Si le guérisseur ne vient pas à vous, alors prenez votre mal en patience et déplacez-vous vers lui pour trouver le remède qui ronge la société. C'est ce qu'ont décidé certains citoyens de plusieurs villes du pays qui refusent de vivre parmi les rats, alors qu'il y a quelques années c'était les rats qui élisaient domicile dans certains foyers insalubres ou encore dans les réseaux d'égouts. Qu'à cela ne tienne! Certaines rues de la ville d'Oran, par exemple, se font transformées en terrain de prédilection des rats et devenues ainsi des aires de gymkhana sur lesquelles les citoyens n'ont d'autres choix que de s'armer de manches à balai pour combattre les rats parfois de la grosseur et du poids de lapin tellement ils sont bien engraissés par les vidanges et autres ordures ménagères, qui envahissent de plus en plus Wahran el Bahia qui n'a plus de Bahia que le nom qui, malheureusement, ne rime plus avec la capitale de l'Ouest algérien. Les ordures jonchent le sol. À tout coin de rue, au centre ville et pire ailleurs, il faut jouer au slalom pour se frayer un passage. Particulièrement dans les environs immédiats des rues qui servent, la journée, de marchés de fruits et légumes. Malheureusement, le mal a pris ces derniers une ampleur alarmante. Les sacs de plastiques pleins à craquer de déchets s'entassent un peu partout. Les tranchées à ciel ouvert destinées à recevoir les installations du tramway prennent l'allure d'un cimetière-dépotoir. Faute d'un ramassage régulier par les services compétents, les citoyens s'en débarrassent comme ils le peuvent puisque la Ville n'assure plus le ramassage. Alors, aux grands maux, les grands remèdes. Le wali fraîchement installé veut aller de l'avant. Il mobilise les troupes. Il fixe des échéances. Il programme des sorties en équipe pour un nettoyage par le vide. Tous les services concernés ont été mis en état d'alerte avec des consignes strictes, dit-on. Combien de fois avons-nous entendu ce refrain sans pour autant que nos villes et villages n'offrent un cadre de vie pour le moins « pas sale ». C'est malheureusement, le constat qui s'impose de lui-même quand les rues sont envahies par nos ordures, quand les passages des immeubles deviennent des dépotoirs, quand les impasses deviennent sans issue, quand les rats deviennent les compagnons quotidiens. Le mal va jusqu'à ronger les établissements de santé publique. L'hôpital d'Oran n'échappe pas à la règle. On est loin d'un état de salubrité exemplaire. Le personnel chargé de l'entretien brille par son absence. La « relève » est assurée par les parents des patients qui, tant bien que mal, tentent de maintenir propre le carré où est installé le lit. Et chacun y va du sien. Citer les autres lieux où l'hygiène laisse à désirer? Pas nécessaire. Cela est visible à l'œil nu et nul besoin d'organiser des visites pour se rendre à l'évidence. Le SOS des citoyens des quartiers les moins favorisés est lancé depuis belle lurette. Mais par les temps qui courent, les citoyens des quartiers les plus déshérités ne s'attendent pas de sitôt à la grande toilette. Bien des responsables se sont relayés. Bien des responsables ont pris le taureau par les cornes. Mais rares sont ceux qui ont relevé le défi. Tout nouveau, tout beau. Mais de l'action sur le terrain échoue avant terme!