Sauf que les cimenteries d'Orascom, dont deux implantées en Algérie, ont été mieux vendues que la téléphonie mobile. A la fin de 2007, Lafarge a mis l'équivalent de 8,8 milliards d'euros pour racheter Orascom ciment tandis que le russe Vimplecom n'a versé que 4,82 milliards d'euros pour Orascom Telecom Holding (OTH). Mais qu'est ce qui a amené Naguib Sawiris à «brader» sa plus grande réussite représenté par OTH ? En réalité, Orascom Telecom Holding est une société qui traîne un lourd endettement. Naguib Sawiris comptait réduire son endettement en vendant son joyau, la filiale algérienne Djezzy. En raison du scandale de la vente de deux cimenteries d'Orascom implantées en Algérie au groupe français Lafarge, le gouvernement adopta dans sa loi de finances complémentaire 2010 un article instituant «le droit de l'exercice du droit de préemption de l'Etat sur toute cession d'actifs détenus en Algérie par des investisseurs étrangers, en frappant de nullité toute transaction réalisée à l'étranger sur leurs actifs». Se rendant compte qu'il ne pouvait plus vendre sa filiale algérienne, Naguib Sawiris tente alors de contourner, en partie, cet obstacle. En 2005, Naguib Sawiris va créer Weather Investments et achète le troisième opérateur de téléphonie mobile en Italie Wind Telecom. Le montant de la transaction : 15 milliards de dollars. Un peu plus tard, un autre opérateur de téléphonie implanté en Grèce sera racheté par Naguib Sawiris. En difficulté financière, la famille Sawiris sera dans l'obligation, à la fin de l'année 2007, de vendre sa division ciment au groupe Lafarge pour 8,8 milliards d'euros et sa filiale de téléphonie mobile en Irak, Iraqna, au koweitien Zain pour un montant de 1,2 milliards de dollars. Mais pour sortir de la spirale de l'endettement, les Sawiris n'avaient d'autre choix que de bien négocier la vente de leur filiale algérienne Djezzy. Sauf que toute vente de Djezzy devrait avoir l'aval du gouvernement algérien. Finalement, avant-hier, l'agence de presse Reuters nous apprend que l'opérateur mobile Vimpelcom, en partie détenu par le milliardaire russe Mikhaïl Fridman, avait racheté le groupe de Naguib Sawiris. L'opération consiste en le rachat de l'italien Wind et la prise de contrôle de 51% d'Orascom Telecom Holding (OTH). Le montant de la transaction s'élève à 6,6 milliards de dollars. De ce montant, 1,8 milliards de dollars seront versés en espèce à la famille Sawiris et le reste via l'émission de 326 millions d'actions. Le nouveau groupe Vimpelcom sera alors détenu à hauteur de 31,7% par le norvégien Telenor, tandis que 31,4% seront détenus par le russe Alfa-Group. Le reste des actions seront la propriété des minoritaires dont Orascom. Mais quelle serait la réaction de l'Algérie vis-à-vis de cette transaction ? Selon Reuters, le P-DG de Vimpelcom, Alexandre Izosimov, fera partie de la délégation qui accompagnera le président russe Dimitri Medvedev lors de sa visite à Alger prévue ce mercredi. A première vue, les nouveaux propriétaires du groupe Orascom veulent garder Djezzy, la filiale la plus rentable de la défunte société des Sawiris. Mais même si le nouveau groupe revendique, selon Reuter, 174 millions d'abonnés à la téléphonie mobile avec un chiffre d'affaires de 21 milliards de dollars, il reste tout de même assez endetté. La dette de Vimplecom avoisinerait les 24 milliards de dollars. Et pour couvrir cette acquisition, le groupe doit lever 2,5 milliards de dollars. Côté algérien, il n'est pas à écarter que le gouvernement exige la cession de 51% des actions de Djezzy. Et cela conformément à la nouvelle loi qui régit les investissements étrangers en Algérie. Une option qui pourrait aider Vimplecom à réduire son endettement. Une affaire à suivre…