A fortiori, M. Djoudi annonce un challenge qui ne pourrait être concrétisé sans entreprendre une guerre sans merci contre l'évasion fiscale et l'informel. Le premier argentier du pays a, en effet, affirmé devant les députés, que l'Algérie est «aujourd'hui dans une phase de soutenabilité de la dépense», dans un monde qui préconise l'austérité, tout en considérant que les enjeux futurs sont d'arriver à «augmenter la fiscalité ordinaire », c'est-à-dire celle hors Hydrocarbures. Et de poursuivre : «actuellement, il y a une relative viabilité de la dépense. Maintenant, il faut augmenter, de plus en plus, notre fiscalité non pétrolière. Depuis quelques années, notre fiscalité non pétrolière génère, annuellement, une croissance proche de 20%. Mais, le rythme des dépenses de fonctionnement est plus rapide». Pour le ministre des Finances, «l'enjeu pour l'Algérie est d'arriver, dans les années à venir, à avoir une couverture des dépenses de fonctionnement par la fiscalité non pétrolière, afin de stabiliser les dépenses de fonctionnement». Pour rappel, le déficit budgétaire s'élève aujourd'hui à plus de 3.600 milliards de dinars. Créer de l'activité imposable et lutter contre l'informel pour «réhabiliter» le contribuable Pour aboutir à couvrir les dépenses d'Etat par la fiscalité ordinaire, il faut commencer par créer de l'activité imposable et également lutter contre l'informel. En effet, la majorité des transactions commerciales, plus de 70% selon des chiffres non vérifiables, passent par l'informel. Ceci dit, développer la fiscalité ordinaire passe indubitablement par formater les habitudes, la mentalité algérienne qui va à l'encontre du concept patriotique : le contribuable. Il faut savoir aussi que les rentrées des impositions ordinaires ont augmenté de 25% en 2009. Avec cet essor substantiel, la fiscalité ordinaire est sur la voie d'atteindre environ 1.500 milliards de DA à fin 2010, et ce en dehors de la fiscalité pétrolière qui a été de plus de 2.000 milliards de DA en 2009, selon les chiffres avancés par le département de Djoudi. Aussi, l'administration fiscale algérienne se développe d'une année à l'autre lui conférant «un rôle important» dans le développement de l'économie nationale grâce à une augmentation progressive des recettes fiscales ordinaires. Néanmoins, l'administration fiscale reste confrontée à l'évasion fiscale pour laquelle il est difficile d'avancer des chiffres représentant le manque à gagner pour l'Etat, en raison de l'existence d'un secteur informel. Sur ce registre, il faut lutter contre le phénomène de l'informel avec la mise en place de règles et des pratiques qui puissent cerner les déperditions fiscales, dans le seul souci d'édulcorer les pertes en matière de recettes. Pourquoi le budget de fonctionnement est en perpétuel essor ? D'après l'énoncé de Karim Djoudi, les dépenses de fonctionnement de l'Etat augmentent fondamentalement pour trois raisons. «Premièrement, par ce qu'il y a de plus en plus de postes budgétaires. Pour 2011, près de 58.000 postes budgétaires doivent être crées. La deuxième raison a trait au programme d'équipement, qui nécessite l'augmentation du budget. Et la troisième raison est que l'augmentation des dépenses de fonctionnement de l'Etat est impactée par les salaires, entre autres, le dernier régime indemnitaire des statuts particuliers», a-t-il expliqué. Dans la même optique, le ministre a noté que «la balance des paiements va générer un excédent (budgétaire) sur l'année 2010, dans la mesure où il y a une réduction des importations et une augmentation des exportations». Toutefois, Karim Djoudi s'arrête sur la question de la balance des services : «le questionnement reste sur comment va se comporter la balance des services, c'est à dire comment vont évoluer les importations des services» en 2011, a-t-il encore souligné. Les importations des services sont passées de 4,7 milliards de dollars en 2006 à plus de 11 milliards de dollars en 2008. La hausse des importations de biens et services aura été de 47,8% en 2008. In fine, il faut savoir que les experts financiers sont unanimes à dire que le déficit de l'Etat doit être couvert par la fiscalité ordinaire. Ceci est possible pour notre pays, si le Gouvernement arrive à éliminer les dépenses superflues de la fonction publique, affirment-ils.