), Saïdal (149 187 464 USD), Glaxosmithkline ou GSK (141 958 937 USD), Novartis (129 138 999 USD) et Pfizer (111 323 448 USD). Viennent ensuite le Danois Novo Nordisk (85 264 536 USD), l'Américain MSD (85 264 536 USD), le Français Roche diagnostics (85 264 536 USD) et Astrazeneca (85 264 536 USD). Les 314 autres laboratoires nationaux et internationaux opérant en Algérie se partagent ce qui reste du marché pour une valeur se rapprochant de 1,05 milliard de dollars. En imposant aux opérateurs pharmaceutiques d'investir obligatoirement dans la production locale, en vertu de l'arrêté ministériel du 30 octobre 2008 établissant un cahier des conditions techniques à l'importation des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux destinés à la médecine humaine, le gouvernement projette de réduire la facture du médicament au fur et à mesure qu'il diminue le volume des importations.