Le ministre de la Santé a donné un délai de deux ans aux importateurs, à compter de 2011, pour se lancer dans la fabrication de médicaments. “La pharmacie est incontournable dans le processus du système de la santé et le médicament fait partie maintenant de la sécurité de l'Etat, c'est pour cela que nous devons réduire progressivement notre dépendance des pays étrangers”, a annoncé, hier, M. Ould-Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière lors de l'ouverture de la première rencontre ministère/acteurs de la santé qui a lieu à l'institut Pasteur à Dély-Ibrahim (Alger). Il précise que l'importation des médicaments a coûté à l'Algérie près deux milliards de dollars en 2009. Quant à la facture globale des produits pharmaceutiques, elle a atteint, la même année, 1 670,10 millions d'euros, dont 87% étaient destinés aux médicaments, 8,63% aux vaccins, 2,24% aux consommables, 1,91% aux réactifs et 0,17 aux produit dentaires. Pour ce qui est du programme d'importation de produits finis en 2010, on apprend que 5 519 visas techniques ont été validés pour 139 opérateurs. Le ministre a indiqué qu'en espace de quatre ans, l'importation des médicaments a enregistré une hausse très importante. On est passé de 602 millions d'euros en 2004 à 881 millions d'euros en 2008. Il est à noter qu'en 2009, la France a enregistré 50,70% de parts du marché des importations algériennes de médicaments. Elle est suivie par le Danemark avec 8,5% et la Jordanie avec un taux de 5,69%. Tout cela constitue une bonne raison, selon M. Ould-Abbès, d'agir en vue de réduire cette lourde facture, et “augmenter la fabrication des produits médicamenteux et pharmaceutiques dans notre pays”, a-t-il expliqué. Il est envisagé, ainsi, d'atteindre un taux de production avoisinant les 70% des besoins nationaux d'ici 2014, et “cela n'est pas utopique”, dira-t-il. Désormais tout importateur de médicaments doit d'abord être fabriquant. M. Ould-Abbès donne un délai de deux ans — à partir de 2011— aux importateurs pour se lancer dans la fabrication de médicaments sous peine de fermeture de leurs boîtes. Et cela est valable même pour les boîtes étrangères installées en Algérie. Le ministre a également promis de faire de son mieux pour aider les opérateurs à se lancer dans la production et pour régler les problèmes des opérateurs pharmaceutiques qui se lanceront dans la fabrication. M. Ould-Abbès a déjà reçu plusieurs grands laboratoires qui envisagent de produire des médicaments. Il est à noter qu'il existe, en Algérie, 98 fabricants contre 139 importateurs. “La remise en ordre de la pharmacie passe par la production”, a-t-il dit. Concernant l'importation des produits fabriqués dans notre pays, le ministre de la Santé a déclaré que la circulaire de 23 mai dernier interdisant l'importation des médicaments algériens est une décision non discutable. “Ces médicaments ont pour objet d'être distribués sur le marché algérien et de permettre d'arriver à une autosuffisance en certains médicaments”, a-t-il ajouté. Au sujet de la pénurie des médicaments, le ministre de la Santé a déclaré qu'il engagerait “une guerre contre les pénuries”. Il a expliqué également que certains manques sont dus à une mauvaise gestion et à la désorganisation de la distribution du médicament. À ce propos, M. Ould-Abbès a annoncé qu'il va intervenir pour libérer des médicaments et des produits pharmaceutiques qui sont bloqués au port. Par ailleurs, il a annoncé l'installation de l'Agence nationale du médicament avant la fin de l'année. Le décret portant création de cette agence est à l'étude au gouvernement. Il est question également d'actualiser la liste des produits à interdire à l'importation en s'appuyant sur la liste des produits essentiels.