Djezzy, une affaire russe ? Très improbable même si c'est le souhait le plus cher de Naguib Sawiris qui essaie de sortir d'un tête-à-tête difficile avec l'Etat algérien. Le sujet a peut-être été évoqué au cours de la visite du président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, en Algérie, il n'en a rien transpiré officiellement. Il était en effet hautement improbable que le gouvernement algérien puisse accepter pour l'opérateur russo-norvégien VimpleCom ce qu'il a refusé pour le sud-africain MTN. Le patron de VimpleCom, Alexander Izosimov, qui avait lancé un pavé dans la mare, mercredi, en endossant le chiffre de 7,8 milliards de dollars déjà avancé par Naguib Sawiris, a peu de chance d'être l'interlocuteur du gouvernement algérien dans cette affaire. A la veille de la visite du président russe, le gouvernement algérien avait déjà fait savoir que la transaction effectuée entre Orascom Telecom et VimpelCom ne modifiait pas le statut de Djezzy en tant qu'entreprise de droit algérien et qu'il comptait exercer son droit de préemption. Après la visite du président russe, le DG de VimpelCom qui a rencontré des responsables algériens, semble avoir pris la mesure de la fermeté des responsables algériens. L'Algérie, a-t-il déclaré, a «la ferme intention de nationaliser Djezzy». Il a estimé qu'une cession de Djezzy à l'Etat algérien ne serait pas de nature à empêcher la fusion entre VimpelCom et Orascom, destiné à créer le 5ème opérateur mobile mondial. Il semble que les autorités algériennes aient fait clairement comprendre à leurs homologues russes qu'ils n'accepteront pas VimpelCom comme interlocuteur. «Tout changement dans l'actionnariat d'Orascom Telecom Holding (OTH) ne saurait remettre en cause les engagements déjà pris de céder Orascom Telecom Algérie (OTA) à l'Etat algérien», avait averti le ministre de l'Industrie, de la Petite et Moyenne Entreprise et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Benmeradi. Il avait aussi souligné que les «négociations en cours entre l'Etat algérien et les propriétaires du groupe OTA n'étaient pas du tout remises en cause». Medvedev ne prendra pas en charge le «problème Sawiris» Cette démarche va bien entendu à l'encontre de celle de Naguib Sawiris qui semblait faire de l'accord avec VimpelCom son joker pour une prise en charge du dossier par l'Etat russe. Il ne semble d'ailleurs pas que l'Etat russe cherche à faire de l'affaire Djezzy - dont il n'ignore sans doute pas le background - un motif de crise dans les relations avec l'Algérie qui, il faut le souligner, ont dépassé les frictions liées à l'affaire des Mig. Medvedev qui se veut le VIP des entreprises russes aurait été mal avisé d'en faire une fixation. Prendre en charge le «problème Sawiris» n'est en effet pas le meilleur moyen de défendre une plus grande présence des entreprises russes dans l'attribution des contrats prévus par le plan de 286 milliards. Moscou sait en effet «raisonner froidement». Djezzy est bien une affaire entre Naguib Sawiris et l'Etat algérien. Comme pour signifier que les choses sont bien ainsi, une source gouvernementale algérienne non identifiée a annoncé jeudi à l'agence Reuters que la Banque centrale algérienne a infligé une amende de 193 millions de dollars à Orascom Telecom Algérie (OTA - Djezzy) pour violation de la réglementation des changes. Selon la même source, l'amende va être notifiée au cours des «prochains jours» et elle représente une réparation du préjudice subi par la Banque d'Algérie du fait des violations de la réglementation sur les changes par l'opérateur Djezzy. La Banque d'Algérie estime en effet que des transferts effectués par Djezzy au bénéfice de la maison mère, OTH, au titre de l'assistance technique pour les années 2007, 2008, 2009, n'étaient pas conformes à la législation des changes. Cette amende ne met pas fin à la procédure judiciaire engagée par la Banque d'Algérie contre le DG d'OTA-Djezzy Tamer El Mahdi. La nouvelle amende vient ainsi s'ajouter au redressement fiscal de 230 millions de dollars notifié la semaine dernière par les services fiscaux algériens (Direction des grandes entreprises DGE). Le message est clair : Djezzy reste une affaire entre le gouvernement algérien et Sawiris.